- coche
- coche 1.(ko-ch') s. m.Coche d'eau, grand bateau usité pour le transport des voyageurs.• Six francs et ma layette en poche, Belle nourrice de vingt ans D'Auxerre avec moi prit le coche, BÉRANG. Nourrice..Fig. Débarqué par le coche, arrivé sans ressources.• M. de Clermont, débarqué par le coche, car il n'avait rien, se targuait de son nom et de sa figure, SAINT-SIMON 461, 261.XIIIe s.• Se il avoit sa navée ou son cochet [bateau], Liv. des mét. 244.XIVe s.• En la nef ou coque nommée St-Esprit, RAYNOUARD coqua..XVe s.• Quand on apperceut la maniere des dits Anglois, les François vaillamment allerent à eulx les uns à bateaux et les autres à petits coques, JUVÉN. DES URSINS Charles VI, 1405.XVIe s.• Tant qu'à l'entour du monde Sa coche vagabonde Neptune conduira, DU BELL. VIII, 11, recto..Provenç. coqua ; espagn. coca ; ital. cocca ; du latin concha, écaille et vase, dit, par assimilation, d'un bateau, d'un vaisseau. Ce mot a pénétré dans les langues germaniques et celtiques : ancien haut allemand, coccho ; holland. kog ; kymri, cwch ; bas-breton koked.————————coche 2.(ko-ch') s. m.1° Grande voiture de transport en commun, que les diligences ont remplacée.• Six forts chevaux tiraient un coche, LA FONT. Fab. VII, 9.• Après bien du travail le coche arrive en haut ; Respirons maintenant, dit la mouche aussitôt, LA FONT. ib..• Elle y voit par le coche et d'Évreux et du Mans Accourir..., BOILEAU Lutr. I.Fig. Faire, être la mouche du coche, faire l'empressé, se donner du mouvement, s'attribuer un succès dans lequel, de fait, on n'a été pour rien ; locution tirée de la fable où la mouche s'attribue le mérite d'avoir fait marcher le coche.Manquer le coche, perdre l'occasion d'arriver à ses fins.Donner des arrhes au coche, s'engager d'une façon qui ne permettra plus de se retirer.2° Les personnes qui sont dans le coche. Le coche dîna à tel endroit.3° Anciennement, voiture.• Il n'y avait sous François 1er que deux coches dans Paris, VOLT. Moeurs, 121.• Fallut partir ; je fus bientôt conduit, En coche clos, vers le royal réduit Que près Saint-Paul ont vu bâtir nos pères Par Charles cinq...., VOLT. la Bastille..XVIe s.• Le privilege d'aller en coche par la ville, MONT. II, 63.• Le vicomte d'Auchi, lui aiant declaré leur prison, les mena en coche à la bastille, D'AUB. Hist. II, 122.• Il n'approche d'eulx, non plus que feroit un homme de pied d'un coche de Lydie, AMYOT Nicias, 1.• Pays très mal aisé pour les coches, d'autant qu'il est montueux, CARL. VIII, 20.• .... Et que la lune à la coche atelée De noirs chevaux sera renouvelée, RONS. 696.• Aucuns philosophes, empeschés à bien joindre et unir l'ame avec le corps, la font demeurer et resider en iceluy comme un maistre en sa maison, le pilote en son navire, le cocher en son coche, CHARRON Sagesse, I, 8.Espagn. coche ; ital. cocchio. On le tire ordinairement du bohémien kotschi, hongrois kotczy, albanais cotzi, valaque cocie, allem. Kutsche, angl. ccach ; et cette opinion s'appuie sur le dire d'Avila, qui écrivait en 1553 : " Un chariot couvert qui se nomme en Hongrie coche, le nom et l'invention sont de ce pays. " Diez remarque que cette opinion n'est pas favorisée par l'italien cocchio qui indique ou conchula, petite coquille, ou coclea, coquille de limaçon ; mais il est difficile de contredire l'assertion d'Avila. Il est probable que le mot coche, voiture, est venu de l'Italie en France au XVIe siècle ; il y trouva le mot coche, bateau, qui était généralement féminin, et tous deux se confondirent ; si bien que le genre en resta d'abord indécis, et on disait pour une voiture aussi bien une coche qu'un coche.————————coche 3.(ko-ch') s. f.Femelle du cochon. Grosse, vieille coche.XIIIe s.