- créance
- créance 1.(kré-an-s') s. f.1° Action de croire, d'ajouter foi.• Les opinions que j'avais reçues en ma créance, DESC. Méth..• S'il faut qu'à cent rapports ma créance réponde...., ROTROU Vencesl. I, 2.• Aveuglons leur créance, et passez pour l'époux, ROTROU ib. III, 2.• Ceux qui demeureront dans la créance que l'espace n'est pas divisible à l'infini, PASC. Géom..• Si l'antiquité était la règle de la créance, les anciens étaient donc sans règle, PASC. dans COUSIN.• Rendre raison de sa créance, PASC. ib..• Vous ne leur attribuez pas ces erreurs dans la créance qu'ils les soutiennent, mais dans la créance qu'ils vous nuisent, PASC. Provinc. 16.• Ce Jérémie qu'Esdras venait de forger avec tous les autres prophètes, comment a-t-il tout d'un coup trouvé créance ?, BOSSUET Hist. II, 13.• Si vous avez créance à sa doctrine, BOSSUET Soum. 2.• Si l'idée de ce jugement pouvait être effacée de mon esprit en sorte qu'il n'en restât nul souvenir, nulle créance, BOURD. Carême, I, Jug. dern. 259.• Dans la créance commune et dans les principes...., BOURD. ib. Prédestination, 369.Hors de créance, invraisemblable.• Et la chose à chacun Hors de créance doit paraître, MOL. Amph. II, 1.Donner créance à une chose, la rendre croyable.Donner créance, ajouter créance, croire.• David, ce roi qui avait l'esprit de prophétie, ayant donné créance aux impostures de Siba, PASC. Prov. 18.• On ne songe qu'à multiplier les bulles, afin que ce soient autant de titres de l'in faillibilité qui en a besoin, et que le monde s'accoutume à ajouter créance, PASC. ib. 19.• Quelle fable incroyable pourrait-on inventer ? et peut-on y donner créance sans joindre l'ignorance au blasphème ?, BOSSUET Hist. II, 13.• Seigneur, à vos soupçons donnez moins de créance, RAC. Brit. III, 5.2° Croyance religieuse.• Avec le lait, pendante à la mamelle, Je suçai des chrétiens la créance et la foi, ROTR. St Gen. III, 6.• Il aura vécu conformément à sa créance et à sa religion, BOURD. Avent, 56.• Pour avoir droit de dire aux athées soit de créance, soit...., BOURD. ib..• Les soins qu'on prend de notre enfance Forment nos sentiments, nos moeurs, notre créance, VOLT. Zaïre, I, 1.3° Confiance qu'on inspire et qui fait qu'on est cru.• Et tâchez, comme en vous il prend grande créance...., MOL. Éc. des f. V, 6.• Perdre toute créance dans les esprits, PASC. Prov. 4.• Ils ont appris quelle créance on doit avoir à ce calomniateur, PASC. ib. 13.• Pour faire perdre à vos auteurs toute créance, PASC. ib. 9.• Quoi, mes pères ? Est-ce ainsi que vous abusez de la créance que ces personnes d'honneur ont en vous ?, PASC. ib. 13.• Lettres qui fussent assez autorisées pour obtenir créance, BOSSUET Lett. 116.• Il fallait un homme qui, pour ne pas irriter la haine publique déchaînée contre le ministère [lors de la Fronde], sût se conserver de la créance dans tous les partis et ménager les restes de l'autorité, BOSSUET le Tellier..• Vous refusez votre créance à des prodiges qui lui sont très possibles, MASS. Panég. St Franç..• Le livre qui mérite le plus de créance, MASS. Car. Avenir.• Traitez bien vos domestiques, mais ne leur donnez pas trop de familiarité et encore moins de créance, Paroles de LOUIS XIV, dans VOLT. Louis XIV, 28.4° Terme de diplomatie. Instruction secrète qui, remise à un ambassadeur, lui permet de conférer avec le souverain auprès duquel il est envoyé.Lettres ou lettre de créance, lettre par laquelle un ambassadeur justifie de sa mission.Par extension, lettre de créance, lettre par laquelle un négociant ou un banquier autorise un tiers à toucher de l'argent selon ses besoins ou jusqu'à concurrence d'une somme déterminée.5° Terme de vénerie. Chien de bonne créance, chien sûr à la chasse. Chien de peu de créance, chien peu sûr.Terme de fauconnerie. Oiseau de peu de créance, oiseau dont les indications ne sont pas sûres.Ficelle ou filière avec laquelle on retient l'oiseau qui n'est pas encore bien assuré.6° Ancien terme de marine. Mouiller en créance, faire porter une ancre d'affourche, avec tout le câble, par une chaloupe qui rapporte ensuite le bout du câble à bord du vaisseau.CRÉANCE, CROYANCE. Comme croyance et créance ne sont que la double prononciation d'un même mot, ils doivent nécessairement se rapprocher singulièrement dans la signification. Toutefois l'usage a profité de ces deux prononciations pour introduire les nuances suivantes : au sens de croire une chose quelconque ou une religion, croyance est présentement plus en usage que créance ; mais, au sens de confiance, créance est employé de préférence à croyance.XIe s.