- coursier
- (kour-sié ; l'r ne se lie jamais ; au pluriel, l's se lie : des kour-sié-z ardents) s. m.1° Grand et fort cheval de tournoi ou de bataille.Poétiquement, un noble et beau cheval.• Déjà d'un plomb mortel plus d'un brave est atteint, Sous les fougueux coursiers l'onde écume et se plaint, BOILEAU Épît. IV.• On vous voit moins souvent, orgueilleux et sauvage, Rendre docile au frein un coursier indompté, RAC. Phèd. I, 1.• Et mes coursiers oisifs ont oublié ma voix, RAC. ib. II, 2.• Ces superbes coursiers qu'on voyait autrefois, Pleins d'une ardeur si noble obéir à sa voix, RAC. ib. V, 6.• Et fier de porter l'homme et sensible à sa gloire, Le coursier partagea l'orgueil de la victoire, DELILLE Homme des champs, IV.Fig.• Le sang remonte à son front qui grisonne, Le vieux coursier a senti l'aiguillon, BÉRANG. V, sergent.Par plaisanterie.• Un ânier, son sceptre à la main, Menait en empereur romain Deux coursiers à longues oreilles, LA FONT. Fabl. II, 10.2° Dans la marine ancienne, passage de la proue à la poupe, dans une galère, entre les bancs des forçats.Le canon qui, placé sous le coursier, faisait feu par la proue.Dans la marine actuelle, canon de chasse placé à l'avant.3° Conduit qui, amenant l'eau d'un biez de moulin, la fait passer au-dessous de la roue.COURSIER, CHEVAL. Cheval est le nom simple de l'espèce sans aucune idée accessoire. Coursier renferme l'idée d'un cheval courageux et brillant. Coursier est tellement propre à la poésie ou à la haute éloquence, que l'emploi de ce mot dans le style ordinaire suffit à rendre ridicule celui qui s'en sert, à moins qu'il ne le fasse par moquerie.XIIe s.• Quant il se voit sor son cheval corsier, Ronc. p. 40.• Et maint cheval corsier, sor et bai et bauçant, Sax, t. I, p. 88.XIIIe s.• Et les chevaliers que le roy avoit mis en ses courciers [sorte de navire] pour nos malades deffendre, s'enfouirent, JOINV. 239.XVe s.• Si monta au plus tost qu'il put sur fleur de coursier et prit les champs, FROISS. I, I, 103.• Elle remonta sur son coursier, ainsi armée comme elle estoit [la comtesse de Montfort], FROISS. I, I, 174.• Et estoit appelé ce brigand Bacon : et estoit toujours bien monté de bons coursiers, de doubles roncins et de gros palefrois, FROISS. I, I, 324.• Le quel coursier qui estoit grand et fort s'escueillit à courir, et emporta le chevalier malgré lui, FROISS. I, I, 298.• Et avoyent nefs coursieres qui couroient sur les bandes de Normandie pour avoir des nouvelles, FROISS. liv. II, p. 281, dans LACURNE.• Trois manieres sont de chevaux qui sont Pour la jouste, les uns nommez destriers, Haulz et puissans et qui tres grant force ont ; Et les moyens sont appellez coursiers, Ceulx vont plus tost pour guerre et sont legiers ; Et les derrains sont roncins, et plus bas Chevaulx communs qui trop font de debas, Au labour vont, c'est du gendre villain, EUST. DESCH. Poésies mss. f° 234, dans LACURNE.XVIe s.• Douze chevaux coursiers d'Hespaigne, CARL. IV, 12.• Comme ung brave seigneur, monté sur ung furieux coursier, CARL. VI, 11.• Si se heurterent les deux coursiers de front, AMYOT Eum. 13.• Au baron appartient l'espace du faucon et du destrier ; et est entendu destrier un grand cheval de guerre, coursier ou cheval de lance, Coust. génér. t. II, p. 65.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.