- corps
- (kor ; l's ne se lie pas : un corps animé, dites : un cor animé ; cependant plusieurs prononcent l's dans ce cas : un cor-z animé) s. m.1° Ce qui fait l'existence matérielle d'un homme ou d'un animal, vivant ou mort. Les corps vivants. Les membres du corps. Corps très bien conformé. Les maladies qui attaquent le corps humain. Un corps souple et agile.• Mais garde de toucher ce misérable corps, CORN. Médée, V, 5.• La mort ne nous laisse pas assez de corps pour occuper quelque place, et on ne voit là que les tombeaux qui fassent quelque figure ; notre chair change bientôt de nature ; notre corps prend un autre nom ; même celui de cadavre, parce qu'il nous montre encore quelque forme humaine, ne lui demeure pas longtemps ; il devient un je ne sais quoi qui n'a plus de nom dans aucune langue, BOSSUET Duch. d'Orl..• Que de corps entassés, que de membres épars !, RAC. Esth. I, 5.• De son corps tout sanglant le misérable reste, RAC. Esth. III, 8.• À ces mots ce héros expiré N'a laissé dans mes bras qu'un corps défiguré, RAC. Phèd. V, 6.• Tout nage dans le sang, et on ne tombe que sur des corps morts, BOSSUET Anne de Gonz..• Son époux en cherchait le corps Pour lui rendre en cette aventure Les honneurs de la sépulture, LA FONT. Fabl. XIII, 16.• Pensez-vous que mon corps, devenu un épi de blé, un ver, un gazon, soit changé en un ouvrage de la nature moins digne d'elle ?, MONTESQ. Lett. pers. 71.N'être qu'un en deux corps, être lié par une étroite amitié.• Il est riche en vertu, cela vaut des trésors ; Et puis, son père et moi n'étions qu'un en deux corps, MOL. F. sav. II, 4.Un corps de fer, un homme qui résiste aux plus dures fatigues.Faire de son corps une boutique d'apothicaire, prendre trop de remèdes, se droguer.Gagner sa vie, son pain à la sueur de son corps, manger son pain à la sueur de son corps, se procurer par un rude travail ce qui est nécessaire à la subsistance.Familièrement. Il faut voir ce que cet homme a dans le corps, il faut tâcher de découvrir ses opinions, ses sentiments, et aussi tâter son courage. C'est un homme qui n'a rien dans le corps.Passer sur le corps d'une troupe ennemie, la renverser.• Quoi ! vous doutez, dit-il, qu'avec mes huit mille braves Suédois je ne passe sur le corps à quatre-vingt mille Moscovites ?, VOLT. Charles XII, 2.Fig. Passer sur le corps de quelqu'un, obtenir un emploi auquel son rang lui donnait droit, devenir, de son inférieur, son supérieur.• On se voit passer sur le corps par des subalternes, MASS. Pet. car. Drap..Familièrement. Faire rentrer dans le corps, faire rengainer, faire taire.• Si tu pouvais savoir quel plaisir on a lors De leur faire rentrer leurs nouvelles au corps...., CORN. Ment. I, 6.Avoir le diable au corps, être d'une audace extrême, et encore, être singulièrement habile, ingénieux. Se dit aussi en parlant d'un cheval fougueux.Honorer de son corps, a été dit par Molière d'un homme qui épouse une femme, quand il croit lui faire honneur en l'épousant ; mais dit pour faire ressortir le ridicule du personnage.• Et celle que je dois honorer de mon corps, Non-seulement doit être et pudique et bien née ; Il ne faut même pas qu'elle soit soupçonnée, MOL. Éc. des mar. III, 2.Un corps mort, un cadavre d'homme ou de femme.• Je ne sais ce que c'est, monsieur, mais il me semble Qu'Agnès et le corps mort s'en sont allés ensemble, MOL. Éc. des f. V, 5.À bras-le-corps, loc. adv. En passant les bras autour du corps d'un autre. Il le saisit à bras-le-corps et le retint sur sa chaise malgré lui. La construction est : saisir, prendre le corps à [avec les] bras.Corps à corps, loc. adv. En attaquant de près son adversaire. Combat corps à corps.• Étant forcés de combattre de près, ils mirent tous l'épée à la main, et alors il se fit un grand carnage ; car on se battait corps à corps, et l'on se portait la pointe de l'épée contre le visage les uns des autres, ROLLIN Hist. anc. Oeuvres, t. VI, p. 244, dans POUGENS.Fig.• Comment Voltaire ne comprit-il pas le danger d'une lutte corps à corps avec Bossuet et Pascal ?, CHATEAUB. Génie, III, III, 6.2° Plus particulièrement, la partie du corps humain qui est entre le cou et les hanches, le tronc. Il a un coup d'épée dans le corps.À mi-corps, par la moitié du corps. Il était penché à mi-corps par la fenêtre.