- délaisser
- (dé-lê-sé) v. a.1° Mettre en abandon, laisser sans secours.• Ô Dieux ! dans ce péril m'auriez-vous délaissée ?, RAC. Mithr. IV, 1.• Vous me délaissez, mon Dieu, mais je ne vous délaisserai point, BOURDAL. Exhort. sur la prière de J. C..2° Terme de jurisprudence. Renoncer à la possession d'une chose.Ne pas continuer une procédure. Délaisser des poursuites.3° Se délaisser, v. réfl. S'abandonner l'un l'autre. Dans la retraite de Moscou, les hommes se délaissaient l'un l'autre.Être délaissé. De tels devoirs ne se délaissent pas.XIIe s.• Tant que constreinz par maintes feiz De ses contes, de ses feeilz, Qu'en lui ne fust si delaisée Ne si perie sa lignée, Preïst femme, dunt eüst eir...., BENOÎT II, 8858.XIIIe s.• .... Et prenoient aprentiz, et puis au chief de trois semaines ou d'un mois revendoient et delessoient leur forges et revenoient en l'estat de devant, Liv. des mét. 360.• Puisque ajournemens est fes sor aucune de ces cozes, les parties ne les poent pas delaissier sans le [la] volenté du segneur, BEAUMANOIR 55.• Et la chose otreiée et faite en court ne peut estre deslaissiée ne desfaite par raison, se ce n'est par la volenté de toutes les parties, Ass. de Jérus. I, 157.XIVe s.• Et delesseron à parler à present de justice legal qui est selon toute vertu, ORESME Eth. 144.• Et est verité que un homme bon geometrien auroit plus tost oublié sa geometrie qu'il n'auroit oublié le bien ou delessié à bien fere, ORESME ib. 24.• Et pour ce il aiment tantost et tantost delessent à amer, ORESME ib. 24.• Les religions des diex avoient esté delessées ou mal à point coustivées [cultivées], BERCHEURE f° 17, verso..XVe s.• Nonobstant ce, le sire de Beaumont ne s'en voulut oncques deporter ni delaisser, si eut faite son entreprise, FROISS. I, I, 88.• Et le desbat qu'ay et querelle Vers elle, je veuil delaisser, Et tout courroux lui pardonner, CH. D'ORL. 41.• Foulz la poursuit [la cour] et saiges la delesse, E. DESCH. De l'intér. des cours..• Car en servant y sont maint envieilli Sanz bien avoir ; leur chevance ont perie, Dieu delaissié ; l'espoir leur est failli...., E. DESCH. ib..• Qu'il ne falloit plus attendre et qu'il ne delaisseroit point l'assault du matin, comme il avoit esté conclud, COMM. II, 13.XVIe s.• Les herbes estoyent sans verdure, les rivreres taryes, les paoures poissons delaissez de leurs propres elemens, vaguans et crians par la terre horriblement, RAB. Pant. II, 2.• Encore que tout nous defaille, toutesfois le seigneur Dieu jamais ne nous delairra, CALV. Instit. 733.• Vostre Dieu ne vous delaissera pas, CALV. ib. 740.• J'ay delaissé par les herbeux pastis Boeufs et brebis et leurs aigneaux petits, MAROT I, 313.• Toutefois le mari ne delaissa à jouer de sa flute, comme il souloit, DESPER. Contes, CXV.• Il se trouva delaissé de tout le monde en sa vieillesse, AMYOT Péric. 36.• On fut tout esbahy qu'il delaissa et quitta soudainement toute entremise du gouvernement des affaires de la chose publique, AMYOT Lucull. 77.• La plus part des honneurs qui luy furent alors ordonnez, par traict de temps et changement des choses qui sont depuis survenues, ont esté delaissez, AMYOT Aratus, 63.Dé.... préfixe, et laisser ; provenç. delaissar ; anc. espagn. delessar.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREDÉLAISSER. Ajoutez :4° Substantivement. Le délaisser, action de délaisser.• La saison des chaleurs augmente le délaisser de la cité, CHATEAUBR. Mém. d'outre-tombe (éd. de Bruxelles), t. VI, Promenade, mon neveu Christian de Chateaubriand..
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.