connaissance

connaissance
(ko-nê-san-s') s. f.
   État de l'esprit de celui qui connaît et discerne. La connaissance de Dieu. La connaissance du bien et du mal. La connaissance du coeur humain. Ce guide a la connaissance de la montagne.
   Qu'est-ce que Jupiter [planète] ? Un corps sans connaissance, LA FONT. Fabl. VIII, 16.
   Il n'est pas question ici de savoir si les bêtes ont de la connaissance, FÉN. Exist. XXIII.
   Les vaisseaux des Phéaciens ont de la connaissance comme les hommes et savent le chemin des villes, FÉN. t. XXI, p. 387.
   Malheur à la connaissance stérile qui ne se tourne point à aimer et se trahit elle-même !, BOSSUET Connaiss. IV, 10.
   Qui se connaît soi-même en a l'âme peu vaine ; Sa propre connaissance en met bien bas le prix, CORN. Imitation, I, 2.
   Être en âge de connaissance, dans l'âge où l'on agit avec discernement.
   Elle eut de la faveur, dès qu'elle eut de la connaissance, FLÉCH. Panég. II, p. 224.
   À ma connaissance, de ma connaissance, c'est-à-dire je sais que. À ma connaissance, il possède au moins dix mille livres de rente.
   Avoir connaissance de, connaître, savoir, être au courant de.
   Il eut de nos desseins si claire connaissance, RÉGNIER Sat. IV.
   Ce fanfaron chez elle eut de moi connaissance, RÉGNIER Sat. VIII.
   Madame, pour le moins, vous avez connaissance De l'auteur de ce bruit, CORN. Hér. II, 8.
   Ceux qui n'ont aucune connaissance de cet auteur, PASC. Prov. 17.
   Si vous aviez la connaissance des choses qui se sont passées, PASC. Prov. 2.
   Avez-vous de son coeur si peu de connaissance ?, RAC. Phèd. V, 3.
   Avoir connaissance de, avoir des nouvelles de, des renseignements....
   Je suis, dit-on, un orphelin Entre les bras de Dieu jeté dès ma naissance, Et qui de ses parents n'eut jamais connaissance, RAC. Athal. II, 7.
   Je n'ai de tout mon sort que cette connaissance, RAC. Iphig. II, 1.
   Hélas ! De mes enfants auriez-vous connaissance ?, VOLT. Zaïre, II, 3.
   Donner connaissance, faire connaître.
   Et lui-même il en donne assez de connaissance [il fait assez connaître qu'il n'est pas de naissance royale], CORN. Don Sanche, IV, 1.
   Nous lui donnâmes une connaissance parfaite de nos desseins, SÉV. 423.
   Venir à la connaissance, être connu par une voie quelconque.
   Quand il ne vient rien à ma connaissance, SÉV. 43.
   Comme il est venu à la connaissance de notre siége apostolique, BOSSUET Mand..
   Prendre connaissance d'une chose, l'examiner, s'en faire rendre compte.
   Agir, parler en connaissance de cause, avec connaissance de cause, c'est-à-dire pertinemment, pour raisons connues.
   Que ce soit un jugement rendu avec connaissance de cause, PASC. Prov. 18.
   M. Turgot est le protecteur de tous les arts, et il l'est en connaissance de cause, VOLT. Lett. de Lalande, 19 déc. 1774.
   Avoir une grande connaissance des affaires, y être très habile.
   Avoir une grande connaissance des tableaux, des livres, se connaître très bien en tableaux, en livres.
   État de celui qui se connaît lui-même, qui a le sentiment de son existence. Quoique voisin de l'agonie, il avait toute sa connaissance. Être sans connaissance, être privé de sentiment. Perdre connaissance, perdre le sentiment. Reprendre connaissance, sortir d'un évanouissement, d'un état de coma, d'un état de délire.
   On l'emporta dans sa tente plus mort que vif, ayant perdu toute connaissance, VAUGEL. Q. C. liv. III, ch. 5.
   Elle n'est pas encore morte, mais elle n'a aucune connaissance, SÉV. 116.
   Il fut trois heures sans connaissance, SÉV. 471.
   St Ambroise avait perdu la connaissance quand son confrère lui apporta la communion, BOSSUET Déf. comm..
