- aiguillette
- (è-güi-llè-t', ll mouillées, et non è-güi-yè-t') s. f.1° Cordon ferré par les deux bouts qui servait à attacher le haut-de-chausses au pourpoint. Aiguillette de fil. Aiguillette de soie.• Il porte des chausses à aiguillettes, LA BRUY. 13.Serrer les vieilles aiguillettes, être avare.2° Lâcher l'aiguillette, se décharger le ventre.Il a vieilli.3° Nouer l'aiguillette, faire un maléfice qu'on suppose capable d'empêcher la consommation du mariage.• Il n'y a rien à craindre en les excommuniant comme les sauterelles et comme ceux qui nouent l'aiguillette, VOLT. Dial. 21.• Ce que dit Montgobert de cette aiguillette nouée, SÉV. 332.4° Courir l'aiguillette, avoir des aventures galantes.• Une jeune fillette Experte dès longtemps à courir l'aiguillette, RÉGNIER Épîtr. II.5° Cordon, employé simplement comme ornement.• Les laquais portaient l'aiguillette, et l'on ne me la donna pas, J. J. ROUSS. Confess. II.6° Dans l'armée, ornement tissu en fil doré ou argenté pour les officiers ; soie mi-partie or ou argent et laine pour les sous-officiers ; et en laine ou poil de chèvre pour les autres militaires, aux bouts duquel sont suspendus des ferrets, et qui est porté, suivant les différents corps, à l'épaule gauche ou à l'épaule droite. Les gendarmes portent l'aiguillette à l'épaule gauche. Les officiers de l'état-major, les aides de camp et les aspirants de marine la portent à l'épaule droite.7° Morceau de peau et de chair coupé en longueur. Découper un canard par aiguillettes8° Terme de marine. Petit cordage pour aiguilleter. Aiguillettes de bouée, d'amarrage.9° Terme de manége. Nouer l'aiguillette, se dit du sauteur quand il rue entièrement du train de derrière, en allongeant les jambes dans toute leur étendue.10° Terme de pêche. Sorte de verge de fer qui est terminée par une espèce de bouton, et qui sert à tirer du sable certains coquillages.XIVe s.• Pour livres de soies de plusieurs couleurs, pour faire les tissus et aiguillettes aus dits harnois, faire sautouers [étriers], DU CANGE saltatoria..XVe s.• Il y a encore à son porpoint ses aiguillettes à armer, qui sont un vrai habillement de guerre ; car sans elles on ne peut armer, LOUIS XI Nouv. v..• Il lui demanda s'en son village avoit rien de beau pour aller courir l'aiguillette, LOUIS XI ib. IX..XVIe s.• Ce petit prestre tira avec un fer d'eguillette dans son breviaire et rencontra pour sa bonne fortune cet evangile...., D'AUB. Conf. I, 4.• Si Me la maréchale eust bien des esplingues des esmoluments de l'armée, son mary ne faillit pas d'avoir encores plus richement ses esguillettes, CARL. IV. 31.Diminutif d'aiguille ; wallon, anguiette ; provenç. aiguilleta ; catal. agulleta ; espagn. agujeta ; port. agulheta.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREAIGUILLETTE. Ajoutez :11° Nom, en Bretagne, d'un poisson de mer de forme allongée et très long.M. H. Lanti, de Tours, communique ce renseignement sur l'aiguillette en tant qu'ornement militaire : " L'origine des aiguillettes que porte, soit sur l'épaule droite, soit sur l'épaule gauche, l'élite de la cavalerie et de la gendarmerie française, est trop curieuse pour que nous ne saisissions pas l'occasion de la donner. Cette origine est espagnole. Le duc d'Albe, pour se venger de l'abandon d'un corps considérable de Belges, ordonna que les délits qui se commettraient fussent punis de la corde. Ces braves firent dire au duc que, pour faciliter l'exécution de cette mesure, ils porteraient sur le col une corde et un clou. Cette troupe s'étant distinguée, la corde et le clou devinrent des marques d'honneur, et furent transformés en aiguillette (DE LA MESANGÈRE, Dict. des proverbes français, Paris, 1823, 3e éd. p. 35).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.