- emboucher
- (an-bou-ché) v. a.1° Terme de musique. Appliquer sa bouche à un instrument à vent pour en tirer des sons. Emboucher un cor, une flûte.Fig. et poétiquement. Emboucher la trompette, prendre un ton élevé, sublime.• Nous avons vu l'auteur [Bossuet] emboucher la trompette pendant une moitié de son récit, CHATEAUB. Gén. III, IV, 4.Fig. et familièrement. Emboucher la trompette, dire à tout le monde, ébruiter.2° Terme de manége. Mettre les mors dans la bouche d'un cheval.Choisir le mors qui convient le mieux à un cheval.3° Fig. Instruire d'avance de ce qu'il faut dire, faire le bec. Avant que de l'envoyer, il faut l'emboucher, de peur qu'il ne dise quelque sottise.• Mon diable d'homme, qui avait son petit intérêt dans cette affaire, courut prévenir les aumôniers, et emboucha si bien les bons prêtres que...., J. J. ROUSS. Conf. II.4° Terme de marine. Pénétrer dans une embouchure, en parlant d'un vaisseau.5° S'emboucher, v. réfl. Avoir son embouchure, en parlant des rivières. La Marne s'embouche dans la Seine à six kilomètres de Paris. La Seine s'embouche dans la mer auprès du Havre.XVe s.• Se un voisin s'est approché De ce debat là sans faintise, Chascun en sera embouché, COQUILL. les Droits nouv..XVIe s.• D'un parler sainct, plein de deception, Le faux parjure est tousjours embouché, MAROT IV, 245.• Ses fiers chevaux il attele, et embouche D'escumeux freins leur braveté farouche, DU BELLAY IV, 38, verso..• Et pour ce qu'il y avoit tous-jours quelque canon et arquebuserie qui embouchoient [battaient dans] les portes, D'AUB. Hist. I, 312.• Ce canon de son premier coup emboucha et creva un vertueil [sorte de canon] du fort, D'AUB. ib. III, 21.• Solon luy demanda incontinent s'il y avoit rien de nouveau, et l'estranger, que Thalès avoit embouché, respondit...., AMYOT Solon, 9.• Il envoya quelqu'un de ses familiers vers luy, l'ayant embouché de dire que...., AMYOT Nicias, 46.• Marsyas qui inventa la hanche [l'anche] pour emboucher le hautbois, AMYOT Comment. refrén. la colère, 12.En 1, et bouche.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.