enhardir

enhardir
(an-har-dir) v. a.
   Donner de la hardiesse, faire oser. Ce bon succès l'a enhardi.
   Ce discours favorable enhardira mes feux, CORN. Illus. com. II, 6.
   J'ai besoin de vous voir enhardir un amant, TH. CORN. Ariane, I, 4.
   J'y cours de ce pas même, et vous m'enhardissez, VOLT. Sémir. I, 4.
   Républicains ingrats qu'enhardit ma clémence, VOLT. M. de César, I, 3.
   Allons parler au peuple, enhardir les timides, VOLT. Brutus, IV, 7.
   Quelque espoir cependant vient encor m'enhardir, DUCIS Othello, IV, 3.
   Votre longue indulgence A de nos chevaliers enhardi la licence, DELAV. Vêp. sic. II, 2.
   Absolument.
   Loin de faire valoir ses soins et ses peines, il en parlait avec une modestie qui enhardissait à le récompenser mal, FONTEN. Couplet..
   Faire enhardir quelqu'un par, lui faire inspirer de la hardiesse.
   Voyez-vous comme Othon saurait encor se taire, Si je ne l'avais fait enhardir par mon frère ?, CORN. Oth. III, 1.
   S'enhardir, v. réfl. Devenir hardi, oser.
   Je ne l'ai pas traduit si fidèlement, que je ne me sois enhardi plus d'une fois à étendre ou resserrer ses pensées, CORN. Poëme sur les vict. du roi, au lecteur..
   Thésée applaudi à l'infidélité par là s'est enhardi, TH. CORN. Ariane, III, 1.
   Le zèle s'enhardit, l'amour devient furie, VOLT. Oreste, v, 7.
   1. On dit le plus ordinairement enhardir à avec un verbe à l'infinitif ; mais on trouve aussi enhardir de, qui est ancien, et n'a rien d'incorrect.
   2. Vaugelas a dit : " Enhardir est un mot usité de beaucoup, non pas certes des bons auteurs, ni de ceux qui font profession de la pureté de la langue. Il est vrai que nouvellement un de nos écrivains a pris la hardiesse, ou, pour parler comme lui, s'est enhardi d'en user ; mais il ne faut pas l'imiter. " Ainsi qu'on le voit, Corneille était de ceux qui usaient de ce mot, lequel, heureusement, l'a emporté.
   XIIe s.
   E si lor recorda les batailles que il avoit jà faites, e ensi lor cuers enhardi, Machab. II, 15.
   Del saint encens porter el temple s'enhardi, Deus s'en ert [était] cureciez, de liepre le feri, Th. le mart. 74.
   XIIIe s.
   [La dame] Douce doit estre et debonere, Tant que cil soit si enhardis Qu'il soit de li amer espris, Lai du conseil.
   XIVe s.
   Mais garde bien, surtout ne t'enhardi à faire chose où il ait villenie, MACHAUT p. 5.
   Mes par bone esperance d'y aler s'enardit, Girart de Ross. v. 5750.
   L'esprevier se resjoïst et enhardist quant il est tousjours au dessus, Ménagier, III, 2.
   XVe s.
   ....Qui s'enhardissoient d'entreprendre, COMM. III, 12.
   XVIe s.
   Le seigneur de Monique, qui estoit en la meslée, enhardioit ses gens, en donnant à tour de bras, JEAN D'AUTON Annales de Louis XII, 1506-1507, dans LACURNE.
   En 1, et hardi ; provenç. enhardir.

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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  • enhardir — ENHARDIR. v. a. (H est aspirée, et EN s y pron. comme dans Engourdir. ) Rendre hardi, encourager. Enhardir quelqu un à faire une chose. Ce bon succès l avoit extrêmement enhardi. f♛/b] Il s emploie avec le pronom pers. Je me suis enhardi à faire… …   Dictionnaire de l'Académie Française 1798

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