- dissipation
- (di-si-pa-sion ; en vers, de cinq syllabes) s. f.1° Action de dissiper, de disperser, de faire disparaître.• Tous les combats s'y passent [sur mer] en coups de canon, en dissipation de vaisseaux que l'on croit avoir coulés et qui se retrouvent au bout d'un mois, SÉV. 577.• Je ne trouve que des occasions de le [trouble] faire naître et de l'augmenter dans ceux dont j'en avais attendu la dissipation, PASC. dans COUSIN.• Je lus l'endroit où vous me marquiez votre peine sur la dissipation des biens de Port-Royal par une garnison, MAINTENON Lett. Card. de Noailles, 17 nov. 1707.2° Action d'évaporer, déperdition. La dissipation de l'humidité de la terre. La dissipation des esprits animaux.• Cela adoucissait le sang, réparait les dissipations, SÉV. 391.Fig.• Vous représentez l'esprit de la république après la dissipation de son corps, BALZ. liv. V, lett. 2.3° Emploi prodigue et mal entendu. La dissipation des finances.• Ils bâtissent leur maison du débris et de la dissipation de tout un royaume, BALZ. 7e discours sur la cour..• Les dissipations du patrimoine de Jésus-Christ en meubles, en trains, en équipages, BOURD. Sévérité évang. 2e avent, p. 436.Fig.• La dissipation que vous avez faite de ses grâces [de Dieu], MASS. Avent, Délai..Au plur. Dépenses folles et ruineuses. Il s'est ruiné par ses dissipations.4° Relâchement d'application, liberté qu'on s'accorde de se réjouir, pour soulager l'esprit et le corps. Il vous faut un peu de dissipation.• Je me persuade tous les jours de plus en plus que la solitude est nécessaire pour servir Dieu, et que la dissipation est très dangereuse, MAINTENON Lett. abbé Gobelin, 20 mai 1675.État d'un esprit qui ne s'applique pas. La dissipation de son esprit est cause qu'il ne fait rien.• Que si le commerce des hommes et la dissipation de l'esprit, inévitable dans les grands emplois, ont laissé quelque impureté dans une vie aussi sage et aussi chrétienne...., FLÉCH. le Tellier..Vie où l'on se livre à tous les amusements. Vivre dans la dissipation.• La dissipation, l'ivresse de son âge, Une ville où tout plaît, un monde où tout engage, GRESSET Méch. I, 6.XVIe s.• S'esjouissant [la divinité] de la ruyne et dissipation des choses par elle creées et conservées, MONT. II, 256.Provenç. dissipasion ; espagn. dissipacion ; ital. dissipazione ; du latin dissipationem, de dissipare, dissiper.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.