- confirmer
- (kon-fir-mé) v. a.1° Rendre ferme, en parlant des choses.• Ainsi tant de miracles étonnants, que les anciens Hébreux ont vus de leurs yeux, servent encore aujourd'hui à confirmer notre foi, BOSSUET Hist. II, 13.• Il confirma par cette victoire le nom d'Africain dans sa maison, BOSSUET ib. I, 9.• Au lieu que les succès et les malheurs d'un État où le peuple est soumis confirment également sa servitude, MONTESQ. Rom. 9.• Ah ! que cette amitié jadis m'eût su charmer, Et quel plaisir j'aurais pris à la confirmer !, CHAMPFORT Must. et Z. II, 4.Rendre ferme, en parlant des personnes.• L'air dont je vous ai vu lui jeter cette pierre.... Me confirme encor mieux à ne pas différer Les noces où j'ai dit qu'il vous faut préparer, MOL. Éc. des f. III, 1.• Les vérités saintes qui confirment une âme dans le mépris du monde et dans l'amour des biens éternels, MASS. Car. Tiéd. 2.Terme de manége. Confirmer un cheval, achever de le dresser.2° Sanctionner, attribuer par confirmation. Le roi confirma les droits et priviléges de cette ville. La cour d'appel a confirmé le jugement rendu en première instance.• Dieu lui confirme toutes ses promesses, BOSSUET Hist. II, 2.• Vous avez de ses feux un gage solennel, Qu'il peut, quand il voudra, confirmer à l'autel, RAC. Mithr. II, 1.• La, si vous m'en croyez, d'un amour éternel Nous irons confirmer le serment solennel, RAC. Phèd. V, 1.• Roi, prêtres, peuple, allons, pleins de reconnaissance, De Jacob avec Dieu confirmer l'alliance, RAC. Ath. V, 7.• Je sais que le sénat tout plein de votre nom D'une commune voix confirmera ce don, RAC. Bér. III, 1.• Il veut que d'un festin la pompe et l'allégresse Confirment à leurs yeux la foi de nos serments, RAC. Brit. V, 1.• Une telle victime Vaut bien que, confirmant vos rigoureuses lois, Vous me la demandiez une seconde fois, RAC. Iphig. IV, 9.• Du dieu de Mahomet la puissance invoquée Confirme mes serments et préside à mes feux, VOLT. Zaïre, III, 6.• Ce territoire avait été confirmé à la France par la paix d'Utrecht, VOLT. Louis XV, 28.3° Attester, montrer.• L'expérience confirme que.... Trente papes confirmèrent de leur sang l'Évangile qu'ils annonçaient à toute la terre, BOSSUET Hist. I, 10.• Douter d'une trahison que tant d'apparences confirmaient, MOL. le Fest. I, 3.• Songez-y ; vos refus pourraient me confirmer Un bruit sourd que déjà l'on commence à semer, RAC. Ath. III, 4.• Un mot même d'Arbate a confirmé ma crainte, RAC. Mithr. IV, 2.• Lisez ; il vous confirme un secret si funeste, VOLT. Sémir. IV, 2.• L'expérience confirme que la mollesse ou l'indulgence pour soi et la dureté pour les autres ne sont qu'un seul et même vice, LA BRUY. IV.4° Terme de théologie. Conférer le sacrement de la confirmation. Il n'appartient qu'aux évêques de confirmer. L'évêque frappe légèrement, avec la main, la joue de celui qu'il confirme, pour lui apprendre qu'il doit être prêt à souffrir toute sorte de disgrâces pour Jésus-Christ.Fig. Dieu confirme en grâce, Dieu assure la grâce à l'homme.Fig. et familièrement. Confirmer quelqu'un, lui appliquer un soufflet ; cela ne se dit qu'avec un adverbe ou un modificatif quelconque : Il a été rudement confirmé ; Son maître le confirma d'importance ; ou quand le ton du discours indique de quoi il s'agit.5° Se confirmer, v. réfl. S'affermir. Se confirmer dans une opinion.• Chose permise aux vieux [serviteurs du dieu de Delphes], de saint zèle enflammés, Qui se sont par service en ce lieu confirmés, RÉGNIER Sat. I.Être confirmé.• La nouvelle se confirme par des gens qui en sont venus, SÉV. 570.• Ce bruit ne se confirme pas, LA BRUY. X..Impersonnellement, il se confirme, c'est-à-dire le bruit qui courait prend de la consistance. Il se confirme que l'ennemi a été battu.XIIe s.• Li reis l'a par sa chartre tut einsi confermé, Otrié en almosne en parmenableté, Th. le mart. 45.• Humblement respundeit li sainz à lur escriz, E par les escriptures confermout tuz ses diz, ib. 70.• Bien savez qu'il nus ad fait vos leis confermer, ib. 42.• Comandé s'est à Deu, e puis s'en returna, Enz emmi le chemin, là ù il mielz erra, Es viles e es burcs les enfanz conferma, ib. 131.• [Réfuter] par reisun confermée, ib. 58.• E que nostres sires cunfermt ses paroles que il ad de mei parled, Rois, 227.XIIIe s.• Ottroi et conferme chele meïsme vente, Charte de Hesdin, dans RAYNOUARD, Lex..• Et li consaus fu tex, que li mariages fust confermés de l'une partie et d'autre, VILLEH. CLXVI.• Dont envoierent lor messages, li une partie et li autre, à l'apostole de Rome Innocent, pour confermer les convenances, et il le fist moult volentiers, VILLEH. XIX.• Juvenaus [Juvénal] neïs le conferme, Qui redit par sentence ferme...., la Rose, 8747.• Ge di que l'en doit savoir se cele costume a esté confermée en jugement contredit, Liv. de just. 6.XIVe s.• Car des autres bourjois en y ot revenus, Qui tout ont confermé et les fais espandus, Guesclin. 8435.XVe s.• Si vous voulez entendre aux traités et à confermer la treve, mon très redouté seigneur le roi d'Escosse et ses nobles consaulx les confermeront, FROISS. II, II, 219.• Pour confirmer les royaumes en paix, FROISS. II, II, 147.• Qui confirmoit l'abusion, COMM. VIII, 16.XVIe s.• Qu'il soit confirmé par l'imposition des mains, CALV. Instit. 1166.• Je trouvai à cette opinion le fondement bien foible, moy qui avois à la confirmer en aultruy, MONT. I, 117.• Il confirma les Napolitains, qui estoient d'eulx mesmes bien affectionnez aux Romains, en la bonne devotion qu'ilz avoient, AMYOT Marcel. 14.• Il demanda qu'on luy confirmast ses gouvernemens, AMYOT Eum. 20.• Et qui n'a honte de rien, tant il est de longue main accoustumé et confirmé à mal faire, AMYOT Comment il faut ouïr, 24.• L'habitude est une qualité confirmée, laquelle...., AMYOT De la vertu morale, 8.• St Paul remonstre fort et ferme, Et la loi humaine conferme Qu'enfans obeïr sont tenus Aux peres dont ils sont venus, MAROT IV, 188.Provenç. confermar, cofermar, confirmar ; espagn. confirmar ; ital. confirmare ; du latin confirmare, de cum, et firmare, rendre ferme (voy. fermer).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.