- coude
- (kou-d') s. m.1° La partie de l'articulation du bras avec l'avant-bras qui est opposée à la saignée, ou, anatomiquement, angle saillant formé par l'apophyse olécrane à la partie postérieure de l'articulation du bras avec l'avant-bras. Il lui donna un coup de coude.• [Un homme déguenillé qui a] Ses grègues aux genoux, au coude son pourpoint, RÉGNIER Sat. II.• Plusieurs se parlèrent des yeux et du coude en se retirant, et puis à l'oreille bien bas, SAINT-SIMON 60, 13.• Je ne puis pardonner les coups de coude que je reçois régulièrement et périodiquement, MONTESQ. Lett. pers. 24.Coude à coude, si près qu'on se touche les coudes.• En ce cercle Mme la princesse était à la tête des duchesses, en retour comme elles, et coude à coude de la première, SAINT-SIMON 64, 73.Fig. Mettre les mains jusqu'au coude dans quelque chose, en prendre sans réserve, et aussi s'enfoncer tout à fait dans quelque chose, dans quelque sujet. On dit dans le même sens, mettre le bras jusqu'au coude.Fig. Hausser le coude, aimer à boire, faire un excès de boisson.• M. le duc de Bourgogne fut si aise qu'il en haussa le coude jus qu'à tenir des propos si joyeux qu'il ne pouvait le croire le lendemain, SAINT-SIMON 271, 170.Terme de vétérinaire. Région du membre antérieur ayant pour base l'olécrane ou partie principale de l'os cubitus.2° Endroit de la manche qui correspond au coude. Son habit est percé au coude.• Sa mère [de l'abbé de Mailly] l'y força [à l'état ecclésiastique], et lui laissa percer les coudes jusqu'à ce qu'il se fît prêtre, SAINT-SIMON 150, 185.• Dois-je trouver mauvais qu'un méchant pourpoint noir, Qui m'a duré deux ans, soit percé par le coude ?, SCARRON dans RICHELET.3° Angle saillant, brusque changement de direction. Cette muraille fait un coude.• La rivière faisait un coude au pied du verger, J. J. ROUSS. Hél. IV, 11.• Ici le chemin qui se dirigeait E. et O. fait un coude et tourne au N., CHATEAUB. Itin. II, 235.Endroit d'un cep d'où sort la branche qui donne le raisin.Coude de baïonnette, partie cylindrique et courbée de la baïonnette des fusils de munition.Bout de tuyau de plomb servant à raccorder, dans le tournant d'une conduite, les tuyaux de fer.Bout de tuyau en tôle par lequel on change la direction d'une suite de tuyaux de poêle.PROVERBESIl ne se mouche pas du coude, on le voit bien sur sa manche, locution par laquelle on fait valoir d'une façon très familière et quelquefois ironique l'habileté de quelqu'un. On dit aussi dans le même sens : il ne se mouche pas du pied.Quand on a mal aux yeux, il n'y faut toucher que du coude, c'est-à-dire il ne faut pas porter les doigts à un oeil malade, et, figurément, il ne faut pas toucher aux choses pénibles, douloureuses.XIIe s.• Par som le coute [la main] lui fu du cors partie, Ronc. p. 115.• Sur un cute à un moine li sainz huem s'apuia, En sun seant s'assist...., Th. le mart. 139.XIIIe s.• À genous et à coutes [elle] va la terre incliner, Berte, XLIII.• Mès ce vit il bien tout sans doute Que plus la longor du coute Fu ele levée en l'air amont, RUTEB. II, 136.• Tant ont no chevalier aus Sarrazins caplé, Que desci que aus keutes en sont ensanglenté, Ch. d'Ant. III, 696.• Si vous loe et conseille que toutes les foiz que il nous geteront le feu, que nous metons à coutes et à genoulz, et prions nostre Seigneur que il nous gete de ce peril, JOINV. 222.XIVe s.• Vindrent à l'eglise où il avoit fait espier le conte, et vint par derriere si comme le conte estoit à coudes et à genoulx sur le pavement, Chr. de St-Denis, f° 253, dans LACURNE.XVIe s.• Ils se font demander la paix à coudes et à mains jointes, D'AUB. Hist. II, 185.• Pour eslargir les coudes des Roiaux [les mettre à l'aise], D'AUB. ib. III, 218.• Lui estant permis de s'en aller la meche esteinte et le mousquet sous le coude, D'AUB. ib. III, 337.• Ce nom de coulde est usurpé en trois significations : car quelquesfois il est pris pour toute la partie de la main comprise entre le bras et le poignet ; quelquesfois pour l'os interieur de la susdite partie ; quelquesfois pour la partie superieure du dit os, laquelle tourne dans l'orbite du bras et est appellée olecranon, PARÉ IV, 26.• La vertu assignée aux affaires du monde est une vertu à plusieurs plis, encoignures et coudes, pour s'appliquer et joindre à l'humaine foiblesse, MONT. IV, 131.• Ce qui faict veoir tant de cruautez inouies aux guerres populaires, c'est que cette canaille de vulgaire s'aguerrit et se gendarme, à s'ensanglanter jusques aux coudes et deschiquetter un corps à ses pieds, n'ayant ressentiment d'aultre vaillance, MONT. III, 109.Picard, keute ; Berry, code ; provenç. code, coide ; catal. colse ; espagn. codo ; ital. cubito ; du latin cubitus.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRECOUDE. Ajoutez :4° Fig. Mettre l'oreille sous le coude à quelqu'un, le rassurer.• Vous me mandez que les bravades de votre partie vous font douter que vous n'ayez quelque arrêt à votre préjudice ; c'est peut-être afin que je vous mette l'oreille sous le coude, MALH. Lexique, éd. L. Lalanne..Cette locution, aujourd'hui inusitée, représente un homme couché de façon que le coude appuie sur l'oreille.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.