- engendrer
- engendrer 1.(an-jan-dré) v. a.1° Produire par voie de génération ; se dit surtout, au propre, dans le style biblique ou dans le style didactique. Chaque animal engendre son semblable. Abraham engendra Isaac.Absolument.• Il est du tempérament qu'il faut pour engendrer, MOL. Mal. imag. II, 6.Terme de théologie. Dieu le Père, qui est la première personne de la Trinité, engendre le Fils, qui est la personne engendrée.• Nous savons que ce nom de Dieu, si mystérieux et si caché, est le nom de Père entendu en ce sens profond qui le fait concevoir dans l'éternité père d'un fils égal à lui ; et que le nom de son fils est le nom de Verbe, Verbe qu'il engendre éternellement en se contemplant lui-même, qui est l'expression parfaite de la vérité, son image, son fils unique, l'éclat de sa clarté et l'empreinte de sa substance, BOSSUET Hist. II, 6.2° Fig. Causer, occasionner, produire, donner lieu à. Le mauvais air engendre des épidémies. L'oisiveté engendre le vice. La familiarité engendre le mépris.• Puis souvent la colère engendre de bons vers, RÉGNIER Sat. II.• L'abondance augmentait les forces et engendrait les divisions, PERROT D'ABLANCOURT Tacite, liv. I, ch. 1, dans RICHELET.• Car enfin il arrive, ou souvent ou toujours, Que l'aise et le repos engendrent les amours, MAIR. Sophon. I, 4.• Ce sont tous les sons qui peuvent être engendrés de cette harmonie, variés et combinés dans le mouvement qui caractérise chaque passion, CONDILLAC Connaiss. hum. part. II, sect. I, ch. 6.Ne pas engendrer de mélancolie ou la mélancolie, être d'un naturel gai, se livrer aux divertissements. Il ne faut pas engendrer de mélancolie, il faut se tenir gai.• Allons, morbleu ! il ne faut point engendrer de mélancolie, MOL. Méd. m. l. I, 6.3° Terme de géométrie. Produire, décrire, en se mouvant, une ligne, une courbe, etc. Le point qui engendre une cycloïde.4° S'engendrer, v. réfl. Être engendré. Les vers s'engendrent dans les cadavres.• Ce poison s'engendre en Macédoine, VAUGELAS Q. C. 585.• Si je rapporte cette petite histoire de sa jeunesse, c'est pour montrer de combien peu s'engendrent quelquefois les aversions ou les inclinations qui nous dominent toute la vie, D'OLIVET Hist. de l'Acad. t. II, p. 321.XIIe s.• Mar [à mal] fustes engendrez, Ronc. p. 18.XIIIe s.• Onque de celle fame [il] ne put hoir engendrer, Berte, III.• Ou s'il est tel qu'il ne puet engendrier, cil qui est nez en sa meson, tot le sachent li voisin, n'est pas sis fiz, Liv. de just. 58.• Car se tretout li homme ensemble Soixante ans foïr les voloient [les femmes], Jamès hommes n'engenderroient, la Rose, 19785.• Et si pot estre qu'il fu engenrés deus mois ou plus devant le mariage, BEAUMANOIR XVIII, 2.XIVe s.• L'estude de tel livre engendre et embat ou acroist, es cueurs de ceulx qui y entendent, affection et amour au bien publicque, ORESME Eth. Prol..• Science est engendrée par raison, ORESME ib. 176.XVe s.• Si s'en engendrerent et nourrirent en Gascogne, pour ces besognes, plusieurs haines couvertes, dont plusieurs meschefs depuis en naquirent, FROISS. II, II, 2.• Par les grands coups qu'il donnoit à dextre et à senestre, il faisoit engendrer la fumée dont il estoit enclos, Perceforest, t. VI, f° 40.XVIe s.• Elle alla avec elle, portant un visage si pale et desfait, qu'elle estoit plus pour engendrer pitié que concupiscence, MARGUERITE Nouv. XLII.• Et souvent avient qu'une querelle en engendre quatre, LANOUE 248.• Des cendres d'un phoenix s'engendre, dict-on, un ver, MONT. II, 254.• Le vice laisse, comme un ulcere en la chair, une repentance en l'ame, qui tousjours s'esgratigne et s'ensanglante elle mesme ; car la raison efface les aultres tristesses et douleurs, mais elle engendre celle de la repentance, qui est plus griefve, d'autant qu'elle naist au dedans, MONT. III, 259.Provenç. engenrar, engendrar ; espagn. engendrar ; ital. ingenerare ; du latin ingenerare, de in, et generare (voy. génération). L'ancien français avait, du latin ingignere, le verbe engeindre, au parfait j'engenui.————————engendrer 2.(an-jan-dré) v. a.Pourvoir d'un gendre.• Ce beau-père futur craint bien qu'on ne l'engendre, TH. CORN. le Charme de la voix, III, 5.Prendre pour gendre. D. Fernand : Il m'attend comme gendre ? - D.• Gusman : Avec impatience, Et trouve tout en vous tellement à son gré Qu'il voudrait dès demain vous avoir engendré, TH. CORN. Galant doublé, I, 1.S'engendrer, v. réfl. Se donner un gendre.• Ma foi ! je m'engendrais d'une belle manière, MOL. L'Ét. II, 6.En 1, et gendre.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.