- effleurer
- (è-fleu-ré) v. a.1° Terme d'horticulture. Ôter les fleurs. Effleurer les rosiers.2° N'entamer, ne toucher que la fleur, le duvet, la superficie. Le coup d'épée lui a effleuré la poitrine. Ne faire qu'effleurer la terre en labourant. La barque effleurait le rivage.• Le dieu qui fait aimer prit son temps ; il tira Deux traits de son carquois ; de l'un il entama Le soldat jusqu'au vif ; l'autre effleura la dame, LA FONT. Matr..• La fortune en cela ne vous a pas même effleuré la peau, COSTAR Lett. 149, dans RICHELET.• Il savait que la chaleur entre bien plus avant que la lumière ; celle-ci ne fait qu'effleurer et dorer légèrement la surface, BOSSUET Panég. Saint Franç. de Sales, 1er point..• Vers elle [Vénus] doucement il [Jupiter] incline la tête, Sur sa bouche de rose effleure un doux baiser, DELILLE Én. I.• Elle dit : le nectar coule en l'honneur des dieux ; Didon au même instant de ses lèvres l'effleure, DELILLE ib..• Si quelque souffle harmonieux, Effleurant au hasard la harpe détendue, En tire seulement une note perdue, LAMART. Harm. III, 4.Fig.• Jamais blessant leurs vers, il n'effleura leurs moeurs, BOILEAU Épit. X..• Et j'ai mis votre choix à tel prix que je n'ai pas osé en blesser, pas même en effleurer la liberté, LA BRUY. Disc. à l'Acad..• ....Apprenez, je vous prie, Que mortel quel qu'il fût, ne me dit, de ma vie, Un mot douteux qui pût effleurer mon honneur, REGNARD Joueur, II, 4.3° Ne faire que toucher une question.• Il n'a encore qu'effleuré une si grande matière, BOSSUET Variat. 5.• Ces secrets que les prophètes n'avaient qu'effleurés, BOSSUET Hist. II, 6.• Quelques grands mathématiciens, et principalement MM. Pascal et Huyghens, ont déjà proposé ou résolu des problèmes sur cette matière [le calcul des probabilités] ; mais ils n'ont fait que l'effleurer, et M. Bernoulli l'embrassait dans une plus grande étendue et l'approfondissait beaucoup davantage, FONTEN. Bernoulli..4° Terme de tanneur. Effleurer une peau, c'est, après l'avoir planée et lavée à la rivière, en enlever la fleur ou superficie du cuir du côté où était le poil ou la laine.Terme de menuisier. Dresser le parement des planches qui sont jointes ensemble. On dit aussi affleurer.5° S'effleurer, v. réfl. Être effleuré. De pareils sujets ne s'effleurent pas ; on les traite à fond.XVIe s.• Effleurer [ôter les fleurs], MONET Dict..• De cent membres et visages qu'a chasque chose, j'en prends un tantost à leicher seulement, tantost à efflorer, et parfois à pincer jusqu'à l'os, MONT. I, 376.Ef- pour es- préfixe, et fleur.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.