• D'autres animaux à mi-corps, quelquefois des lions en ronde bosse, sont attachés aux bras [de la statue de Diane], BARTHÉL. Anach. ch. 72.Terme d'escrime. Plier le corps en avant, en arrière. Plier le corps sur la jambe droite, sur la jambe gauche. Avancer le corps. Effacer son corps. Tenir le corps ferme. Partir du corps.Fig. Prendre le lièvre au corps, attaquer, dans une affaire, le point essentiel ; locution tirée de la chasse, le chien prenant le lièvre au corps effectivement.Terme de manége. On dit qu'un cheval a du corps, quand ses côtes sont amples et longues.3° Le corps considéré par opposition à l'âme ; la partie sensuelle de l'être humain.• Macérer, mortifier son corps.... Dans son premier lustre il est déjà soldat, Le corps attend les ans, mais l'âme est toute prête, CORN. Attila, II, 5.• Le ciel n'a point encor, par de si doux accords, Uni tant de vertus aux grâces d'un beau corps, CORN. Pomp. III, 3.• Il y a des gens qui plaisent, quelque défaut qu'ils aient au corps et à l'esprit, LA ROCHEF. Max. dans RICHELET.• Ce sont des filles qui n'ont ni au corps ni à l'âme aucun des défauts dont il est parlé dans les constitutions, PATRU Plaid. 16, dans RICHELET.• Le corps, cette guenille, est-il d'une importance, D'un prix à mériter seulement qu'on y pense ?, MOL. F. sav. II, 7.• C'est cette union admirable de notre corps et de notre âme que nous avons à considérer, BOSSUET Conn. III, 2.• Suis-je libre en effet ? ou mon âme et mon corps Sont-ils d'un autre agent les aveugles ressorts ?, VOLT. 2e Discours..• Ce corps vil et mortel est-il donc si sacré Que l'esprit qui le meut ne le quitte à son gré ?, VOLT. Alz. V, 3.Tant que l'âme me battra dans le corps, tant que je serai en vie.Se tuer le corps et l'âme, se donner beaucoup de mal sans résultat.Se donner à quelqu'un corps et âme ou de corps et d'âme, se dévouer entièrement à lui.Faire folie de son corps, se dit d'une femme qui se livre au désordre. Une femme folle de son corps, une femme qui se livre au désordre.Un corps sans âme, un homme qui ne sait que faire, que devenir.• .... Je suis à Paris triste, pauvre et reclus, Ainsi qu'un corps sans âme ou devenu perclus, BOILEAU Sat. I.Un corps sans âme, se dit aussi d'un parti, d'une armée sans chef.Familièrement. Il n'est pas traître à son corps, se dit d'un homme qui ne s'épargne rien, qui ne se refuse pas les commodités de la vie.Dans la justice féodale, on disait que le corps était perdu quand une condamnation capitale était prononcée, par opposition à l'âme qui pouvait toujours être sauvée.• Si elle [la partie] était vaincue [en combat judiciaire], elle ne perdait point le corps, mais le témoin était rejeté, MONTESQ. Esp. XX, 15.Fig. Le corps d'une devise, la figure qui y est représentée, par opposition à l'âme de la devise ou mots qui accompagnent cette figure.4° La personne même. Répondre de quelqu'un corps pour corps, se porter garant de sa loyauté.• J'en réponds corps pour corps, CORN. le Ment. IV, 9.• Je réponds de vous corps pour corps, LA FONT. Oies..Faire bon marché de son corps, s'exposer hardiment au péril, ne pas se ménager assez.Bourreau de son corps, celui qui ne ménage pas sa santé.Un drôle de corps, un homme original, plaisant. On dit dans le même sens : c'est un plaisant corps.C'est un pauvre corps, c'est un homme sans esprit ni vigueur.Fig. Tomber sur le corps de quelqu'un, l'attaquer vivement en paroles, soit présent, soit absent.Avoir une mauvaise affaire sur le corps, être impliqué dans quelque affaire compromettante, dangereuse.La personne du prince. Les gardes du corps.Terme de jurisprudence. La personne, par opposition aux biens ou aux marchandises. Séparation de corps et de biens. La contrainte par corps.• Il ordonna que personne ne serait obligé par corps pour dettes civiles, MONTESQ. Esp. XII, 21.• Solon ordonna à Athènes qu'on n'obligerait plus le corps pour dettes, MONTESQ. Esp. XX, 15.Le par-corps, la contrainte par corps. Craindre le par-corps.Terme de marine. Périr corps et cargaison, corps et biens, se dit quand tout périt, vaisseau et marchandises.À corps perdu, loc. adv. sans ménagement pour sa personne, sans circonspection. Il se jeta a corps perdu dans la mêlée. Il se jeta à corps perdu dans les entreprises.