- distraction
- (di-stra-ksion ; en vers, de quatre syllabes) s. f.1° Démembrement, séparation d'une partie d'avec son tout.• Tout cela nous a encouragés à demander la distraction de notre petit pays d'avec les fermes générales, VOLT. Lett. Dupont, 10 sept. 1775.Distraction d'une somme d'argent, action de l'employer autrement qu'on ne doit ou qu'on ne s'est proposé.Ancien terme de chimie. Désunion des éléments qui composent un corps, lorsqu'elle s'opère avec difficulté.2° Terme de jurisprudence. Répétition, par un tiers, d'une terre, d'un objet compris à tort dans une saisie. Faire une demande en distraction.Distraction de juridiction, action d'ôter à un juge, et d'attribuer à un autre la connaissance d'une cause.Distraction de dépens, attribution, pour ses honoraires et frais, à un avoué des dépens adjugés à sa partie.3° Inattention aux choses présentes. Faire une chose par distraction. Il sortit soudainement de sa distraction.• L'incivilité n'est pas un vice de l'âme, elle est l'effet de plusieurs vices, de la sotte vanité, de l'ignorance de ses devoirs, de la paresse, de la distraction, du mépris des autres, de la jalousie, LA BRUY. XI.• La vie de la Fontaine ne fut, pour ainsi dire, qu'une distraction continuelle ; au milieu de la société, il en était absent, DIDEROT Notice sur la Fontaine..Chose faite par distraction. Voilà une distraction un peu forte.• À mes distractions faites grâce, madame ; Nul autre objet que vous ne règne dans mon âme, RÉGNARD Distrait, V, 7.• Et ma main qu'il portait à sa bouche, répondis-je, mon père, est-ce encore une distraction ?, MARIVAUX Marianne, 3e part..4° Toute diversion qui détourne l'âme ou l'esprit. Chercher des distractions. Une distraction agréable. Les distractions du monde.• Heureux qui peut bannir de toutes ses pensées Les vains amusements de la distraction !, CORN. Imit. I, 21.• Cette aventure n'a fait aucune distraction à sa rêverie, SÉV. 40.• Rien ne me donne de distraction, je suis toujours avec vous, SÉV. 15.• Les hommes dans un grand temple de cèdre ; les femmes dans un autre, de peur des distractions, VOLT. Princ. de Babyl. 3.• Pour dérober Piccini aux distractions de Paris, je l'engageai à venir travailler près de moi dans ma maison de campagne, MARMONTEL Mém. X..• Elle savait par expérience que la réflexion et les sacrifices ont moins de pouvoir sur les hommes passionnés que la distraction, STAËL Corinne, VI, 1.• Quand on s'est habitué à une vie de distractions, on éprouve toujours une sensation mélancolique en rentrant en soi-même, dût-on s'y trouver bien, STAËL ib. XV, 3.XVIe s.• On ouit soudain le bruit et la distraction de ceulx qui estoient à la cueue de leur armée [attaqués par une embuscade], AMYOT Marius, 37.Lat. distractionem, de distractum, supin de distrahere (voy. distraire).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.