   La foule s'agite, on m'emporte sans connaissance, CHATEAUB. René, 209.
   Terme de procédure. Droit de connaître et de juger. La connaissance de ce crime appartient à tel tribunal.
   François 1er ôta au parlement la connaissance de ce qui concerne les évêchés, VOLT. Moeurs, 138.
   Terme de marine. On a connaissance des côtes par les divers signes qui s'y rencontrent, la couleur et hauteur des terres, caps et montagnes, nature du fond, herbes, poissons et oiseaux qu'on y rencontre.
   Le soir, nous eûmes, comme disent les marins, connaissance de quelques palmiers, CHATEAUB. Itin. III, 59.
   Avoir connaissance d'un navire, l'apercevoir en mer de la côte sur laquelle on est.
   Connaissance des temps, almanach nautique publié depuis 1679 par le Bureau des longitudes.
   Au plur. Lumières acquises, savoir, érudition sur divers sujets. Il a, il possède des connaissances très variées. Les connaissances humaines. Dans l'état actuel de nos connaissances.
   Il favorise en roi ces hautes connaissances, LA FONT. Fabl. VII, 18.
   Attribuer aux anciens des connaissances astronomiques dont ils n'ont jamais eu que des soupçons très vagues, VOLT. Lett. de Lalande, 6 fév. 1775.
   Il avait un esprit trop juste pour ne pas voir l'inutilité, le ridicule ou même le danger des demi-connaissances, CONDORCET Maurepas..
   Liaison qui se fait entre des personnes qui se voient, qui se fréquentent.
   La postérité saura que cette considération m'obligea premièrement de rechercher votre connaissance, BALZ. liv. I, lett. 6.
   Je voudrais l'accoster.... Et tâcher de lier avec lui connaissance, MOL. Éc. des mar. I, 5.
   Faire connaissance avec quelqu'un, ou faire la connaissance de quelqu'un, nouer avec lui quelque liaison.
   Hé ! Dites-moi un peu, s'il vous plaît : combien aviez-vous d'années lorsque nous fîmes connaissance ?, MOL. Mar. forcé, sc. 2.
   Gens de connaissance, gens que l'on connaît ou qui se connaissent entre eux.
   Le grand bien que voici pour des gens de ma connaissance, PASC. Prov. 4.
   Trouve-t-on ici des gens de connaissance ?, SÉV. 85.
   Elle a trouvé beaucoup de gens de sa connaissance, SÉV. 132.
   C'est beaucoup tirer de notre ami, si, ayant monté à une grande faveur, il est encore un homme de notre connaissance, LA BRUY. VIII.
   Une figure de connaissance, une personne que l'on connaît.
   Il n'y avait personne de connaissance au bal, à la promenade, il n'y avait aucune de ces personnes qui sont généralement connues dans le monde.
   Être en connaissance avec quelqu'un, avoir des relations avec lui. Il y a dix ans que je suis en connaissance avec cette famille.
   Renouveler connaissance avec quelqu'un, reprendre avec lui une liaison qui avait été interrompue. Et fig.
   Il y a trois mois que je suis dans mon lit, et sans vous je n'aurais renouvelé connaissance avec aucune planète, VOLT. Lett. de Lalande, 6 fév. 1775.
   Personne avec qui on a ce genre de liaison. De vieilles connaissances. Dans le monde, on a beaucoup de connaissances et peu d'amis.
   Deux ou trois des connaissances qu'il s'était faites à la chasse, HAMILT. Gramm. 4.
   Le maître de la poste était son ancienne connaissance, HAMILT. Gramm. 11.
   C'est une de mes anciennes connaissances que je voulus renouveler exprès, PASC. Prov. 5.
   Le vrai objet est de se faire des connaissances et des amis, BOSSUET Lett. quiét. 81.
   On dit qu'un homme est en pays de connaissance, pour signifier qu'il est en un lieu où il a des connaissances, et fig. qu'il a à traiter des matières qui lui sont familières. Quand on parle à un géomètre de figures, il dit qu'il est en pays de connaissance.
   Tant qu'il sera en pays de connaissance, BOSSUET Lett. quiét. 185.