• Je te veux découvrir les maux qui sont attachés à cette profession ; tu t'y jetteras, si tu veux, à corps perdu, D'ABLANCOURT Lucien, t. I, dans RICHELET.À son corps défendant, loc. adv. En résistant à une attaque. S'il l'a tué, c'est à son corps défendant. La construction est : à [en] défendant son corps.Fig. malgré soi, à regret. Je n'y ai consenti qu'à mon corps défendant.• Or si parfois j'écris suivant mon ascendant, Je vous jure, encore est-ce à mon corps défendant, RÉGNIER Sat. XV.• Et l'on sait qu'elle est prude à son corps défendant, MOL. Tart. I, 1.5° Bon corps, mauvais corps, bon état, mauvais état de la constitution.• Ce roi vit un troupeau qui couvrait tous les champs, Bien broutant, en bon corps...., LA FONT. Fabl. X, 10.Absolument. Corps, l'embonpoint. Prendre du corps.Faire corps neuf, se dit du rétablissement après une longue maladie. Cela se dit aussi des chevaux mis au vert.Terme de fauconnerie. Être trop en corps, se dit d'un oiseau, quand il est trop gras et qu'il vole avec difficulté.6° Terme de théologie. Il se dit en parlant du sacrement de l'Eucharistie. Recevoir le corps de Notre-Seigneur.Corps saint, le corps d'un saint. On trouva dans cette église plusieurs corps saints.Enlever un homme comme un corps saint, l'enlever de vive force et sans qu'il ait le temps de résister. Ainsi écrite, cette locution est inintelligible ; car les corps des saints ne sont enlevés ni de vive force ni sans qu'ils aient le temps de résister ; voyez-en l'explication à CORSIN qui est une bonne orthographe, celle-ci étant tout à fait vicieuse. Aussi, comme on ne comprenait plus la locution, on y a attaché un sens tout opposé et en rapport avec corps saint, c'est-à-dire enlever en pompe et avec honneur, ainsi qu'on le voit par cette phrase d'une traduction de Don Quichotte, citée par LEROUX DE LINCY, Prov. t. I, p. 9 : " On vint le [Sancho] recevoir sous les armes, on l'enleva en pompe comme un corps saint, et on le porta sur les épaules à la grande église. " Mais le fait est qu'en ce sens la locution n'existe ni dans les textes ni dans les dictionnaires.Corps glorieux, état où seront les corps des bienheureux après la résurrection.Familièrement et par antiphrase. C'est un corps glorieux, ce n'est pas un corps glorieux, c'est ou ce n'est pas une personne qui reste longtemps sans éprouver certains besoins corporels.7° Partie des vêtements qui s'applique à la partie supérieure du corps.• Je crois toujours que c'est qu'on voit mes pensées au travers de mon corps de jupe, SÉV. 75.• Il faut lui mettre un petit corps qui lui tienne la taille, SÉV. 271.• Elle paraît en simple déshabillé, sans corps, SÉV. 3.Corset.• Sa santé [de Mme de Chevreuse] ne lui permettait pas depuis quelque temps de mettre un corps, SAINT-SIMON 238, 174.• Ces modes étaient extravagantes ; c'était un corps qu'on laçait par derrière, VOLT. Moeurs, 82.• Leurs femmes ignoraient l'usage de ces corps de baleine, J. J. ROUSS. Ém. V.• Les bandages du maillot peuvent être comparés aux corps que l'on fait porter aux filles dans leur jeunesse, BUFF. De l'enfance..Corps de baleine, ancien corset de femme fait avec des baleines.• D'habiles naturalistes ont soutenu que ces espèces de cuirasses (les corps de baleines serrés) pour renfermer et contenir la taille des enfants sont très pernicieuses, parce qu'elles gênent la nature, la forcent et souvent l'étouffent ; ce fut Catherine de Médicis qui en introduisit l'usage en France, SAINT-FOIX Ess. Paris, t. IV, p. 265, dans POUGENS.Corps de cuirasse.• Il leur avait passé un corps de cuirasse, LA BRUY. XII.8° Par extension de l'idée de corps d'animal à celle d'un objet quelconque, tout ce qui frappe nos sens par des qualités spéciales. L'air, la terre, une pierre, un arbre, un animal, sont autant de corps. L'impénétrabilité des corps.• Le corps n'est autre chose qu'une étendue solide et bornée par une figure qui est une manière d'être de cette étendue, BOULLAINVILLIERS Réfut. de Spinosa, p. 31.• Les corps ne sont figurés, mobiles, etc. que parce qu'ils sont étendus, CONDILLAC Gramm. Précis des leçons préliminaires, art. 4.