- conquête
- (kon-kê-t') s. f.1° Action de conquérir.• Ils iront sans frayeur de conquête en conquête, CORN. Sertor. V, 1.• La conquête des Gaules porte au plus haut point la gloire et la puissance de César, BOSSUET Hist. III, 6.• Je pourrais aisément faire la conquête de cette île, FÉN. Tél. XIII.• A-t-on de l'univers affermi la conquête ?, VOLT. Triumv. I, 4.• Dans le dessein de priver de pauvres citoyens et de braves soldats de la part qui leur était si légitimement acquise dans les terres de conquête, VERTOT Révol. rom. liv. III, p. 254.• Ce n'est pas que, dans le cours de ses conquêtes passées, il n'eût pris plusieurs places, VOLT. Charles XII, liv. VIII.Vivre comme dans un pays de conquête, vivre à discrétion, sans gêne.• Mais quoi ? Rien ne remplit Les vastes appétits d'un faiseur de conquêtes, LA FONT. Fabl. VIII, 27.3° Fig.• De ces mêmes forfaits vous serez la conquête, CORN. Sertor. V, 4.• Il a fait de l'État une juste conquête, CORN. Cinna, II, 1.• Ceux qui travaillent à la conquête des âmes, BOSSUET Or. 7.• Et s'il nous est permis d'expliquer les sentiments du Sauveur par les sentiments humains, il s'émeut plus sensiblement sur les pécheurs convertis qui sont sa nouvelle conquête, mais il réserve une plus douce familiarité aux justes, qui sont ses anciens et perpétuels amis, BOSSUET Marie-Thér..• Et l'on porta sa tête aux pieds de Médicis, Conquête digne d'elle et digne de son fils, VOLT. Henr. II.Terme d'horticulture. Conquête se dit quelquefois d'une variété nouvelle d'une plante qu'on obtient par des semis.Faire la conquête de quelqu'un, lui inspirer de la sympathie. Cet homme a des qualités aimables, il a fait ma conquête.• Sa générosité lui fit une autre conquête, BOSSUET Hist. I, 8.4° Victoire qui s'obtient sur un coeur, dans les relations amoureuses, et aussi personne conquise. C'est une jeune et jolie personne qui fera bien des conquêtes.• Tant qu'ils ne sont qu'amants, nous sommes souveraines, Et jusqu'à la conquête ils nous traitent de reines, CORN. Poly. I, 3.• Oui, qu'un d'eux me l'apporte [la tête de Rodrigue], et je suis sa conquête [je me donne à lui], CORN. Cid, IV, 5.• Et mes ardents souhaits de voir punir son change Assurent ma conquête à quiconque me venge, CORN. Perthar. II, 1.• Après tant de hauts fait il m'est bien doux, seigneur, De voir sous les lauriers qui vous couvrent la tête Un si grand conquérant être encor ma conquête, CORN. Nicom. I, 1.• La dernière main que met à sa beauté Une femme allant en conquête, Est un ajustement des mouches emprunté, LA FONT. Fabl. IV, 3.• La Middleton fait impunément de nouvelles conquêtes, HAMILT. Gramm. 7.• Pauline commence à faire des conquêtes, SÉV. 583.• Hé bien, mes soins vous ont rendu votre conquête [en parlant de Pyrrhus], RAC. Andr. III, 2.• Allons, n'envions plus son indigne conquête, RAC. ib. II, 1.• Non que de sa conquête il paraisse flatté, RAC. ib. II, 1.• Mener en conquérant sa nouvelle conquête, RAC. ib. V, 1.• Où vous n'osez aller mériter ma conquête, RAC. ib. IV, 3.• Mais s'il eût dit : voyez quelle est votre conquête ; Je suis un jeune dieu, beau, galant, libéral, Daphné, sur ma parole, aurait tourné la tête, FONTEN. Sonnet..• Une belle ne partage avec personne l'honneur de ses conquêtes, elle ne doit rien qu'à elle-même, FONTEN. Dial. des morts, Alex. et Phryné..• D'un autre cependant Jocaste est la conquête, VOLT. Oedipe, II, 3.• Lise, ne fais plus de conquêtes Pour le bonheur de tes sujets, BÉRANG. Polit..• Mais non, c'est la coquette Du village voisin Qui m'offre une conquête En corset de basin, BÉRANG. Rêverie..Familièrement. Avoir, se donner des airs de conquête, prendre des airs avantageux et comme si on allait plaire à toutes les femmes qui se présenteront.XIIIe s.XVIe s.• Le refus que luy feirent les Macedoniens de passer outre à la conqueste des Indes, AMYOT Alex. 21.Féminin de conquêt ; provenç. conquesta ; espagn. et ital. conquista.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.