- croupe
- (krou-p') s. f.1° Partie du cheval et de quelques autres animaux qui s'étend depuis la région lombaire jusqu'à l'origine de la queue. Ce cheval a une belle croupe, n'a guère de croupe.• Une croupe, en largeur à nulle autre pareille, MOL. Fâch. II, 7.• Sa croupe se recourbe en replis tortueux, RAC. Phèd. V, 6.Croupe avalée, celle qui tombe trop tôt et qui fait que l'origine de la queue est mal placée. Croupe de mulet, croupe pointue, aiguë. Croupe double, croupe formée par des muscles très développés, et présentant dans son milieu un sillon longitudinal.Porter la croupe au mur, faire aller un cheval de côté, la croupe tournée vers la muraille ou la barrière, et la tête et les épaules vers le centre du manége.Gagner la croupe du cheval de son ennemi, l'approcher par derrière.Monter en croupe, monter à cheval derrière la personne qui est en selle.• Je suis tout seul à pied ; lui de m'offrir la croupe, RÉGNIER Sat. VIII.• La dame en croupe et le galant en selle, SÉV. 432.• La princesse en croupe se met, LA FONT. Fiancée..• Porter en croupe belles damoiselles, HAMILT. Gramm. 4.• L'homme.... mit son fils en croupe, LA FONT. Fabl. III, 1.Prendre quelqu'un en croupe, le mettre derrière soi à cheval.Fig.• Un double ennui Allait en croupe à la chasse avec lui, LA FONT. Fauc..• Le chagrin monte en croupe et galope avec lui, BOILEAU Ép. V.• Moitié figue, moitié raisin, avec la fraude en croupe, elle [Mme de Chevreuse] arracha le tabouret pour la princesse Guéméné, SAINT-SIMON 57, 217.2° Terme de chasse qui se dit quelquefois pour cimier.3° Partie renflée d'une montagne.• Nous franchîmes une des croupes du mont Sardène [près de Smyrne], CHATEAUB. Itin. II, 33.• Ils s'étaient saisis de la croupe du mont, VAUGEL. Q. C. liv. III, chap. 4.• Lorsque ses anciens vainqueurs se réunissent pour l'attaquer dans cette position heureuse, il lâche un grand nombre de boeufs sur la croupe de ses montagnes, RAYNAL Hist. phil. IV, 4.• Sur la croupe du mont ses mains allaient chercher L'eau qui tombait des cieux dans le creux du rocher, DELILLE Trois règnes, V.4° Terme d'architecture. Partie arrondie du comble qui surmonte le chevet d'une église.Demi-croupe, la partie du toit formant le retour d'un comble en appentis.5° Intérêt qu'on donne à quelqu'un dans les profits d'une place ou d'une entreprise financière ; expression figurée dans laquelle on compare cet intérêt à la place secondaire qu'occupe sur un cheval l'homme mis en croupe.XIe s.• Courte la cuisse et la crupe bien large, Ch. de Rol. CXIII.XIIe s.• Parmi les cropes des destriers arabis, Ronc. p. 72.• El destrier monte à la crupe estelée ; à son col pent une targe roée, Raoul de C. 71.XIIIe s.• Li roncis [le cheval] est magres et las, Crupe ot ague et les flans bas, Partonop. V. 777.• Lors vindrent avant les sis batailles des barons de France qui estoient armées, et lor sergent et lor escuier à pié derriere, seur les cropes de leur chevaus, VILLEH. LXXXI.• Et se ferirent sous les blasons si roidement, que il rompirent poitraus et chaingles et se porterent à terre par dessus les crupes des chevaus, Chr. de Rains, p. 65.• À destre main [elle] batoit sa coupe.... Douche suer, mais batés la crupe Ki vous fait faire les pechiés, Lai d'Ignaur.• Garnement de ventres, de braieus, de croupes, de gorges ou d'escroies, Liv. des mét. 326.• Et Renart prist la qeue as denz, Et li renverse sor la crope, Ren. 595.XVe s.• Et si avoient les Escots leurs deux premieres batailles establies sur les deux croupes de montagnes, FROISS. I, I, 41.XVIe s.• Il apperceut un valet portant en croupe une malle rouge, D'AUB. Vie, XIII.• Il le mit en croupe derriere lui, D'AUB. ib. XIV.• Prenant sur une crouppe de montagne place de bataille, D'AUB. Hist. I, 273.• Ceux-là donnerent en crouppe et en flanc, si bien que les Roiaux quitterent le pied, D'AUB. ib. 348.• Granderis avec huict chevaux et autant d'arquebusiers en crouppe alla enlever un logis, D'AUB. ib. II, 43.• Le roi de Navarre aiant mis les passions huguenottes en crouppe, D'AUB. ib. 43.• Le roi y sejourna quelques jours, pour donner ordre à plusieurs affaires que ses diligences avoient laissés en croupe, D'AUB. ib. III, 226.• Afin que vous ne vous amusiez pas à la beauté de son poil ou largeur de sa croupe, MONT. I, 324.• Ils eussent fait leurs affaires sans se mesler de celles d'autruy, ains les laisser en croupe [rejeter, laisser derrière soi], BRANT. Cap. fr. t. II, p. 342, dans LACURNE.• Tous mes parents [c'est Alexandre qui parle après sa mort] demeurerent non seulement en croupe, mais aussi furent miserablement meurtris par ceux que j'avois eslevez, PASQUIER Recherches, p. 902, dans LACURNE.Bourguig. crôpe ; Berry, crope ; namur. crupe ; saintong. courpe ; provenç. cropa ; catal. gropa ; espagn. grupa ; portug. garuppa ; ital. groppa. Le radical de ce mot signifiant quelque chose de ramassé, se trouve dans le germanique : scandinave, kryppa ; allem. Kropf, protubérance ; et dans le celtique : gaél. crup, ramasser, conglomérer.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRECROUPE.4° Ajoutez :Terme de charpente. Partie du comble d'un bâtiment, qui a une forme triangulaire ; la croupe est droite si le mur qui lui correspond est perpendiculaire aux deux murs adjacents ; elle est dite croupe biaise dans le cas contraire.Demi-croupe, la partie formant le retour d'un toit en appentis.5° Ajoutez en exemple :• Il y a des grâces auxquelles on a cru pouvoir se prêter plus aisément, parce qu'elles ne portent pas immédiatement sur le trésor royal ; de ce genre sont les intérêts, les croupes, les priviléges ; elles sont de toutes les plus dangereuses et les plus abusives, Lettre de Turgot au roi, dans Rev. des Deux-Mondes, 15 sept. 1874, p. 287.Pot de vin que donnaient les fermiers généraux au renouvellement de leur bail.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.