• Bons fut li secles al tens ancienur ; Si ert [était] creance, dunt or n'i a nul prut [preu, avantage] ; Tut est muez, perdut ad sa colur, Saint Alexis, 1.XIIe s.• Sur cele gent qui en Deu n'ont creance, Ronc. p. 52.• Il guerpira sa creance et son Dé [Dieu], ib. p. 117.• ... Ne t'esmaier mie, empereres courtois ; Tousjours te conduira ta creance et tes drois [ton droit], Sax. XVIII.XIIIe s.• De foi et de creance enterine et meüre, Berte, XLII.• Mès ce ne fust bone creance Dont nus ne doit avoir doutance, Ren. 10163.• L'on peut plaider en la haute court de totes carelles, mès que de sa fei, ce est de sa creance, et de mariage et de testament, Ass. de J. 47.• Et Haali, quant il vit ce, si traït à li du peuple ce que il pot avoir, et leur aprist une autre creance que Mahommet n'avoit enseignée, JOINV. 260.• Il disoit que foy et creance estoit une chose où nous devions bien croire fermement, JOINV. 197.• S'il a foy et ferme creance, Qu'on doit en sept choses comprendre, J. DE MEUNG Tr. 47.XIVe s.• Creance, c'est la ligne qui est attachie à la lesse du faulcon, Modus, f° LXXXIII.XVe s.• Quand il ot monstré ses lettres de creance, FROISS. II, II, 223.• Il fut determiné de deployer [l'oriflamme du roi de France], pour la cause de ce que les Flamands tenoient opinion contraire du pape Clement et se nommoient en creance [en matière de foi] Urbanistes, FROISS. II, II, 196.• Pourtant que je ne les vis ni scellées, ni approuvées, je n'y ajoutai point de foi ni de credence, FROISS. II, III, 103.• Lequel avoit une lettre de creance adressante audit Symon escripte de la main dudit duc, COMM. III, 9.• Luy devoit bailler la dicte lectre et dire sa creance, qui estoit...., COMM. IV, 6.• Sa creance [du héraut envoyé par Louis XI au roi d'Angleterre] estoit fondée sur le desir que le roy avoit dès long-temps de avoir bonne amytié avec luy, COMM. IV, 7.• Par très ferme credence qu'il avoit au St Sacrement du baptesme, LOUIS XI Nouv. LXX..XVIe s.• Voire contre sa propre creance [croyance], MONT. I, 21.• Que ne peult la coustume en nos jugements et creances, MONT. I, 109.• Nostre creance [religieuse] a assez d'autres fondements, sans...., MONT. I, 248.• Jamais chef de guerre n'eut tant de creance sur ses soldats, MONT. III, 175.• [Ces chefs] qui avoyent une merveilleuse creance entre ceux de la religion, desployerent tout leur art, credit et eloquence pour persuader un chacun, LANOUE 625.• Que l'audace estoit mere de la creance, la creance de la force, elle des victoires, et partant des suretez, D'AUB. Hist. III, 180.• Et de qui pouvez vous attendre une telle mutation en la creance que de celui qui n'en auroit point ?, D'AUB. ib. III, 186.• Et connoissant la verité dont la creance lui causoit plus de mal que la mort, MARG. Nouv. LXIV.• Il me depescha devers sa majesté pour luy porter, tant par creance que par escrit, tout ce qu'il avoit faict, CARL. X, 25.Autre prononciation de croyance, et qui provient du verbe creire, tandis que croyance vient du verbe croire ; creire et croire appartiennent à des dialectes différents de l'ancienne langue.————————créance 2.(kré-an-s') s. f.Terme de droit. Droit d'exiger l'accomplissement d'une obligation. Exercer un simple droit de créance. On oppose les droits de créance aux droits réels.Dans l'usage ordinaire, droit d'exiger le payement d'une somme d'argent. Créance commerciale, litigieuse. Avoir une créance sur quelqu'un. Transporter sa créance.Dette active fondée sur un titre. Sa créance est bonne.Le titre même. Transférer sa créance.Le même mot que créance 1. La créance, dette active, est un titre qui donne croyance que telle somme est réellement due.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.