- ahan
- (a-an) s. m.Grand effort, tel que celui que fait un homme qui fend du bois ou soulève un fardeau pesant. Suer d'ahan, faire une chose très pénible.Ce mot populaire, très usité jadis, tombe en désuétude. Pourtant il serait bon de faire des efforts pour le conserver ; car il est expressif et a des liaisons avec toutes les langues romanes.XIe s.• Moult [ils] ont eü et peines et ahans, Ch. de Rol. XIX.• Que Guenes meure par merveilleus ahan, ib. CCXCI.XIIe s.• Par cui [il] seüst nostre grant ahanage, Ronc. p. 81.• À mout grant peine et à mout grant ahan, ib. p. 84.XIIIe s.• Cest premier an Me gart cil Diex en mon droit san, Qui por nous ot paine et ahan, Et me gart l'ame, RUTEB. 15.XVe s.• Tu n'as ne femme ne enfans, Tu n'as ne terre ne ahans [champs labourés], Qui ne soient tous mis à cense, FROISS. Buisson de jonece..XVIe s.• Ce villain mot de concluer M'a fait d'ahan le front suer, MAROT II, 196.• Chacun se plainct que j'ay perdu Milan En grant enhan par guerre mal menée, J. MAROT V, 231.Provenç. afan ; catal. afany ; anc. espagn. afan ; ital. afa, affanno. Mot d'origine incertaine. Diez le regarde comme né en France et passé de là aux autres langues romanes. On trouve le composé enhaner, ce qui suppose un radical haner ; aussi du Cange le tire-t-il d'une exclamation de peine, de fatigue, han ! Diez n'est pas éloigné d'adopter cette étymologie ; cependant il note le mot kymri afan, combat, trouble. Mais un mot ainsi isolé ne donne rien de sûr.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.