- courtisan
- (kour-ti-zan) s. m.1° Celui qui fait partie de la cour du prince.• L'éducation qu'il avait reçue de ce courtisan chrétien qui passa pour l'homme le plus vrai de son siècle, MASS. Or. fun. Dauphin..• Qui est plus esclave qu'un courtisan assidu, si ce n'est un courtisan plus assidu ?, LA BRUY. VIII.• Qui considérera que le visage du prince fait la félicité du courtisan, comprendra un peu comment Dieu peut faire toute la gloire et tout le bonheur des saints, LA BRUY. ib..• Se dérober à la cour un seul moment, c'est y renoncer ; le courtisan qui l'a vue le matin, la voit le soir pour la reconnaître le lendemain, ou afin que lui - même y soit connu, LA BRUY. ib..• Les roues, les ressorts, les mouvements sont cachés ; rien ne paraît d'une montre que son aiguille, qui insensiblement s'avance et achève son tour ; image du courtisan, d'autant plus parfaite qu'après avoir fait assez de chemin il revient au même point d'où il est parti, LA BRUY. ib..• Et de ses courtisans souvent les plus heureux Vous pressent à genoux de lui parler pour eux, CORN. Cinna, I, 2.• D'un courtisan flatteur la présence importune...., CORN. ib. II, 1.• Mais un vieux courtisan est un peu moins crédule ; Il voit quand on le joue et quand on dissimule, CORN. Poly. V, 1.• ... On voit partout que l'art des courtisans Ne tend qu'à profiter des faiblesses des grands, MOL. D. Garc. II, 1.• Sachez, s'il vous plaît, monsieur Lysidas, que les courtisans ont d'aussi bons yeux que d'autres, qu'on peut être habile avec un point de Venise et des plumes, aussi bien qu'avec une perruque courte et un petit rabat uni, MOL. Critique, sc. 7.• Messieurs les courtisans, cessez de vous détruire ; Faites, si vous pouvez, votre cour sans vous nuire ; Le mal se rend chez vous au quadruple du bien, LA FONT. Fabl. VIII, 3.• Le courtisan n'eut plus de sentiment à soi, BOILEAU Épît. IX..• Le choix des temps et des occasions est la grande science du courtisan, MASS. Or. fun. Dauphin..• Ce qui est encore plus difficile, quelquefois il résistait en leur faveur [des soldats] à l'impatience des généraux et s'exposait aux redoutables discours du courtisan oisif, FONTEN. Vauban..2° Celui qui cherche à gagner par des prévenances ou des flatteries les bonnes grâces de quelqu'un.• Le maréchal d'Humières, homme d'honneur quoique fort liant avec les ministres et très bon courtisan, SAINT-SIMON 23, 12.Se dit aussi de celui qui recherche les bonnes grâces d'une dame.3° Adjectivement.• Il en résultera l'avantage d'amortir parmi la noblesse l'esprit courtisan, J. J. ROUSSEAU Pol. 7.Au féminin.• Donc à si peu de frais la vertu se profane, Se déguise, se masque et devient courtisane, Se transforme aux humeurs, suit le cours du marché, Et dispense les gens de blâme et de péché, RÉGNIER Sat. V.• Il me crut en grande faveur auprès de M. de Richelieu ; et la souplesse courtisane qu'on lui connaît, l'obligeait à beaucoup d'égards pour un nouveau venu, J. J. ROUSS. Conf. III.XVIe s.• Il avait quelque façon externe qui pouvoit n'estre pas civilisée à la courtisane, MONT. I, 147.• Un courtisan [un homme attaché au prince], MONT. I, 167.• Un cheval, qui n'est ni flateur ny cortisan, verse un roy...., MONT. IV, 31.• Ces contes sont fort plaisants ; mais il faudroit savoir le courtisan [patois] du pays, pour les faire trouver tels, DESPER. Contes, LXXII.• Des ungs il fut reçu cordialement, des aultres à la courtisanne, CARL. VI, 33.• La pauvre reyne était patiente, suportant constamment les assauts de l'envie courtisanne, Nuits de Straparole, t, I, p. 298, dans LACURNE.• Par Dieu, ce n'est pas sans cause si l'on dit qu'il se cueille plus d'espines que de rozes au jardin des courtisans, et que pour un verre cassé, auprès des rois et des princes, bien souvent vingt années de services demeurent bien égarées, SULLY t. III, p. 73, dans LACURNE.Ital. cortigiano, de corte, cour (voy. cour). Comp. le bas-lat. acortisianus qui signifie métayer.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRECOURTISAN. Ajoutez :4° Usité à la cour.• Fallace, employé par Desportes, mot peu courtisan, MALH. Lexique, éd. L. Lalanne..
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.