- contrecarrer
- (kon-tre-kâ-ré) v. a.1° S'opposer en face, directement à quelqu'un.• Ainsi ce vieux rêveur qui naguères, à Rome, Contrecarrait Caton, critique en ses discours, Et toujours rechignait et reprenait toujours, RÉGNIER Sat. V.• J'allai à vêpres pour le contre-carrer, SÉV. 240.• Et dès ce soir je veux, Pour la contre-carrer, vous marier tous deux, MOL. Femmes sav. IV, 7.• Pour contre-carrer la mollesse du monde, BOSSUET Bern. 1.• C'en est trop, mon mari ; vous me contrecarrez, vous m'insultez, vous m'outragez, DU FRÉNY Espr. de contrad. sc. 10.2° Se contre-carrer, v. réfl. Se faire obstacle l'un à l'autre.• Bientôt, se contrecarrant mutuellement, elles [certaines classes] useront presque toutes leurs forces les unes contre les autres, J. J. ROUSS. Gouv. de Polog. ch. 7.Des lexicographes ont reproché à l'Académie de ne pas écrire contre-carrer avec un trait d'union, comme elle écrit contre-balancer.XVIe s.• Nobles avec lesquels ils se contrecarrent [comparent], DES ACCORDS Bigarr. p. 14, dans LACURNE.Contre, et carre (voy. carre), qui signifie face carrée ; contre-carrer est donc mettre quelque chose de carré contre quelqu'un. On aurait pu songer à care, pour chère, face (voy. chère) : mettre face contre face, faire obstacle ; mais le mot serait écrit par une seule r, contrecarer, comme l'ancien français acarier, confronter.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.