- célébrer
- (sé-lé-bré. L'Académie ne dit rien sur la conjugaison de ce verbe, où la syllabe lé doit prendre un accent grave devant une syllabe muette, il célèbre, tout en gardant l'accent aigu au futur et au conditionnel, il célébrera ; ce qui est une contradiction, puisque dans les deux cas la syllabe lé est devant une syllabe muette, mais contradiction que l'Académie consacre dans tous les cas analogues) v. a.1° Solenniser. Célébrer un mariage, des noces, des funérailles, un concile.• Et que deviendrez-vous, si dès cette journée Je célèbre à vos yeux ce funeste hyménée ?, RAC. Baj. II, 5.• Je viens, selon l'usage antique et solennel, Célébrer avec vous la fameuse journée...., RAC. Ath. I, 1.• Lorsque de leur naissance on célébrait la fête, VOLT. Zaïre, II, 3.Dans un sens analogue, célébrer la venue, l'arrivée de quelqu'un.Célébrer la messe, ou, absolument, célébrer, dire la messe. Célébrer pontificalement, dire la messe en habits pontificaux.• Après la mort d'Henri III, M. Benoise [secrétaire de son cabinet], qui vécut fort longtemps après lui, ne manqua pas chaque année de lui faire célébrer un service, auquel il invitait tous les officiers d'Henri III qu'il connaissait ; après quoi il leur donnait à dîner, SEGRAIS Mém. t. II, p. 96.2° Publier avec éclat, vanter, louer hautement.• Tout y célébrait leurs ancêtres, BOSSUET Hist. II, 3.• Nous vous avons célébrée à tout moment, SÉV. 70.• Non, non ne souffre pas que ces peuples farouches, Ivres de notre sang, ferment les seules bouches Qui dans tout l'univers célèbrent tes bienfaits, RAC. Esth. I, 4.• Mes filles, chantez-nous quelqu'un de ces cantiques, Où vos voix si souvent se mêlant à mes pleurs De la triste Sion célèbrent les malheurs, RAC. ib. I, 2.• Chacun célébrait ses vertus [de César] : les uns louaient sa rare valeur ; d'autres sa douceur et sa clémence, VERT. Rév. rom. XIV, 285.• Nous célébrons tant de faits éclatants, BÉRANG. Mon grenier.3° Se célébrer, v. réfl. Être célébré, solennisé.• Là, dans l'assemblée de toute la Grèce, à Pise premièrement, et dans la suite à Élide, se célébraient ces fameux combats où les vainqueurs étaient couronnés avec des applaudissements incroyables, BOSSUET Hist. I, 6.XIIe s.• E [ils] establirent que, chascon an, cest jor fussent celebré hautement, Mach. II, 10.• En la sue sale demaine [seigneuriale] Le roi [il] fist servir e honorer E si hautement celebrer...., BENOIT II, 10126.• Qu'il loyse à vos cappellains en vo eglise celebrer li office divin à basse voix, TAILLIAR Recueil, p. 503.• Erranment li verrez la messe celebrer, Th. le mart. 30.• Quant ne puis, fait li sainz, par ma parosse aler, Parosses e eglises conseillier e guarder, Ne puis pas mun mestier faire ne celebrer, ib. 131.XIIIe s.• Et li chapelain qui estoient en l'ost celebrerent le service nostre seigneur en l'onnour dou Saint-Esperit, H. DE VAL. VI.• Lors a mis son prestre à parole Qui celebroit en sa chapele, La Rose, 16476.• Ains en font les grans cortoisies, Dont lor proesces sont prisies Et celebrées par le monde, ib. 5256.• Commandé fu de par Dieu à la ligniée Israel que celebrassent cele feste, Psautier, f° 99.XIVe s.• Lors hont les consuls les sollempnitez des diex faites et celebrées, BERCHEURE f° 28, recto..XVe s.• Il n'estoit prestre qui y osast celebrer ni faire le divin service, FROISS. I, I, 106.XVIe s.• Il dit et profera tout hault celle parole, qui depuis a tant esté celebrée, AMYOT P. Aem. 46.• Il fit celebrer des jeux de toutes sortes, et des somptueux sacrifices aux dieux, AMYOT ib. 47.Provenç. et espagn. celebrar ; ital. celebrare ; du latin celebrare, de celeber, célèbre.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRECÉLÉBRER. Ajoutez :4° Rendre public (sens vieilli).• Je ne veux point vous en parler davantage, ni célébrer, comme vous dites, toutes les pensées qui me pressent le coeur, SÉV. 27 mai 1675.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.