dériver

dériver
dériver 1.
(dé-ri-vé) v. n.
Quitter le rivage. Il est temps de partir, dérive !
   Terme de flottage. Écarter des bords d'un ruisseau les bûches qui s'y sont jetées et leur faire enfiler le canal ou la goulette.
   XIIIe s.
   El [elles] font les flueves deriver [déborder], la Rose, 18134.
   La Seine si se deriva [déborda], Chr. fr. mss. de Nangis, sous l'an 1280, dans LACURNE.
   Dé.... préfixe, et rive ; Berry, dériper, dériber, déborder. Ce dériver-ci est composé comme arriver ; le sens êt la forme du Berry témoignent qu'il ne faut pas le confondre avec dériver 2, qui vient de rivus.
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dériver 2.
(dé-ri-vé) v. a.
   Faire sortir les eaux du fil de leur courant, les détourner de leur cours au moyen d'un canal de dérivation.
   Par extension, en termes de médecine, dériver les humeurs, les faire couler d'un côté différent de celui où elles se portaient.
   Fig. Terme de grammaire. Faire provenir. D'où dérivez-vous ce mot-là, c'est-à-dire quelle racine lui donnez-vous ?
   V. n. Être détourné de son lit, en parlant des cours d'eaux. On a pratiqué des rigoles par lesquelles les eaux du fleuve dérivent dans ce canal.
   Fig. Avoir sa cause, prendre son origine. C'est de là que dérivent tous nos malheurs.
   Et maintenant ces deux âmes pieuses, touchées sur la terre du même désir de faire régner les lois, contemplent ensemble à découvert les lois éternelles d'où les nôtres sont dérivées, BOSSUET le Tellier..
   Les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses, MONTESQ. Espr. I, 1.
   Terme de grammaire. Tirer sa formation d'après certaines règles. Le plus grand nombre des mots français dérivent du latin.
   Se dériver, v. réfl. Être dérivé. Ces eaux se dérivent d'une rivière. Ces mots se dérivent aisément les uns des autres.
   XIIe s.
   Cant il font paroles d'exhortation, soi ellievent par dedens, de ce ke la grasce de predication est parmi eaz [eux] derivée, Job, 492.
   XIIIe s.
   Car Diex li biaus outre mesure, Quant il biauté mist en nature, Il en i fist une fontaine Tousjors corant et tousjors plaine, De qui toute biauté desrive, la Rose, 16439.
   XIVe s.
   Se le non de desattrempance est dit et derive de l'autre ou au contraire, ORESME Eth. 99.
   Et pour ce son nom est derivé de meur et en differe peu, ORESME ib. 33.
   Accident est derivé et despent de substance, ORESME ib. VI (10)..
   XVIe s.
   Ils avoient bien accoustumé de tout temps de prendre soigneusement la protection des villes extraittes et derivées de la leur, AMYOT Timol. 3.
   Pour deriver toute la suspicion du faict sur Agesilaus, AMYOT Agésil. 38.
   Sur luy se deriva partie de la haine que l'on portoit à ce Fulvius, AMYOT Gracques, 44.
   Tout ainsi comme du chef sourdent et se derivent les nerfs, instruments du sentiment et du mouvement, AMYOT Moral. Epît. p. 7.
   La matiere sera derivée en ouvrant les veines proches de la playe, PARÉ VIII, 14.
   Souhaitant que cette esmotion chaleureuse [des guerres civiles] qui est parmy nous se peust deriver à quelque guerre voisine, MONT. III, 99.
   Provenç. deribar, derivar, derrivar ; espagn. derivar ; ital. derivare ; du latin derivare, de de, et rivus, ruisseau.
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dériver 3.
(dé-ri-vé) v. n.
   Terme de navigation. Suivre le courant, aller à la dérive, en parlant d'un bateau.
   Terme de marine. S'écarter plus ou moins de sa route par l'effet des vents ou des courants. Un vaisseau se laisse dériver, lorsqu'il s'abandonne aux vents et aux flots. J'avais un vaisseau dont je me défiais, parce qu'il dérivait beaucoup ; cela m'obligeait à ne rien négliger pour me tenir au vent des autres vaisseaux de la division dont j'avais la tête, Mémoires de Villette, 1678, dans JAL.
   Prends garde, jeune pilote, que le vaisseau ne dérive, J. J. ROUSS. Ém. I.
   Je ne tardai pas à juger que nous dérivions à l'ouest, J. J. ROUSS. ib. V.
   Sur les mers irritées, Dérivent, démâtées, Nefs par les nefs heurtées, V. HUGO Orient. 5.
   XVIe s.
   Est deffendu à tous batteliers de laisser driver leurs bateaux, Nouv. coutum. génér. t. I, p. 313.
   Nous le voyons n'avoir eu affaire qu'à se laisser deriver au courant et à la favorable marée de sa prosperité, D'AUB. Hist. Préf. 6.
   Enfin, les Turcs estans sortis du destroit, Hali qui engageoit tousjours Pertan, derive l'armée ennemie un peu au large, D'AUB. ib. II, 80.
   Il y vouloit faire driver par la riviere quelques bateaux, D'AUB. ib. III, 30.
   Dérive.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
3. DÉRIVER. Ajoutez :
   Terme d'artillerie. Se dit de l'action d'un projectile qui s'écarte du plan de tir en cédant aux causes qui produisent la dérivation.
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dériver 4.
(dé-ri-vé) v. a.
Limer la rivure d'un clou pour le faire sortir de son trou.
   Se dériver, perdre sa rivure.
   Terme d'horlogerie. Dériver une roue, la chasser de son pivot.
   Dé.... préfixe, et river.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
   4. DÉRIVER. Ajoutez : - HIST. XIIIe s.
   Les dens [une femme défigurée par le feu ardent] avoit si desrivez, Les gencives si decharnées Et les narines si chevées [creusées], Que tant par est espoantable Qu'ele sembloit un vif deable, GAUTIER DE COINSY les Miracles de la Sainte Vierge, p. 165, publiés par l'abbé Poquet.

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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  • dériver — 1. dériver [ derive ] v. tr. <conjug. : 1> • 1120; lat. derivare, de rivus « ruisseau » I ♦ V. tr. dir. 1 ♦ Détourner (des eaux) de leur cours pour leur donner une nouvelle direction. ⇒ détourner, dévier. Dériver un cours d eau, les eaux d… …   Encyclopédie Universelle

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  • dériver — 001) vt. , ôter les rivets : dérivâ (Albanais). 2) vt. , détourner, dévier, (un ruisseau) ; vi. , changer de cours (ep. d un ruisseau) ; vi. , changer de direction, dévier, se détourner, tourner ; partir à la dérive : dévrî, C. => vrî… …   Dictionnaire Français-Savoyard

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