• Il est certain que nous n'avons aucune démonstration de l'existence des corps l'auteur célèbre des causes occasionnelles l'avait déjà prouvé ; et les raisons qu'allègue le théologien anglais ne font que mettre cette proposition dans un plus grand jour, BONNET Essai psychol. ch. 33.• Cependant le cerf vole ; et les chiens sur la voie Suivent ces corps légers que le vent leur envoie, DELILLE Homme des champs, I.En physique, on distingue les corps en solides et en fluides, et ceux-ci en liquides et en fluides élastiques.Terme de chimie. Corps simples, ceux dont on n'a pu tirer, jusqu'à ce jour, qu'une seule espèce de molécules. Corps composés, ceux qui sont formés de deux ou de plusieurs espèces de molécules.Les corps célestes, le soleil, les étoiles fixes, les planètes, les satellites et les comètes.• Toute leur félicité consiste en ce qu'elles y entendent l'harmomie que les corps célestes font par leurs mouvements, FONTEN. Mondes, 3e soir..• Le fameux problème que les géomètres ont appelé problème des trois corps, parce qu'il consiste à déterminer l'orbite d'un corps céleste attiré par deux autres, D'ALEMB. Encycl. Disc. prélim. Oeuvres, t. XIV, p. 93, dans POUGENS..Terme de physiologie. Corps organisé, tout corps ou portion de corps appartenant ou ayant appartenu à un corps vivant, végétal ou animal.Terme de chirurgie. Corps étrangers, corps qui sont introduits accidentellement ou qui se développent dans l'économie.Prendre l'ombre pour le corps, prendre l'apparence pour la réalité.C'est l'ombre et le corps, se dit de deux personnes inséparables.Faire corps, se dit des choses unies ou adhérentes. Le bourgeon fait corps avec l'écorce.Fig.• Les nouvelles prières faisaient corps avec les anciennes, BOSSUET Messe..• Une magistrature qui ne fait point corps avec les autres, J. J. ROUSS. Contr. IV, 5.9° Terme de droit. Corps de délit, fait matériel qui constate le crime.Corps certain et déterminé, un objet désigné, comme par exemple le cheval qui est dans l'écurie : cela se dit par opposition aux choses de genre.Corps héréditaire, la masse des biens qui composent une succession.10° La partie principale ou la plus grosse de certains objets. Le corps d'un violon, d'une pompe, d'un carrosse, d'un édifice, d'un vaisseau.Par extension.• Ce n'est là que l'ouvrage d'un académicien ; si celui de l'Académie était publié, non-seulement il nous résoudrait une infinité de doutes, mais encore il est vraisemblable qu'il affermirait et fixerait en quelque sorte le corps de la langue, PELLISSON Hist. Acad. t. I, p. 150, dans POUGENS.Corps de sonde, ensemble d'allonges ajustées les unes à la suite des autres.Dans l'écriture, le corps d'une lettre, le principal trait de cette lettre.Quand on parle d'une lettre missive, le corps d'une lettre est cette lettre sans les compliments, la date, la signature, etc.En typographie, la dimension de la pièce fondue qui supporte l'oeil de la lettre et qui se mesure par points typographiques du côté du cran. Au lieu de trismégiste, gros canon, etc. on dit corps 36, corps 44, en sous-entendant points.La partie d'un poêle, comprise entre le socle et la corniche.Terme de serrurerie. La tige d'une espagnolette.11° Collection, recueil de pièces. Le corps de l'histoire de France par les bénédictins. Le corps du droit civil.• Dans un temps où chaque ville, bourg ou village, avait sa coutume, donner un corps général de lois écrites, c'était vouloir renverser dans un moment toutes les lois particulières sous lesquelles on vivait dans chaque lieu du royaume, MONTESQ. Esp. XXVIII, 37.• Dès l'âge de vingt ans, le jeune Montesquieu préparait déjà les matériaux de l'Esprit des lois, par un extrait raisonné des immenses volumes qui composent le corps du droit civil, D'ALEMB. Éloges, Montesquieu..12° Corps de doctrine, ensemble de principes religieux ou philosophiques.Corps de la conduite, ensemble de la conduite que tient une personne.• Lorsque l'oeil est simple et éclairé, il répand la lumière sur tout le corps de la conduite, MASS. Confér. Conduite..Terme de jurisprudence. Corps de preuves, réunion de plusieurs sortes de preuves qui toutes ensemble concourent à former une preuve complète.13° Épaisseur ou consistance que présentent certaines choses. Ce papier, cette étoffe, ce sirop n'a pas de corps. Un vin qui a du corps, de la force.Fig.