- cloaque
- (klo-a-k' ; au temps de Chifflet, Gramm. p. 183, on prononçait cloâque) s. m.1° Lieu destiné à recevoir les immondices.• Il [Napoléon] proclame que le Kremlin, arsenal, magasins, tout est détruit ; que désormais Moscou n'est plus qu'un amas de décombres, qu'un cloaque impur et malsain, sans importance politique et militaire, SÉGUR Hist. de Napol. IX, 6.Trou creusé en terre pour recevoir les eaux ménagères.Masse d'eau sale et croupie. Tomber dans un cloaque. Cloaque infect.2° Par extension, tout ce qui offre des amas d'ordures et une grande saleté. On pénétra dans de misérables logements qui étaient des cloaques. Cette ville est un vrai cloaque.Fig.• C'est un cloaque, c'est une personne sale et puante, Dict. de l'Acad..3° Fig.• Cloaque d'incertitude et d'erreur, PASC. dans COUSIN.• Un pays qui est le cloaque de la nature, VOLT. Amabed, 10e lettre d'Amabed..• Un dieu aurait-il pu former ce cloaque de misères et de forfaits ?, VOLT. Memmius, V.• Je vous plains de remuer, dans l'horrible château [la Bastille] où vous allez tous les jours, le cloaque de nos malheurs, VOLT. Lett. Chardon, 5 avril 1767.Un cloaque d'impureté, de toutes sortes de vices, une personne couverte de souillures morales.4° Terme d'anatomie. Poche que forme l'extrémité du canal intestinal chez les oiseaux et les reptiles, et dans laquelle s'ouvrent les uretères.5° S. f. Conduit de pierres par où s'écoulent les immondices d'une ville. N'est usité, en ce sens, qu'en parlant de la grande cloaque, égout bâti à Rome par Tarquin et encore subsistant.Dans la grande cloaque, le genre étymologique a été conservé par le latin maxima cloaca, qui est le nom de cet égout.Au XVIe siècle cloaque était tantôt masculin, tantôt féminin ; c'est à tort que le masculin l'a emporté, ne fût-ce qu'à cause de cette anomalie d'avoir un même mot de deux genres suivant l'emploi.XIVe s.• Il fist fere cloaques, ce sont conduiz souz terre pour celles yaues fere descendre ou Tybre, BERCHEURE f° 20, recto..XVIe s.• Nature renvoye ces excremens vers le mezentere et pancreas, comme dedans un cloaque ou esgout de tout le corps, PARÉ V, 19.• Ceux qui habitent et frequentent es lieux putrides, comme es poissonneries, escorcheries, cemetieres, hospitaux, cloaques et tanneries, PARÉ XXIV, 3.• ... Jette dedans mon ventre Un desir de manger, ventre, non, mais un antre, Plustost une cloaque instrument de mes maux [il s'agit de Phinée et des harpies], RONS. 841.• Il est ici bas logé au dernier et pire estage de ce monde, plus esloigné de la voute celeste en la cloaque et sentine de l'univers, CHARRON Sagesse, p. 47, dans LACURNE.Lat. cloaca.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.