• Or est en cest fossé cheü, Tot mort aussi coume une coche, Ren. 30081.XVe s.• Tousjours troussé comme une coche, VILLON Archer de Bagnolet..Wallon, cosé ; namurois, cousé, petit cochon ; dialecte d'Aix-la-Chapelle, küsch, cochon ; espagn. cochino, cochastro, cochambre. Diez suppose que coche a signifié primitivement l'animal châtré, et alors il le tire de coche, entaille, comme l'espagnol carnero, mouton, vient de crena, entaille, par métathèse ; mais rien ne montre que coche ait eu ce sens de châtré ; on ne le trouve qu'avec le sens de truie, et cochon avec celui de jeune porc. Diez rejette bien loin la dérivation celtique : kymri, hwch ; bas-breton, houch' ; Cornouailles, hoch, d'où l'anglais hog ; mais le changement de l'h aspirée en c dur n'est pas impossible ici.————————coche 4.(ko-ch') s. f.1° Entaille. Faire une coche à un bâton. La coche d'une flèche.2° Marque faite sur une taille de bois, en usage chez les boulangers et certains marchands qui vendent à crédit. Prendre du pain, du vin à la coche.3° Terme de marine. En coche se dit de la position d'un hunier et d'un perroquet lorsqu'il n'est pas possible de hisser la vergue plus haut.XIIIe s.• Si mist un quariel en coche et traist au roi, Chron. de Rains, p. 79.• Mes moult orent ices [ces] cinq floiches Les penons bien fais et les coiches, la Rose, 928.XIVe s.• L'arbalestre [il] tendi, dont fu bien doctrinez, Mist en coche un quarrel, qui bien fu empenez, Guesclin. 5700.• Et doit on tenir la coche de la sayette entre le doit qui est emprès le paulz [pouce] et l'autre doit d'emprès, Modus, f° LIII.XVe s.• Lequel a mis maintz motz en coche, Et mainte parole glosée, Et fait souldre mainte reproche Entre la simple et la rusée, COQUILL. Enquête de la simple et de la rusée..XVIe s.• Ayant fait provisions d'engins, dont la portée estoit proportionnée à toutes distances, les traicts courts, les coches non gueres longues, AMYOT Marcel. 25.• Et si n'avoit point en la machouaire de dessus les dents distinguées l'une de l'autre, ains estoit un os continuel marqué un peu par dessus de petites coches aux endroicts où les dents devoient estre divisées, AMYOT Pyrrhus, 16.Provenç. coca ; ital. cocca ; angl. cock. Origine obscure, mais peut-être celtique ; car on cite le gaélique sgoch, coche, kymri cosi, bas-breton coch.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE4. COCHE.3° Ajoutez :La voile est en coche, quand une vergue qui porte une voile a atteint la plus grande hauteur à laquelle elle puisse s'élever.————————coche 5.(ko-ch') s. f.Terme de chapellerie. Morceau de bois pour faire agir la corde de l'arçon.XIIIe s.• Un petit vers terre s'approche, En sa main tint une grant coche ; Tel me dona delez l'oreille, La teste en oi [j'en eus] toute vermeille, Ren. 14088.XVIe s.• Quelle gehenne ne souffrent elles [les femmes], guindées et sanglées, à tout de grosses coches sur les costez ?, MONT. I, 308.Bas-lat. cocha, ceoca, souche ; anc. franç. choque, qui paraît être le même que souche (voy. choquer et souche).————————coche 6.(entrée créée par le supplément)(ko-ch') s. m.Cour, dite aussi voirie, placée dans les abattoirs et spécialement destinée à recevoir les déjections provenant de la vidange des estomacs et des intestins des animaux.• Le concessionnaire sera tenu de faire enlever des cours de travail les panses de bestiaux dont la préparation lui sera confiée, au fur et à mesure de l'abatage, de les porter et de les vider dans les coches ; le matériel employé au transport des panses devra être en bon état et ne pas laisser répandre les vidanges dans le trajet des cours de travail aux coches, MATHÉ Rap. au Conseil municipal de Paris, séance du 9 mars 1876.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.