- déferrer
- (dé-fê-ré) v. a.1° Ôter une ferrure, le fer appliqué sur un objet. Déferrer une caisse, un lacet.Ôter le fer du pied d'un cheval, d'un mulet.• Il donna ordre de déferrer quelques-uns des chevaux, HAMILT. Gramm. 11.Fig. et familièrement, déconcerter, interdire. C'est un homme qu'on déferre aisément.• Il se fit une huée qui déferra le témoin, D'ABLANC. Apophth. dans RICHELET.2° Terme de marine. Laisser le fer ou les fers du navire [l'ancre ou les ancres], les abandonner ou en coupant les câbles ou en les filant par le bout, JAL.3° V. n. Dégaîner, tirer l'épée.• Quand il faut déferrer, vous avez belle peur, HAUTEROCHE Deuil, sc. 9.Il n'est plus usité en ce sens. On dit dégaîner.4° Se déferrer, v. réfl. Perdre son fer. Ce cheval s'est déferré. Ce lacet se déferre.Fig. Se déconcerter.• Quoi que l'on fasse enfin pour l'empêcher d'entrer, Il monte effrontément et, sans se déferrer, Entre en marquis, MONTFLEURY Fem. juge et part. I, 2.XIIe s.• Sun mautalent e s'ire li reis mustre [montre] e desferre, Th. le mart. 63.XIIIe s.• Il deit faire dire par son conseil ou seignor, se il est en fers ou en liens, que il le face desferer ou deslier, Ass. de J. 151.XIVe s.• Mais s'il advient qu'il [mon cheval] se defferre, Dix hommes faut quant on le ferre, MACHAULT p. 81.XVe s.• Le sire de Hangest se deferra du glaive [qui l'avait blessé], et entra dedans les fossés, FROISS. II, II, 66.• Le roy le fist defferrer [sortir de prison], COMM. IV, 7.XVIe s.• Ils se deferreront aussi peu aux regles de leur langage, que le meilleur maistre ez arts de France, MONT. I, 188.• Un cheval encloué ou deferré par les chemins, ou qui se fait piquer à tous les pas, et cent mille autres malheurs qui arrivent, DESPER. Contes, LXXI.Dé.... préfixe, et fer ; provenç. desferrar ; espagn. desherrar ; ital. disferrare.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.