- débauche
- (dé-bô-ch') s. f.1° Excès condamnable dans le boire et le manger.• Verville fut un grand quart d'heure à réveiller son valet breton, qui avait fait la débauche, SCARRON Roman com. 1re part. ch. 15.• Et tu prétends, ivrogne, que les choses aillent toujours de même ? ... que j'endure éternellement tes insolences et tes débauches ?, MOL. Médecin malgré lui, I, 1.• Il ne manque à leur débauche que de boire de l'eau forte, LA BRUY. VIII.2° Excès inaccoutumé de table, partie de table. Ils aiment à faire de temps en temps une petite débauche.• La Voisin [célèbre empoisonneuse] eut la question ordinaire et extraordinaire.... elle soupa le soir et recommença, toute brisée qu'elle était, à faire la débauche avec scandale.... Le mercredi se passa de même en confrontations et débauche et chansons, SÉV. 407.Être en débauche, se livrer à quelques excès ou parties de table ; et fig.• Une raison malade et toujours en débauche [c'est-à-dire qui n'est jamais réglée], MOL. l'Étour. II, 14.Fig. Excès.• Vous n'y ferez pas débauche de sincérité, SÉV. 181.3° Déréglement de moeurs.• Quand la débauche et le dévergondement sont poussés à un certain point de scan dale, je suis persuadée que cet excès fait plus de tort aux hommes qu'aux femmes, SÉV. 15 octobre 1677.• Alexis [fils du czar Pierre], âgé de vingt-deux ans, se livra à toutes les débauches de la jeunesse et à toute la grossièreté des anciennes moeurs qui lui étaient si chères, VOLT. Russie, II, 10.• La débauche au teint pâle, aux regards effrontés, Enflamme tous les coeurs vers le crime emportés, GILBERT 18e siècle.• Ces gens qui passent leur vie dans la mollesse et les débauches, VERTOT Révol. rom. I, p. 100.4° Fig. Débauche d'esprit, d'imagination, usage déréglé, mauvais, de son esprit, de son imagination.XVIe s.• Ils pouvoient bien vivre ailleurs de debauche, CALVIN Instit. 263.• Parquoy s'oppose à la sagesse, non seulement la folie, qui est un desreglement et desbauche...., CHARRON Sagesse, Préface de la seconde édition.Voy. débaucher ; Berry, débau, interruption de travail.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREDÉBAUCHE. Ajoutez :5° Au propre, action de se déranger du travail.• L'horloge, se vantant qu'elle était admirable, Disait : on ne voit rien qui me soit comparable.... Je marche sans débauche, afin d'apprendre aux gens Ce qu'ils ont d'heures, de moments, Pour employer à leur affaire, LA FONT. Oeuvres inédites, Paul Lacroix, édit. de 1863, p. 17.Ajoutez : Saintonge, bauche, une tâche : Un tel a commencé une bauche de tant de mètres, de sorte que débaucher est bien faire cesser une bauche, une tâche, un travail, et embaucher, commencer une tâche.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.