• Ce sont viandes creuses qui n'ont pas assez de corps pour la sustenter, BOSSUET Bonté, 2.• Il faut donner du corps à toutes les instructions qu'on veut insinuer dans l'esprit de l'homme, FÉN. XXI, 49.14° Réunion de personnes vivant sous les mêmes lois. L'État est un corps politique dont le souverain est le chef. L'Église est un corps mystique dont J. C. est le chef.• À moins que d'une tête, un si grand corps chancelle, CORN. Othon, III, 2.• Le corps politique, aussi bien que le corps de l'homme, commence à mourir dès sa naissance et porte en lui-même les causes de la destruction, J. J. ROUSS. Contr. soc. III, 11.• Le corps politique, pris individuellement, peut être considéré comme un corps organisé vivant, semblable à celui de l'homme, J. J. ROUSS. Économie polit..• Le corps entier du peuple n'affecte, ne flatte ni ne dissimule, MONTESQ. Rom. 14.• Vois l'empire romain tombant de toutes part, Ce grand corps déchiré dont les membres épars Languissent dispersés sans honneur et sans vie, VOLT. Fanat. II, 8.• Il est venu de tous les États ne former qu'un corps, MASS. Car. Immut..• Pour faire de tout un même corps, BOSSUET Hist. II, 13.• Les Juifs demeurent toujours en corps de peuple, BOSSUET ib. II, 7.Le corps de l'Église, l'ensemble des fidèles.• La profession du christianisme suffit pour faire partie du corps de l'Église ; ce qu'il avance contre M. Claude, qui ne compose le corps de l'Église que de vénérables fidèles, BOSSUET Variat. 3e avert. § 1.• C'était un corps d'église qu'il fallait montrer, un corps où l'on prêchât la vérité et où l'on administrât les sacrements, BOSSUET Variat. XV, § 6.15° Compagnie qui, réunie par un certain lien, a une existence et une fonction dans l'État ou dans l'Église. Le corps du clergé, de la noblesse. Les grands corps de l'État. Le corps législatif.• Ce grand corps tous les ans change d'âme et de coeurs, C'est le même sénat et d'autres sénateurs, CORN. Tite et Bérén. V, 2.• Son inimitié Voulut de ce grand corps retrancher la moitié [des janissaires], RAC. Baj. I, 1.• Les grands corps s'attachent toujours si fort aux minuties, aux vains usages, que l'essentiel ne va jamais qu'après, MONTESQ. Lett. pers. 109.• De sorte que tout notre corps est responsable des livres de chacun de nos pères [jésuites], PASC. Prov. 9.• Un si grand corps [l'ordre des jésuites] ne subsisterait pas dans une conduite téméraire et sans une âme qui le gouverne et qui règle tous ses mouvements, PASC. Prov. 5.• Quel parti prenez-vous dans la querelle des deux médecins, Théophraste et Artemius ? car c'est une affaire qui partage tout notre corps, MOL. Amour méd. II, 3.• Les corps, aussi peu infaillibles que les particuliers, payent comme eux le tribut à l'erreur et à la fragilité humaine, D'ALEMB. Éloges, J. Test. de Mauroy..Corps constitués, les divers tribunaux ou administrations, par opposition soit au corps de la nation, soit au corps législatif ou constituant.En droit, collection d'individus qui a une existence légale, exerce des droits propres, pris par opposition aux personnes individuelles.Le corps de ville, les magistrats de la municipalité.• Pierre le Grand reçut les respects du corps de ville, VOLT. Russie, II, 8.Le corps diplomatique, les ambassadeurs et les ministres étrangers.Corps de métier, réunion des ouvriers d'un même état.Corps d'état, réunion des personnes d'un même état.Esprit de corps, opinions bonnes et mauvaises communes aux divers membres d'une corporation.• Ce n'est pas seulement dans le militaire qu'on prend l'esprit de corps, J. J. ROUSS. Ém. IV.• Hélène, la plus célèbre des belles, à laquelle vous devriez, madame, par le même esprit de corps, vous intéresser aussi bien qu'à la dixième muse, P. L. COUR. I, 21.• Admis enfin, aurai-je alors Pour tout esprit l'esprit du corps ?, BÉRANG. Académ. et Cav..Repas de corps, repas d'apparat où se réunissent les membres d'un corps.En corps, loc. adv. En masse, collectivement.• Et le sénat en corps vient exprès d'y monter, Pour jurer sur vos lois, aux yeux de Jupiter...., CORN. Othon, V, 10.• Toute la ville en corps reconnaîtra ce zèle, MOL. l'Étour. III, 2.• La faculté a été consultée en corps, BOSSUET Comet..16° Terme du langage militaire. Corps d'armée, grande division d'une armée. Le troisième corps d'armée, ou, simplement, le troisième corps prit position. Corps de bataille, la partie centrale de l'armée. Corps de réserve, corps tenu en arrière pour être appelé au besoin.