- croisé
- croisé, ée 1.(kroi-zé, zée) part. passé.1° Qui est en croix. Ayant les jambes croisées.• Je vis au pied d'un buisson, à trente pas de moi, une espèce de soldat qui, sur deux bâtons croisés, appuyait le bout d'une escopette, LESAGE Gil Blas, I, 2.Avoir les bras croisés, croiser ses bras sur sa poitrine.• Et les deux bras croisés, du haut de son esprit, Il regarde en pitié tout ce que chacun dit, MOL. Mis. II, 5.• Lorsque, les bras croisés sur sa large poitrine...., LAMART. Nouv. méd. 7.Fig. Demeurer les bras croisés, demeurer dans l'inaction.• Et ta vertu, qui craint de trop paraître au jour, Attend les bras croisés qu'il t'immole à ton tour, CORN. Attila, V, 5.• M. de Lorraine ne demeurera pas les bras croisés, SÉV. 317.Terme de botanique. Feuilles croisées, rameaux croisés, feuilles, rameaux qui se suivent et se croisent à angle droit.2° Coupé à angle. Un chemin croisé par un autre.3° Fig. Contrarié, gêné, traversé. Croisé dans ses démarches par un adversaire habile.• Que cet esprit règne seul et ne soit point croisé par un autre, MONTESQ. Esp. V, 6.• C'est dans les pays de la liberté que le négociant trouve des contradictions sans nombre ; et il n'est jamais moins croisé par les lois que dans les pays de la servitude, MONTESQ. ib. XX, 12.• Deux petits princes d'Allemagne ne peuvent faire l'échange d'un fief ou d'un domaine, sans être croisés ou secondés par les cours de Vienne, de Versailles ou de Londres, RAYNAL Hist. phil. XIX, 3.4° Étoffe croisée, et, substantivement, du croisé, étoffe fabriquée à quatre marches au moins et dont les fils de la trame sont plus serrés que dans l'étoffe à deux marches.5° Terme d'anatomie. Ligaments croisés, deux ligaments très forts situés à la partie postérieure de l'articulation fémorotibiale.6° Rimes croisées, celles qui sont alternées, au lieu d'aller par couples.• N'est-ce pas plutôt aux poëmes d'une longue étendue qu'il eût fallu permettre les rimes croisées ? je le croirais, non-seulement parce que les vers masculins et féminins entrelacés n'ont pas la fatigante monotonie des distiques, mais parce que leur marche libre, rapide et fière, donne du mouvement au récit, de la véhémence à l'action, du volume et de la rondeur à la période poétique, MARMONT. Élém. litt. Oeuvres, t. XI, p. 467.• Voici le commencement de la belle ode de Pétrarque à la fontaine de Vaucluse en vers croisés, VOLT. Moeurs, 82.Vers croisés, ceux où des vers de mesure inégale reviennent à tour de rôle et avec symétrie. Ce sont, par exemple, des vers croisés si l'on met deux alexandrins puis un vers de huit syllabes, puis deux alexandrins, un vers de huit syllabes, et ainsi de suite.7° Terme de guerre. Feux croisés, feux convergents qui prennent en écharpe les points battus.8° Terme de danse. Chassé croisé, chassé que le danseur et la danseuse font en même temps l'un à droite et l'autre à gauche.9° Terme d'escrime. Tireur croisé, tireur qui n'est pas bien en ligne, et qui a le pied droit trop en dedans.10° Terme de physiologie et d'élève de bestiaux. Race croisée, race qui est le résultat d'un croisement.11° Qui a pris part à une croisade. Les princes croisés.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE1. CROISÉ. Ajoutez :12° S. m. Un croisé, un entrelacement en croix de ficelle, de corde.• Les boîtes [chargées] doivent être présentées closes d'avance.... elles doivent être entourées d'un croisé de ficelle solide, scellé sur les quatre faces latérales..., Avis au public, dans Journ. offic. 27 déc. 1875, p. 10794, 3e col..————————croisé 2.(kroi-zé) s. m.Celui qui prenait la croix pour combattre les infidèles. L'armée des croisés.• On fit la revue près de Nicée, et il se trouva cent mille cavaliers et six cent mille hommes de pied, en comptant les femmes ; ce nombre, joint avec les premiers croisés qui périrent sous l'hermite Pierre et sous d'autres, fait environ onze cent mille, VOLT. Moeurs, 1re croisade.• Jérusalem fut prise par les croisés le 5 juillet 1099, tandis qu'Alexis Comnène était empereur d'Orient, Henri IV, d'Occident, et qu'Urbain II, chef de l'Église romaine, vivait encore, VOLT. ib..• Le plus politique de tous ces croisés et peut-être le seul, fut Bohémond, fils de ce Robert Guiscard conquérant de la Pouille, VOLT. ib..• Les croisés trouvèrent partout des trahisons, de la perfidie, et tout ce qu'on peut attendre d'un ennemi timide, MONTESQ. Rom. 23.Nouveaux croisés, les confédérés polonais sous Stanislas Auguste.XIIe s.• Tout a croisiés amoureus à entendre D'aler à Dieu ou de remanoir ci, Couci, XXIV.XIIIe s.• Et après [il] i envoia un suen cardonal, maistre Perron de Chappes, croisié, et manda por lui le pardon tel com vos dirai, VILLEH. I.• On ne doit pas fere assesseur d'omme que cil ne puist justicier qui le fet, s'il le trueve en meffet ; si comme de clerc ou de croisié, BEAUMANOIR 37.• Quiconques est croisié de le [la] crois d'outremer, il n'est tenus à respondre en nule cort laie, BEAUMANOIR XI, 8.• Et quant elle sot que il fu croisié, ainsi comme il meismes le contoit, elle mena aussi grand deul comme se elle le veist mort, JOINV. 208.Croiser.————————croisé 3.(kroi-zé) s. m.1° Sorte d'étoffe (voy. croisé 1, n° 4).2° En termes de blason, un croisé se dit du globe impérial et des bannières qui portent une croix.3° S. m. plur. Bâtons qui soutiennent la corde sur laquelle on danse.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.