- découdre
- (dé-kou-dr'), je découds, tu découds, il découd, nous décousons, vous décousez, ils décousent ; je décousais ; je décousis ; je découdrai ; je découdrais ; découds, qu'il découse, décousons, décousez, qu'ils décousent ; que je découse, que nous décousions ; que je décousisse ; décousant ; décousu, v. a.1° Défaire une couture, ce qui est cousu. Découdre une doublure, un habit.Absolument.• Ayant passé la plus grande partie de la nuit à coudre et à découdre il se coucha dans le lit ou dormaient Ragotin et la Rancune, SCARRON Rom. com. 2e part. ch. 9.Terme de marine. Déclouer quelque partie du bordage qu'on lève pour en visiter les défauts. Découdre un bordage.2° Terme de chasse. Déchirer, lorsqu'il est question des plaies qu'un sanglier fait au ventre d'un chien ou d'un homme avec ses défenses.• Le sanglier, rappelant les restes de sa vie, Vient à lui [archer], le découd, meurt vengé sur son corps, LA FONT. Fabl. VIII, 27.3° V. n. Familièrement, en découdre, se battre, lutter, contester, disputer. Voyez, l'ennemi s'avance, nous aurons à en découdre. Il veut plaider, il faut en découdre.• Encore qu'il eût fait mine d'en vouloir découdre, SÉV. 277.• Il lui a fallu [à M. de Vendôme] se rendre au sentiment de ceux qui opinaient à passer l'Escaut pour éviter de combattre ; et c'est alors qu'ils y ont été obligés, comme Son Altesse le leur avait prédit, leur disant que, toutes les fois qu'ils marqueront à M. le prince Eugène d'éviter d'en découdre, il les y obligera malgré eux, SAINT-SIMON 204, 224.4° Se découdre, v. réfl. Se détacher par les coutures. Cette doublure se découd.Fig. Leur amitié se découdra bientôt, ils se brouilleront. Les affaires se décousent, commencent à se découdre, elles vont mal.XIe s.• Le blanc haubert [il] lui ad descust au corps, Ch. de Rol. CXLIII.• Ne valt la coiffe un viez gant descosu, Que la cervele n'en ait jus espandu, Bat. d'Aleschans, V. 1271.XIVe s.• Les aguilles [ayant été avalées par les loups] descouderont et percheront [perceront] les boyaulx, et seront treuvez les leus [loups] tous mors, tout parmy le bois, Modus, f° LXX.XVe s.• Si ne dois, tant pour ton bien propre que pour aultrui paix, tant te descoudre, quand indignacion des princes fait moult à craindre, G. CHASTEL Expos. sur verité mal prise..XVIe s.• Cestuy Gylippus descousut, par dessoubz, les coustures des sacs où l'argent estoit, et en tira une bonne somme, AMYOT Lysand. 31.• Un parler desreglé, descousu et hardy, MONT. I, 191.• L'unique et principale amitié descout toutes aultres obligations, MONT. I, 217.• Platon n'est qu'un poëte descousu, MONT. II, 280.• Le peuple estoit descousu [divisé, désuni], MONT. III, 84.• Le premier serment de son sacre fut de n'espouser aucun estranger, bien que, à cause des debtes et divisions du roiaume, elle entreteint quelque traitté avec le roi d'Espagne, pour descoudre sans deschirer, D'AUB. Hist. I, 182.• Ceux qui venoient à pieces descousues, nouveaux soldats, furent aisement enfoncez par les gardes de Martigues, D'AUB. ib. I, 266.• Quand ils sceurent que cet accord descoudroit la ligue des chrestiens, D'AUB. ib. II, 201.• Le sentiment de cette trame descousit (sans dechirer) l'amitié de ce prince vers lui, D'AUB. ib. II, 233.• S'aller frotter avec des trouppes descousues à une armée fraiche et gaillarde, D'AUB. ib. II, 292.• Le fort, se voiant decousu [isolé] de son secours, après quelque batrie se rendit, D'AUB. ib. III, 321.• J'espere que vous estes restabli de la blessure que vous receutes à Coutras, combattant si vaillamment à mon costé ; et si ce est, comme je l'espere, ne faites faulte (car, Dieu aydant, dans peu nous aurons à decoudre, et ainsy grand besoin de vos services) de partir aussi tost, Lett. de HENRY IV, Bulletin du Comité de la langue, t. III, n° 8, p. 420.• Le comte le plaignit, voyant que toutes ses affaires se descousoient ainsi, Mém. sur du Guesclin, ch. 18.Dé.... préfixe, et coudre ; picard, dékeudre ; provenç. et espagn. descoser ; portug. descozer ; ital. scucire.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.