• Il formera un grand corps d'armée, PASC. Proph. 26.• Il paraît que les Asiatiques ont été des siècles avant de savoir diviser une armée en différents corps, CONDILLAC Hist. anc. I, 18.• Un général d'armée n'emploie pas plus d'attention à placer sa droite ou son corps de réserve...., MONTESQ. Lett. pers. 110.• Ses ordres de mouvement avaient été exécutés avec une telle précision, que tous ces corps, partis du Niémen à des époques et par des routes différentes, malgré des obstacles de tout genre, après un mois de séparation et à cent lieues du point où ils s'étaient quittés, se trouvèrent à la fois réunis à Beszenkowiczi, où ils arrivèrent le même jour et à la même heure, SÉGUR Hist. de Nap. IV, 7.Un corps d'infanterie, de cavalerie. Il est aimé dans son corps. Il a rejoint son corps, il a rejoint son régiment.• Chaque corps ennemi qui se présenta sur nos flancs comme assaillant fut assailli ; la cavalerie fut refoulée dans le bois, et l'infanterie rompue à coups de sabre, SÉGUR Hist. de Nap. IV, 7.L'ensemble de ceux qui appartiennent à certaines armes spéciales. Le corps du génie. Le corps d'artillerie.• Nos dragons, notre corps d'artillerie, VOLT. Lett. Mme de St-Julien, 21 sept. 1775.Corps francs, petits corps de troupes qui n'appartiennent pas à la ligne, qui d'ordinaire ne reçoivent pas de solde, et qui souvent ont un caractère insurrectionnel.Dans l'ancienne armée française les premiers corps d'infanterie étaient les régiments des gardes françaises et suisses ; après marchaient les six vieux corps, qui étaient les régiments de la plus ancienne création, Picardie, Piémont, Champagne, Navarre, Normandie et le Maine ; ensuite les six petits vieux corps, qui portaient chacun le nom de son colonel.Corps de garde, petite troupe qui monte la garde.• J'aime les sobriquets qu'un corps de garde impose ; Ils conviennent toujours..., LA FONT. Ballade, sur le nom de Louis le Hardi.Lieu où se tient cette petite troupe.Plaisanteries de corps de garde, plaisanteries grossières.• Les quolibets que je hasarde Sentent un peu le corps de garde, LA FONT. Lett. XXIII.Habitudes de corps de garde, se dit d'habitudes de sans-gêne, comme fumer, se coucher nonchalamment, etc.17° Corps d'harmonie, se dit quelquefois d'un corps de musique militaire.Le corps de ballet, la troupe des danseurs qui exécutent un ballet, par opposition à ceux qui dansent un pas. Corps de ballet désigne aussi la troupe des danseurs.18° Corps de logis, la masse ou la partie principale d'un bâtiment, considérée séparément des pavillons ou ailes.• Quand l'architecte travaille au corps du bâtiment, s'il ne songe ni à la cour ni au portail, son ouvrage n'est qu'un assemblage confus de parties magnifiques qui ne sont point faites les unes pour les autres, FÉN. Tél. XXII.• Trois corps de logis, formant avec l'église un carré long, composent l'édifice des Invalides, CHATEAUB. Génie, III, I, 6.Corps de logis simple, celui qui ne renferme qu'une pièce ou qu'une seule suite de pièces. Corps de logis double, celui qui, dans son épaisseur, renferme deux pièces ou une suite de pièces.Corps de logis se dit aussi d'un édifice détaché de l'édifice principal. Il occupe un petit corps de logis au fond du jardin.19° Terme d'architecture. Corps, toute partie qui, par sa saillie, excède le nu du mur et sert de champ à quelque décoration.Terme de construction hydraulique. Corps mort, pièce de bois pour assujettir les mâts au fond de l'eau.20° Terme de marine. Corps mort, objet établi solidement sur le rivage ou sur le fond d'une rade pour l'amarrage des navires.Corps de voile, voile principale.Corps de pompe, l'ensemble des pompes principales.Corps de voilure, la voilure entière.Corps organisés, nom des équipages de ligne et des compagnies d'ouvriers mécaniciens.La partie d'un bateau de pêche comprise depuis le mât jusqu'à peu près les deux tiers de sa longueur, tant à l'avant qu'à l'arrière.21° Terme d'anatomie, nom de certaines parties. Le corps calleux. Le corps vitré.La partie principale de chaque os ou de chaque muscle. Le corps du sphénoïde. Le corps du fémur. Le corps du triceps fémoral.Le corps jaune, petite vésicule qui est dans l'ovaire.22° Terme de botanique. Le corps ligneux, le bois, la partie de la tige comprise entre la moelle et l'écorce.Corps cotylédonaire, les cotylédons rapprochés et soudés, de manière à ne faire qu'un seul corps.23° Terme de numismatique. Se dit de toutes les figures empreintes sur les médailles.24° Terme de gravure. La largeur et l'épaisseur de la partie du burin qui est aiguisée en losange.Terme de peinture. Corps percé, couleur claire placée sur une autre couleur claire.Xe s.