- décharge
- (dé-char-j') s. f.1° Action de décharger des marchandises, des ballots, etc. placés sur une voiture, un bateau, une bête de somme. Faire la décharge des marchandises, des balles, des colis.2° Action de diminuer la charge, le faix. La décharge d'un plancher.Terme d'architecture. Pièce de bois posée obliquement dans une cloison ou dans un cintre pour diminuer la charge du point d'appui.Terme de serrurerie. Barre de fer posée obliquement dans l'assemblage d'une grille, ou placée carrément dans son châssis.3° Action de tirer à la fois plusieurs armes à feu. Décharge de mousqueterie, d'artillerie.• Pendant qu'avec un air assuré il s'avance pour recevoir la parole de ces braves gens, ceux-ci, toujours en garde, craignent la surprise de quelque nouvelle attaque ; leur effroyable décharge met les nôtres en furie, BOSSUET Louis de Bourbon.• L'infanterie espagnole qui s'ouvrait pour laisser partir la décharge de 18 canons, VOLT. Louis XIV, 3.• [Les soldats] ébranlent la solitude par de pesantes décharges, CHATEAUB. Natch. I, 98.• Cependant l'empereur écoute encore ; le bruit augmente : Est-ce donc une bataille ? s'écrie-t-il ; chaque décharge le déchire, car il ne s'agissait plus pour lui de conquérir, mais de conserver, SÉGUR Hist. de Nap. IX, 2.Familièrement. Une décharge de coups de bâton, une bastonnade.4° Ouverture par laquelle on donne issue aux eaux d'un étang, d'un bassin. Pratiquer une décharge.Tuyau de décharge, tuyau par lequel s'écoulent les eaux d'un bassin, d'un canal.5° Réservoir destiné à recevoir le trop-plein d'une rivière, d'une fontaine, d'une citerne.• Les lacs avaient leurs décharges préparées, BOSSUET Hist. III, 3.Fig. Décharge d'humeurs, écoulement des humeurs du corps.Terme de fauconnerie. Évacuation d'un héron qui, fuyant, vomit pour s'alléger.6° Lieu d'une maison où l'on serre ce qui n'est pas d'un usage ordinaire. Nous avons près du cellier une décharge très spacieuse.• Rien ne convenait mieux à M. le duc que d'avoir la maison de la Touanne pour en faire une décharge à son château de St-Maur, quand il y était avec Mme la duchesse et bien du monde, SAINT-SIMON 99, 54.On dit dans le même sens : pièce de décharge.7° Déblais extraits d'un puits ou d'une tranchée.Terme de construction. Lieu où l'on décharge les décombres.Trou dans lequel on met les déblais provenus du ratissage d'un jardin.Décharge publique, lieu où tout le monde peut porter des déblais.8° Terme de jurisprudence. Acte de quittance en libération d'une dette. Obtenir quittance et décharge. Je vous donne décharge de ce que vous me deviez. [Fouquet] a dit des merveilles, et comme le chancelier lui disait : " Avez-vous eu votre décharge de l'emploi de cette somme ? " Il a dit : " Oui, monsieur, mais ç'a été conjointement avec d'autres affaires, " qu'il a marquées et qui viendront en leur temps. " Mais, a dit M. le chancelier, quand vous avez eu vos décharges, vous n'aviez pas encore fait la dépense ? - Il est vrai, a-t-il dit, mais les sommes étaient destinées, " SÉV. à Pompone, 28 nov. 1664.Terme de commerce. Porter une somme en décharge, l'inscrire comme reçue.Payer tant à la décharge de quelqu'un, à la décharge d'un compte, payer sur ce qui est dû par quelqu'un, sur ce qui est porté en compte.• On impute à un débiteur le payement que sa caution fait à sa décharge, BOSSUET Var. 12.Terme d'orfévre. Poinçon qui, appliqué sur une pièce d'argenterie, montre que les droits ont été acquittés.9° Soulagement, allégement. C'est une décharge considérable pour l'État. Le roi notre maître pourrait en partie payer secrètement la solde, à la décharge de S.• M. Catholique, si l'Espagne n'en pouvait porter la dépense, FÉN. t. XXII, p. 480.• Il ne faut pas pour cela demander votre décharge [demander d'être déchargé de vos fonctions], BOSSUET Lettr. abb. 91.• C'est autre chose de parler de ses peines par pure décharge, BOSSUET Lettr. Corn. 106.• Il faut craindre de faire de la confession une décharge de coeur sans se corriger, FÉN. t. XVII, p. 533.• Ces maux présents sont à la décharge de l'avenir, J. J. ROUSS. Ém. II.La décharge de la conscience, l'acquit, le soulagement de la conscience. Je dois avouer pour la décharge de ma conscience que....10° Terme de jurisprudence criminelle. Témoignages, preuves favorables à un accusé. Il n'a rien dit à la décharge de l'accusé. Témoins à décharge.• Pour s'écrier d'un triste et pitoyable accent : Qu'on sauve Bélisaire et qu'il est innocent, Qu'elle doit sa décharge au remords qui la presse, ROTROU Bélis. V, 7.11° Terme d'imprimerie. Feuille de papier qu'on presse sur une forme pour en sécher les caractères.XVIe s.• De leur excrements mesmes et de leur descharge nous tirons nos plus riches ornements et parfums, MONT. II, 204.• Je suis le but, la descharge commune De tous les coups de ton bras furieux, LA BOÉTIE 517.• ... Aultres douze, qui dudit lieu, portoient leur descharge [la charge apportée par les douze premiers chevaux] à Bouloigne, CARL. III, 28.• Solon appella l'abolition des debtes, seisachtheion, qui vault autant à dire comme descharge, AMYOT Solon, 23.• Sylla respondit pour sa descharge, que...., AMYOT Sylla, 51.• Concluoit que cela se devroit faire pour la descharge de la conscience du magistrat et des gens d'eglise, NOEL DU FAIL Contes d'Eutrap. ch. IX..Voy. décharger.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREDÉCHARGE. Ajoutez :12° Terme de contributions directes. Action de retirer à un contribuable une imposition, quand il a été imposé pour un bien qu'il n'a pas.13° Terme de turf. Allégement, en faveur d'un cheval, d'une partie du poids exigé des autres chevaux.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.