- dérouter
- (dé-rou-té) v. a.1° Faire perdre le bon chemin. Le lièvre a dérouté les chasseurs et les chiens. Nous étions dans le bon chemin, vous nous avez déroutés.Par extension.• Je lui proposai de nous établir dans une solitude agréable, dans quelque petite maison assez éloignée pour dérouter les importuns, J. J. ROUSS. Confess. V.2° Fig. Faire perdre le fil qu'on tenait, la trace d'une affaire qu'on suivait. Cette réponse le dérouta.• On m'assure que les comédiens ne laisseront pas de donner la pièce au 1er de mars ; il n'y a autre chose à faire qu'à y travailler encore pour dérouter les polissons, VOLT. Lettr. Richelieu, 1er févr. 1773.Rompre les mesures prises par quelqu'un, déconcerter. Cet événement l'a totalement dérouté.• Un conquérant, dis-je, peut dérouter tout, MONTESQ. Espr. X, 4.3° Se dérouter, v. réfl. Perdre la bonne voie. Le chien se dérouta.Fig.• Ils se sont souvent déroutés dans ces vastes pays de l'antiquité, BOSSUET Avert. 6.• On s'y perd [dans cette vie], on s'y déroute comme dans une plaine vaste et inhabitée, où il n'y a ni vallon ni coteau, et où les pas des hommes n'ont point marqué de sentier, BOSSUET dans le Dict. de DOCHEZ..• Au milieu de sa course il s'est arrêté, il s'est dérouté, il a quitté son chemin ; et qui sait quand il le reprendra ?, BOURD. Pensées, t. II, p. 388.XIIIe s.• Mult durement se desrouta Li lievres, qui les chiens douta, Asseiz foï et longuement, Et cil le chassa durement, RUTEB. 290.XIVe s.• Adonc dirent Anglois : nous sommes desconfis ; Cilz sera bien mechant [malheureux] qui plus demourra ci ; Lors se sont desrouté, plusieurs s'en sont fuï, Guesclin. 22584-22583.XVe s.• Si chevaucherent les batailles ainsi rangées tout le jour, sans desrouter, par montagnes et par vallées, FROISS. I, I, 35.• [Les chevaliers Escots] se desroutoient l'un de l'autre et perdoient leur chemin, FROISS. II, II, 17.Dé.... préfixe, et route.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.