• Bel avret [elle avait] corps, bellezour anima, Eulalie.XIe s.• Home qui plaide en curt, à cui curt que ço soit, fors là où li cors le rei est...., L. de Guill. 28.• Gent ad le cors et contenance fiere, Ch. de Rol. VIII.• Je conduirai mon cors [ma personne] en Roncevauz, ib. LXIX.• Franceis descendent, si adoubent lur cors, ib. CXXXIV.• Li amirals en jure quanqu'il puet De Mahomet les vertuz et le cors, ib. CCXXXIV.XIIe s.• Et ton saint cors livras à la passion, Ronc. p. 48.• Outre, cuivers ! [que] li cors Dieu te honnie, ib. p. 58.• Dusque je soie de vostre cors [sur votre personne] vengez, ib. p. 107.• Car je mon cors de traïson defent, ib. p. 181.• Mais [ils] n'i voient rien qui fasse à desplaire N'en cors, n'en bras, n'en bouche, n'en menton, Couci, II.• Et ses beaus bras et son cors bel et gent, ib. V.• Comment me puet li cuers au cors durer Qu'il ne s'en part ?, ib. XXII.• Se par bataille ne me puis esploitier Tot cors à cors encontre un chevalier, Li coronemens Looys, V. 2353.• Si m'est au cors une autre amour emprise, Qui me requiert et allume et esprent, QUESNES Romancero, p. 90.• Qui puis derraisna [défendit la cause de] France cors à cors à [contre] Broier, Sax. IV.• De tout vostre gaain ne vous demant-je mie Fors li cors Helissant [la personne d'Helissant], ib. VII.• Et si dui fil ocis et sa fame au cors gent, ib. XII.• Jofroiz li Angevins se dresse en son estage ; Bel chevalier i ot de cors et de visage, ib. XXVI.• [Que chaque baron aille chez soi] Pour aprester ses homes, son cors et son afaire, ib. XXXI.XIIIe s.• Et mande à tous ceus de l'os, et à petis et grans, que ses cors [sa personne] meismes ira avecques vous en la terre d'outre mer, VILLEH. II.• Et d'autre part del bras saint Jorge ne tenoient fors que seulement le cors de la cité, VILLEH. CL..• Et li Venicien leur firent marchié plenteureus de toutes choses que il convenoit à cors d'ome et à cors de cheval, ID. XXXIII.• Mainte ame en fu de cor sevrée et departie, Berte, II.• Après [ils] le marierent pour son cor [sa personne] honorer, ib. III.• C'ert [c'était] la fille à la serve, ses cors soit lui [à elle] honnis, ib. V.• Or soit Diex de mon cor et de m'ame gardere, ib. XVIII.• À Dieu [elle] s'est comandée et au cor [de] saint Denise, ib. XXXI.• [Il] n'ot plus d'hoirs de son cor fors Berte la courtoise, ib. LXII.• En la serve [il] avoit mis cuer et cor et desir, ib. LXIII.• Dont [donc] ne lui faites mie du cor la vie oster, ib. XCVII.• Plus [j'] eüsse vo cor [votre personne] honoré et servi, ib. CXVIII.• D'un samit portret à oysiaus, Qui ere tout à or batus, Fu ses cors richement vestus, la Rose, 826.• Et aussi quant feme est condampnée à perdre le cors par jugement, et ele dit que ele est grosse, li jugemens ne doit pas estre fes ne mis à execussion, BEAUMANOIR VII, 12.• En tel cas doit estre fete recreance à cix qui poent baillier bons pleges, cors por cors, de revenir à jor et de penre droit, BEAUMANOIR LVIII, 18.• Li rois ne cil qui tient en baronnie ne doivent lever nul ronci de service, porce qu'il poent penre les cors armés et montés toutes les fois qu'il veulent et qu'il en ont mestier, BEAUMANOIR XXVIII, 9.• Selon le [la] coustume, nus cors d'omme n'est pris por dette, s'il n'a par letres son cors obligié à tenir et à metre en prison, BEAUMANOIR XXIV, 12.• Li Sarrazins distrent que il n'en feroient riens, se en ne leur lessoit le cors [la personne] le roy en gage, JOINV. 237.• Nous trouvames que le roy son cors [de sa personne] avoit fait enfouir les cors des crestiens que les Sarrazins avoient occis, JOINV. 278.• À l'onneur du vrai cors saint, JOINV. 192.XIVe s.• En un champ de bataille, corps à corps, per à per, Guesclin. 2397.