- amener
- (a-me-né ; se conjugue comme mener) v. a.1° Mener vers. Je l'amènerai dîner chez vous. Amène-le devant nous. Cet ingénieur amena les eaux de fort loin dans la ville.• Le lapin ne fait sortir ses petits de leur retraite pour les amener en dehors que quand ils sont tout élevés, BUFF. Lapin..• Quels motifs jusqu'ici peuvent nous l'amener ?, CORN. Sertor. I, 2.• Hélas ! qui peut savoir le destin qui m'amène ?, RAC. Andr. I, 1.Mandat d'amener, ordre de comparaître devant un juge.2° Fig. Amener quelqu'un à une opinion, à un sentiment, faire qu'il l'adopte. Il amena les autres à ses sentiments.• L'amour où je voulais amener sa tendresse, RAC. Brit. IV, 2.• A quel excès d'amour m'avez-vous amenée !, RAC. Bérén. IV, 5.• Jouis de mes travaux, mais crains d'empoisonner Ce bonheur difficile où j'ai su t'amener, VOLT. Alz. I, 4.Amener quelqu'un à faire une chose, à prendre un parti, etc.3° Tirer à soi. Il amène à lui tout le tapis. L'accoucheuse a amené un enfant fort et bien portant [du sein de la mère].4° En termes de marine, abaisser, faire descendre.• Enfin, nous amenâmes la voile, CHATEAUB. Itin. II, 18.Amener pavillon, et, absolument, amener, se rendre.5° Introduire, donner occasion à. Ce sont les jeunes gens et les femmes qui amènent les modes. C'est vous qui avez amené l'entretien. Les brusques changements amènent les maladies.Amener un incident, une reconnaissance, un dénoûment, les préparer avec art. Il a très bien amené cette comparaison, il l'a présentée d'une manière heureuse et naturelle.6° Terme de jeu de dé, de trictrac. Amener beset, double deux. sonnez, double six.XIe s.• E s'il pot dedenz un an e un jur trover le larun e amener à la justice..., Lois de Guill. 4.• Diz blanches mules fist amener Marsiles, Ch. de Rol. VII.XIIe s.• Et vint ostages qui ci sunt amenez, Ronc. p. 31.• On lui amene un destrier de Ongrie, ib. p. 55.• Si m'ament [qu'il m'amène] Aude, qui tant a le vis clair, ib. p. 157.• Tant qu'[il] ait ocis celui qui sa terre lui art, Ou il l'en amaint pris en chaaine ou en hart, Sax. XIX.• Et sainz Pols ne se repentivet [repentait] mie de ceu k'il ses disciples avoit ameneiz à tristece, ST. BERN. 564.XIIIe s.• Pour la raison de ce qu'o moi [je] l'aiamenée [la terre], Berte, XVI.• Et je fui amenée en la cit de Paris, ib. XXX.• Qu'ele amaint, s'ele peut, ou Rainfroy ou Heudri, ib. LXXI.• Ou Heudri ou Rainfroi [j'] en amenrai o mi [avec moi], ib. LXXI.• En leur galies monterent et en amenerent avec eux le bon conte Perron de Bretaingne, JOINV. 249.• Nous l'amenames à la meson, là où le roy et la royne et touz les barons la reçurent moult honorablement, JOINV. 212.XVe s.• Là une anesse trouverez Liée, vous la deslierez, Et la m'amarrez maintenant, la Pass. de N. S. J. C.• Ils trouverent les nefs et les vaisseaux tous prests que on leur avoit amenés d'Angleterre, FROISS. I, I, 29.• Il ameine avec lui grant monde pour quelque occasion de guerre, COMM. VI, 3.XVIe s.• Et me semble qu'il n'en faudra point amener [produire] de grandes preuves, LANOUE 147.• Les propres parents ne peuvent demeurer longtemps ensemble, sans entrer en des debats, qui après les amenent aux armes, LANOUE 247.• Estant fort, vous amenez vos ennemis à raison bien tost, soit par victoire ou composition, LANOUE 416.• En suivant le fleuve, on abonderoit de toutes provisions necessaires qui s'ameneroient par icelui, LANOUE 422.• Comme ceux de la caraque lui commanderent de ameiner, il abat et amure sa grand voile tout d'un coup, D'AUB. Hist. II, 50.• Les Portugais ne crurent pas qu'ils osassent parler à eux jusqu'à ce qu'ils crierent ameine, D'AUB. ib. II, 208.• Voyla cinq esclaves, mange-les, et nous t'en amerrons davantage, MONT. I, 129.• Il desfeit et meit en pieces dix mille barbares, et en amena très grande quantité de butin, AMYOT P. Aem. 13.À (voy. à) et mener ; bourguig. emené ; Berry, j'amerrai, j'amènerai (archaïsme) ; provenç. amenar.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.