   Terme de vénerie. Marques, traces du pied de la bête, au moyen desquelles on reconnaît son âge et sa grosseur, etc.
   Des pinces de son cerf et de ses connaissances, MOL. Fâcheux, II, 7.
   Ce chien a connaissance de quelque chose, se dit quand un chien, mettant le nez en terre, se réjouit.
   Avoir connaissance, se dit quand on revoit du cerf qui va de bon temps, sans que les voies, trop vieilles, permettent au chien de se rabattre.
   Terme de théologie. Connaissance charnelle, cohabitation de l'homme et de la femme.
   Populairement, maîtresse, bonne amie. Avoir, faire une connaissance. Il est allé dîner avec sa connaissance.
   Elle resta longtemps sans connaissance ; à peine l'eut-elle reprise.... J. J. ROUSS. Hél. VI, 9. La règle est qu'à un mot pris sans article on ne fait pas rapporter les pronoms relatifs ou les pronoms tels que il, elle, lui, etc. Pourtant Jullien, Gramm. p. 249, pense que la phrase de Rousseau peut être admise, remarquant qu'aucun principe logique ne s'y oppose et qu'ici il n'en résulte pas d'obscurité.
   XIe s.
   Escuz [ils] ont gens [beaux] de moultes cunoisances [armoiries], Ch. de Rol. CCXXIII.
   Chrestienne [elle] est par veire conoisance, ib. CCXCII.
   XIIe s.
   Dix mille [ils] sont à une conoisance [blason], Ronc. p. 134.
   Connoissez, dame, au viz et à la chere, Que je n'os [ose] mon voloir Dire por parcevoir [parce qu'on s'en apercevrait] ; Mais bone dame doit savoir Conoissance et merci avoir, Couci, XVIII.
   XIIIe s.
   Qui là fust à cel point, assés peust veoir banieres et escus de diverses connissances, et desus toutes l'ensegne imperial, H. DE VALENC. VI.
   Vos n'estes mie nez de France, Ne de la nostre connoissance, Ren. 12112.
   Ceste fortune que j'ai dite, Quant avec les hommes habite, Ele troble lor congnoissance, Et les norrist en ignorance, la Rose, 4907.
   Le sen de droit est de savoir ou avoir les quenoissences des choses dou ciel et de terre, et de tort et de droit, Liv. de just. 3.
   Quant connissance est fete en cort, on ne pot pas fere niance de ce qu'on a reconnut, BEAUMANOIR VII, 12.
   XIVe s.
   Et encor est il plus convenable à celui qui veult savoir politiques que il ait connoissance de l'ame, ORESME Eth. 29.
   XVe s.
   Le roi d'Angleterre qui là estoit sans la connoissance de ses ennemis, FROISS. I, I, 328.
   Il est venu à nostre congnoissance que nostre cousin le duc de Bourgongne ha naguieres escript, JUVÉN. Charles VI, 1413.
   Et prenoiton argent des subjets, sans les ouyr en congnoissance de cause, JUVÉN. ib. 1409.
   Toutefois il fut assez bien apaisé par aucuns cardinaux ses amis et de sa connoissance, MONSTREL. liv. I, ch. 55.
   Si ai-je eu autant de congnoissance des grands princes que nul homme, COMM. Prol..
   S'il est en moi de vous faire autant de service, pensez que j'aurai connoissance [reconnaissance] de la courtoisie, LOUIS XI Nouv. XXXVII.
   XVIe s.
   La cognoissance de la plupart des choses, MONT. I, 201.
   Les choses qui sont à nostre cognoissance les plus grandes, MONT. ib..
   Les hommes qui perscrutent immoderéement les cognoissances qui ne sont de leur appartenance, MONT. II, 278.
   Tuer un homme sans cognoissance de cause, MONT. III, 195.
   Ilz n'avoient pas grand sentiment ny gueres de cognoissances de leur calamité pour le bas aage auquel ilz estoient, AMYOT P. Aem. 56.
   Connaissant ; bourguig. queneussance ; provenç. conoissensa, conoichenssa ; catal. conexensa ; anc. espagn. conocencia ; ital. conoscenza. Palsgrave, p. 57, qui écrit cognoisance, dit qu'on prononce conoi-sance.

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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