• Vassaus, dist Polibans, tu scés d'encanterie, Qui desarmés te veus combatre, à cheste fie [à cette fois], Contre mi corps à corps ; tu penses à folie, Baud. de Seb. XI, 253.• Les exposans trouverent un jeune homme couchié sur Pautel de la Magdalaine, où l'en chante et celebre continuelement le corps nostre Seigneur, DU CANGE corpus..XVe s.• Qui garde le corps ne garde rien, FROISS. II, II, 206.• Dont le roi eut si grand joie de sa venue [messire Jean de hainaut] qu'il le retint pour son corps et de son plus privé et especial conseil, FROISS. I, I, 269.• À l'un des lez de la ville sied le chastel ; au corps de la ville estoient le comte d'Eu et de Ghines, FROISS. I, I, 271.• Ils ne cuidoient mie que nul François corps à corps s'osast combattre contre un Anglois, FROISS. II, II, 69.• La tierce bataille eut le roi pour son corps [de sa personne], FROISS. I, I, 284.• Et fut delivrée à Mgr Jean de hainaut une abbaye de blans moines pour son corps et son tinel tenir, FROISS. I, I, 30.• Or avint ainsi que messire Henri de Flandre, en sa nouvelle chevalerie, et pour son corps avancer et accroistre son honneur, se mit un jour en la compagnie de plusieurs chevaliers, FROISS. I, I, 86.• Et s'elle veult aller au corps [enterrement] De Gautier, hersant ou Jehannette, EUST. DESCH. Poésies mss. f° 496.• Et que sa femme soit de corps [serve], EUST. DESCH. ib. f° 551.• Mauldit soit mon corps, se vous ne vous repentez de la parolle que avez dicte, Lancelot du lac, t. II, f° 116.• Le pauvre corps de luy n'aura jamais repos, fors tribulation et peine, Les 15 joyes du mariaige, p. 166, dans LACURNE.XVIe s.• La contemplation embesongne nostre ame à part du corps, MONT. I, 68.• Avoir encores vingt ans dans le corps, MONT. I, 73.• Je n'en cognoissois pas seulement le nom [de ces livres], ny ne foys encores le corps, MONT. I, 196.• À corps perdu, MONT. I, 254.• Il portoit un corps de cuirasse soubs un habit de religieux, MONT. I, 309.• Un corps d'ennemis, MONT. II, 6.• Les autres, luy donnans de loing de grands coups de piques, luy faulserent son corps de cuirace, AMYOT Pélop. 60.• Il accusa tout le corps de la ville, ne plus ne moins que si c'eust esté une seule personne privée, du meurtre commis, AMYOT Cimon, 4.• Les assiegeans firent un grand retranchement bien tenaillé, avec platte forme et cazemattes, par lequel (comme on dit en telles choses) ils mirent ce corps de logis dehors, D'AUB. Hist. II, 154.• Ils n'avoient qu'un corps de logis, qui ne pouvoit attendre un canon, D'AUB. ib. 193.• Ils ne prenoient de l'eau beniste en entrant en l'eglise qu'en leurs corps deffendant, Satyre Mén. p. 70.• Un corps [corset] de fer, un pourpoint contre-pointé, afin de tenir le corps droit et menu, PARÉ Introd. II.• Corps vuide, ame desolée ; Et bien repeu, ame consolée, LEROUX DE LINCY Prov. t. I, p. 212.• Ce que n'entre au corps Entre aux manches ou aux bords, LEROUX DE LINCY ib..• Et est entendu le corps de la chastellenie la principale ville ou le principal bourg d'icelle, et les branches sont les autres lieux, Coust. génér. t. II, p. 123.• Ce feu estoit au corps d'hostel de devant, l'Amant ressuscité, p. 524, dans LACURNE.• Bon chasteau garde qui sçait son corps garder, COTGRAVE .• Homme endormi, corps enseveli, ID. .• Quand les biens viennent, les corps faillent, COTGRAVE .• Dans les livres de la discipline militaire de Langey vous ne trouverez ny corps de garde ny sentinelle, ains au lieu du premier il l'appelle guet, et le second estre aux escoutes, PASQUIER Recherches, p. 662, dans LACURNE.Provenç. cors ; espagn. cuerpo ; ital. corpo ; du latin corpus ; comparez le celtique : gaél. corp ; irland. cuirp ; cornw. coref ; kymri, corf, cwrf ; bas-bret. corf ; d'après Burnouf. Yaçna, p. CXIX et p. 137, le même que le zend kehrpa ( avec un e bref), corps, sanscrit kripita, ventre. Dans l'ancien français, le nominatif est li cors, et le régime, par une faute devenue habituelle, le cors, aussi avec l's ; cependant quelques textes ont la forme régulière le cor.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRECORPS. Ajoutez :25° Terme de fortification. Corps de place ou enceinte, ligne continue de fortification qui entoure une ville forte.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.