- démonter
- (dé-mon-té) v. a.1° Renverser quelqu'un de sa monture. Ce cheval a démonté son cavalier, l'a jeté par terre. Dans la joute, son adversaire le démonta.Démonter quelqu'un, lui ôter sa monture. On démonta la cavalerie pour atteler les chevaux aux canons. Il a rencontré des voleurs qui l'ont démonté.Démonter un capitaine de vaisseau, lui ôter le commandement du vaisseau qu'il montait.2° Désassembler les différentes pièces dont une chose est composée. Démonter des ressorts, une machine, une armoire.• Il fit construire les vaisseaux en sorte qu'on les pouvait démonter et charger les pièces sur des chariots, VAUGEL. Q. C. dans RICHELET.• Le moindre atome qui viendrait à se déranger démonterait toute la nature, FÉN. Exist. 18.• Démétrius fit inhumer ses morts, panser ses blessés, et réparer avec toute la diligence possible les machines qui avaient été démontées et mises hors de service, ROLLIN Hist. anc. Oeuvres, t. VII, p. 235, dans POUGENS.Démonter des pierreries, des diamants, les séparer de leur chaton, de la garniture qui les sertit.• Je cherche non portrait ; j'ai besoin de quelques petits diamants qui en ornent la boîte ; je l'ai prise pour les envoyer démonter à Paris, MARIVAUX Surpr. de l'amour, II, 7.Démonter un canon, l'ôter de dessus son affût.Terme de typographie. Démonter un composteur, en dévisser le talon mobile, pour en modifier la justification.Familièrement et par exagération. Bâiller à se démonter la mâchoire, faire de grands bâillements.3° Démonter une horloge, un tournebroche, faire qu'ils ne soient plus montés et qu'il faille ou en tendre les ressorts, ou en hausser les poids pour qu'ils aillent de nouveau.4° Terme de guerre. Démonter une batterie, la mettre, à coups de canon, hors d'état de servir.Fig. Démonter la batterie de quelqu'un, faire avorter ses projets.• On annonce, au moment qu'il parle, un cavalier qui, de sa seule présence, démonte la batterie de l'homme de ville, LA BRUY. V.5° Terme de chasse. Démonter une perdrix, lui casser une aile d'un coup de fusil.6° Se démonter le corps, donner à son corps des attitudes forcées.Se démonter le visage, donner à son visage l'expression que l'on veut.• Le grand jongleur se frappe les cuisses, se démonte le visage, hurle...., CHATEAUB. Amér. 160.Fig.• Je n'eus pas la docilité de démonter mon esprit pour vous écrire, SÉV. Lett. 6 juillet 1670.7° Fig. Déranger.• Ces paroles démontent toutes vos espérances, D'ABLANC. Lucien, t. I, dans RICHELET.• Tant il est difficile de ne point démonter un jugement de son assiette, PASC. Imag. 7.Déconcerter, mettre hors d'état d'agir, de répondre. Cette objection le démonta tout à fait.Absolument. Voilà une nouvelle qui démonte.Mettre hors de soi.• Votre impudence enfin m'étonne et me démonte, HAUTEROCHE Appar. tromp. III, sc. dern..• Rougissez d'être esclave de la coutume, au point d'être démontée de ce que votre fils ne suit pas le train ordinaire, qui l'aurait sûrement dérangé, MAINTENON Lett. à Mme de Caylus, t. VI, p. 90, dans POUGENS.Révolter.• Ne vous voilàt-il pas ? j'aime tous vos amis.... Et moi je n'en ai qu'un que j'aime pour mon compte ; Et vous le détestez : oh ! cela me démonte, GRESSET le Méchant, I, 4.8° Se démonter, v. réfl. Être fait de manière à être démonté. Cela se démonte.Se disjoindre. Sous l'effort du vent, les ailes du moulin se démontaient.Fig. et familièrement. La machine commence à se démonter, se dit de tout ce qui commence à se détraquer, et particulièrement d'une personne qui, de bien portante qu'elle était, devient valétudinaire.Son visage se démonte, il donne à son visage l'expression qu'il veut.Fig. Se déranger.• Les vieilles cervelles se démontent comme les jeunes, MOL. Mal. imag. 1er intermède, sc. 1.• Toujours de plus en plus son cerveau se démonte, REGNARD Ménechm. III, 7.• Mais ma tante.... à propos, je ris de son effroi ; Qu'une tête de femme aisément se démonte !, LANOUE Coquette, IV, 1.Être déconcerté, être hors de soi.• Ma femme, sans se démonter et sans se déranger, me dit de prendre une chaise, MARIVAUX Paysan parv. t. III, 6e part. p. 116, dans POUGENS.• Quoi ! ce n'est que cela ? vous vous démontez pour bien peu de chose, D'ALLAINVAL Éc. des bourg. III, 1.XIIIe s.• Mais de tant lor vait malement Que karesme i est desmontez, BARBAZAN Fabliaux, t. IV, p. 94.XIVe s.• Quant vint à l'aprochier, ez les vous desmontez ; à pié sont descendus les escus acolez, Guesclin. 11285.XVe s.• Il est en bref en la basse cour de son hostel descendu, où il trouva un valet qui le demonta de son cheval [l'aida à descendre et prit sa monture], LOUIS XI Nouv. XVI.XVIe s.• Je ne desmonte pas volontiers quand je suis à cheval, MONT. I, 360.• J'ay veu un homme donner carriere à deux pieds sur sa selle, demonter sa selle, et au retour la relever, MONT. I, 368.• Ils ont loy de desmonter le premier passant, en luy donnant leur cheval recreu, MONT. III, 96.• Je louerois une ame à divers estages, qui sçache se tendre et se desmonter, MONT. III, 278.• Je me tiens à cheval sans desmonter, huict et dix heures, MONT. IV, 104.• Ces 36 canons du dehors desmonterent 60 pieces du dedans, D'AUB. Hist. I, 28.Dé.... préfixe, et monter ; provenç. et espagn. desmontar ; catal. desmuntar ; ital. dismontare.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.