- contenance
- (kon-te-nan-s') s. f.1° Quantité de ce qui est contenu ; capacité. Un vase de la contenance de deux litres. Ce navire est de la contenance de tant de tonneaux.2° Étendue, superficie. Ce parc est de la contenance de sept hectares.3° Maintien, manière de se tenir, de se montrer.• Sans art elle s'habille, et, simple en contenance...., RÉGNIER Sat. XIII.• Je vous voyais marcher sur les précipices avec une contenance gaie, VOIT. Lett. 34.• Il [le chat] est velouté comme nous [rats], Marqueté, longue queue, une humble contenance, LA FONT. Fab. VI, 5.• Pourvu qu'on demeure dans une contenance respectueuse, PASC. Prov. 9.• Il n'a pas encore pris la contenance d'un homme consolé, SÉV. 417.• De quels yeux regardèrent-ils le jeune prince, dont la victoire avait relevé la haute contenance, à qui la clémence ajoutait de nouvelles grâces ?, BOSSUET Louis de Bourbon..• Il remarqua ma contenance basse, éperdue, humiliée, indice de mes remords, J. J. ROUSS. Hél. I, 63.Se faire une contenance, se remettre d'un embarras.• Elle fut longtemps à se faire une contenance, SÉV. 412.N'avoir point de contenance, se tenir fort mal, être embarrassé de sa personne.• Mais le voici venir triste et sans contenance, MAIR. Sophon. IV, 4.Par extension.• Rien ne m'attire à Paris, je n'y ai point de contenance, SÉV. 383.• Tenir une misérable et chétive contenance, HAMILT. Bélier, 443.Se donner, prendre une contenance, se donner un maintien. Par contenance, pour se donner un maintien.• Vous êtes étonnée que j'aie un petit chien ; voici l'aventure : j'appelais par contenance une chienne d'une madame qui demeure au bout de ce parc, SÉV. 232.• Je me vais purger pour prendre cette petite eau par contenance, SÉV. 388.• Ce lui [à une veuve] sera une contenance que d'avoir à élever ce petit garçon, SÉV. 301.• Vous savez tous nos succès de Brest et que nous n'avons plus que trois régiments de Bretons pour servir de contenance au maréchal d'Estrées à Brest, quand notre flotte sera partie, SÉV. 572.• M. de Lavardin fait ici l'amoureux d'une petite madame, j'ai trouvé que c'est une contenance dont il a besoin comme d'un éventail, SÉV. 76.• On dit, sans savoir pourquoi, qu'il est honnête à une femme de travailler ; mais souvent ce ne sera qu'une contenance, et elle ne s'accoutumera pas à un travail suivi, FÉN. XVII, 7.Faire bonne contenance, témoigner de la fermeté et de la résolution.• Socrate montra si bonne contenance, que ceux qui poursuivaient les fuyards n'eurent jamais l'audace de l'attaquer, FÉN. Socrate..• On ne pouvait faire meilleure contenance, BOSSUET Var. préf..• Sa fille tient une contenance admirable dans cette occasion, SÉV. 580.Perdre contenance, être subitement déconcerté et confus.• Il lui arrive souvent de perdre contenance, LA BRUY. XIII.• A qui une carte fait perdre la contenance, LA BRUY. XII.• Hamilton ne savait quelle contenance tenir, HAMILT. Gramm. 8.XIe s.• Gent a le cors et contenance fiere, Ch. de Rol. VIII.• Quand Charles veit si beles cuntenances [de ses guerriers], ib. CCXIV.• Souz son mantel [il] en fait la cuntenance [d'homme affligé], ib. LXV.XIIe s.• Mais pour belle Aude [il] fit gente contenance, Ronc. p. 165.XIIIe s.• Or vos dirai de l'autre part La contenance de Renart, Qui Ysengrin engingnié a Par son englois que il parla, Ren. 12510.• Loés toutes ses contenances [de votre dame], Et ses ators et ses semblances, Et servés de vostre pooir, la Rose, 7815.• Et parlerés andui [tous deux] ensemble De la bele qui ton cuer emble, De sa biauté, de sa semblance, Et de sa simple contenance, ib. 2708.• .... Bel-Acueil, qui tout fremist, Et tremble, et tressaut et gemist, Rougist, palist, pert contenance, ib. 12885.• Des nobles gens de la carole [danse] M'estuet dire les contenances, Et les façons, et les semblances, ib. 991.• A tant li conte assis se sont Par contenance, sans mengier ; Leans n'eut la nuit chevalier, Serjant, dame ne damoisele, Qui peüst vuidier escuele, Bl. et Jehan, 3371.• Et commanda l'en que en y receust celles qui vourroient faire contenance à vivre chastement, JOINV. 298.• Se tu vels trover le [la] contenance d'une plaine de 200 piés de lonc et de 200 piés de leece [largeur], Comput, f° 19.XVe s.• L'endemain les seigneurs eurent conseil qu'ils feroient assaillir les barrieres fortement, pour voir la contenance de ceux de dedans, FROISS. I, I, 173.• Le petit Saintré, qui encore n'avoit senty ne gousté des amoureux desirs nullement, avoit perdue toute contenance, Jeh. de Saintré, ch. 3.• Je ne prise point tels baisiers Qui sont donnez par contenance Ou par maniere d'accointance, CH. D'ORL. Chans. 49.• Car jeunes gens perdent tost contenance, CH. D'ORL. ib. 1.• Sans vin je perds contenance ; C'est ce qui mieux me convient, BASSELIN LVI.• Quant la deesse me eut dit ces raisons, j'en fus tant joieuse que à peu sçavoye ma contenance, Perceforest, t. VI, f° 23.• Touteffois ledit conte tint la meilleure contenance qu'il peut, COMM. I, 13.• À peu que son loyal coeur ne faillist, et ne savoit sa contenance tenir, LOUIS XI Nouv. I.• Madame n'en sait sa contenance que de jeter larmes à grand abondance, LOUIS XI ib. III.XVIe s.• Le bon Pantagruel tout voyoyt et escoutoyt : mais à ces propous, il cuyda perdre contenance, RAB. Pant. IV, 9.• J'appelle mines, toutes les folles contenances dont ils usent, CALV. Instit. 872.• Il n'estoit pas loisible de s'en venir par contenance tout saoul au lieu du convive [repas], AMYOT Lyc. 16.• Il se mainteint en cette mesme contenance, MONT. I, 6.• [Les femmes], par ces contenances mineuses, querelleuses et fuyardes qui nous esteignent en nous allumant, MONT. I, 96.• Aulcuns feirent contenance de changer de religion, MONT. I, 298.• Ils entreprirent avec le conseil de la dame de Retz de percer un cabinet, et de faire couler par la ruelle du lit, entre les contenances [manchons] et le rideau, une sarbatane d'aerin, par le moien de laquelle ils vouloient contrefaire un ange, D'AUB. Hist. II, 376.Contenir ; provenç. contenensa ; catal. contenenza ; ital. continenza. L'ancien français a dit, pour contenance au sens de maintien, contant et contenement.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.