- dégradation
- dégradation 1.(dé-gra-da-sion ; en poésie, de cinq syllabes) s. f.1° Destitution infamante d'un grade, d'une dignité, d'une qualité. Dégradation militaire. Aucune peine infamante ne peut être exécutée contre un membre de la Légion d'honneur, sans que d'abord il n'ait subi la dégradation.Dégradation civique, peine infamante qui consiste dans la privation de certains droits civils et politiques.Terme d'église. Censure par laquelle un ecclésiastique, à cause de quelque faute considérable, est privé pour toujours de l'exercice de son ordre et du bénéfice ecclésiastique.2° Fig. Avilissement. La dégradation des âmes est une suite de la servitude.• Tel est le sort de ces malheureux connus à la côte de Coromandel sous le nom de parias ; leur dégradation est bien plus entière au Malabar, qui n'a pas été asservi par le Mogol et où on les appelle pouliats, RAYNAL Hist. phil. I, 8.Se dit aussi des choses.• La dégradation du goût, de la couleur, de la composition, des caractères, de l'expression, du dessin, a suivi pas à pas la dégradation des moeurs, DIDER. Salon de 1765, Oeuvres, t. XIII, p. 43, dans POUGENS..3° Acte duquel résulte la détérioration d'une chose. La dégradation des monuments publics est prévue par la loi.Terme de palais. Dégradation de biens, dommages et altération qui se font dans les terres, les bois ou les bâtiments.Terme de géologie. Action destructive très lente, mais continuelle, à laquelle sont soumises les roches, les montagnes, les terres des continents.État de délabrement d'une chose par une cause quelconque. La dégradation de ce mur est telle qu'il menace ruine.4° Terme de pathologie. Arrêt de développement, aberration d'évolution du corps vivant, soit partielle, soit générale, soit acquise, soit héréditaire.XVIe s.• Par degradation d'honneur, confiscation d'estat, de biens, et confinement, CARL. II, 6.• Qu'ils meriteroient tous deux une honteuse degradation d'armes et de tout honneur, CARL. VI, 13.Dégrader 1 ; provenç. desgradatio ; espagn. degradacion ; ital. degradazione.————————dégradation 2.(dé-gra-da-sion) s. f.Le fait de présenter des degrés successifs.Terme de physique. Diminution progressive de la lumière, des ombres, des couleurs.• Il semble que, m'imaginant comme des bandes colorées qui traversent en tout sens toutes les nations d'un continent, je vois les langues, les moeurs, les figures mêmes former une suite de dégradations sensibles ; chaque nation est la nuance entre les nations ses voisines, TURGOT Plan du 1er disc. sur l'hist. universelle..• La loi de la dégradation de la lumière dans le passage de la partie obscure [de la lune] à sa partie éclairée, LA PLACE Expos. I, 5.Terme de peinture. Nom donné à de certains ménagements des jours, des ombres et des teintes, suivant les degrés d'éloignement. Ce peintre entend bien la dégradation des ombres.• Pour former ce vif coloris, ces distributions de lumières, ces dégradations de couleurs, FÉN. Exist. 8.• La perspective approche les parties des corps ou les fait fuir, par la seule dégradation de leurs grandeurs, DIDEROT Ess. sur la peinture, ch. 3.• Point de plans, point de dégradation, point d'air entre les figures, DIDEROT Salon de 1767, Oeuvres, t. XV, p. 70, dans POUGENS.• Dans la succession de nos penchants, comme dans une bonne dégradation de couleurs, J. J. ROUSS. Ém. V.Dégrader 2.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.