- discorde
- (di-skor-d') s. f.1° Grave dissension publique ou privée. État en proie à la discorde. Les discordes civiles.• Il semble qu'à ces mots notre discorde expire, CORN. Hor. I, 4.• Lorsqu'on voyait de toutes parts tant de haines éclater, tant de ligues se former, et cet esprit de discorde et de défiance qui soufflait la guerre aux quatre coins de l'Europe, RAC. Disc. à l'Acad. fr..• Quand la discorde règne dans les familles, rien n'y peut demeurer secret, ROLLIN Hist. anc. Oeuvres, t. VIII, p. 144, dans POUGENS.• La discorde civile est partout sur sa trace [suit partout Mahomet], VOLT. Fanat. II, 5.Poétiquement.• La discorde en fureur frémit de toutes parts, RAC. Prol. Esth..• Déjà de tout le camp la discorde maîtresse Avait sur tous les yeux mis son bandeau fatal, RAC. Iph. V, 6.• La discorde a toujours régné dans l'univers ; Notre monde en fournit mille exemples divers, LA FONT. Fabl. XII, 8.2° Terme de mythologie. Déesse cause des dissensions.• La Discorde aux crins de couleuvres, Peste fatale aux potentats, Ne finit ses tragiques oeuvres Qu'en la fin même des États, MALH. III, 2.• La déesse Discorde ayant brouillé les dieux, Et fait un grand procès là-haut pour une pomme, On la fit déloger des cieux ; Chez l'animal qu'on appelle homme, On la reçut à bras ouverts, LA FONT. Fabl. VI, 20.• Quand la Discorde encor toute noire de crimes, Sortant des cordeliers pour aller aux minimes, Avec cet air hideux qui fait frémir la paix, S'arrêta près d'un arbre auprès de son palais, BOILEAU Lutrin, I.• Viens près de ces lares tranquilles, Tu verras de loin dans les villes Mugir la Discorde aux cent voix, V. HUGO Odes, IV, 2.Pomme de discorde, sujet de discussion, locution tirée de la pomme que la déesse Discorde jeta entre les dieux avec cette inscription : à la plus belle, et qui émut entre Junon, Minerve et Vénus une querelle d'où sortit plus tard la guerre de Troie.La discorde est au camp d'Agramant, phrase proverbiale employée pour exprimer des discussions graves entre les hommes faisant partie d'un même corps, qui devraient conserver entre eux la paix. Cette expression est fondée sur un passage du Roland furieux, où St Michel envoie la Discorde dans le camp d'Agramant, empereur des Sarrasins, et cette déesse fait naître coup sur coup entre les principaux guerriers des querelles que l'empereur ne peut calmer et qui vont ruiner son parti.3° Terme du jeu de l'hombre. La réunion des quatre rois.XIIIe s.• Einsi estoit l'os [l'armée] en discorde comme vous oés [entendez], VILLEH. LII.• La graindre [la plus grande] descorde qui i fu, si fu dou conte Baudoin de Flandres et del marchis Boniface de Monferrat, VILLEH. CIX..• Il avoit peor [peur] que descorde ne venist entr'aus [eux] et les Grieus, VILLEH. LXXXVII.• Mais or lor aïst [aide] Diex, qui tout a à sauver ; Quar moult a grant discorde entre faire et penser, Ch. d'Ant. VII, 725.XIVe s.• Les privées discordes, BERCHEURE. f° 43 verso..XVIe s.• Par la discorde les choses grandes sont amoindries et ruinées, LANOUE 54.Provenç. espagn. et ital. discordia ; du latin discordia (voy. discorder).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.