- clameur
- (kla-meur) s. f.1° Ensemble de cris tumultueux, souvent de mécontentement, de réprobation. Une bruyante clameur. Il s'éleva une clameur universelle.• Une montagne en mal d'enfant Jetait une clameur si haute Que chacun au bruit accourant Crut qu'elle accoucherait sans faute D'une cité plus grosse que Paris, LA FONT. Fabl. V, 10.• Les bons papes trouveront l'Église en clameurs, PASC. P. Jés. 4.• Partout où il a passé ç'a été des clameurs [cris de douleur], SÉV. 211.• Justice qui fait semblant d'être vigoureuse, à cause qu'elle résiste aux tentations médiocres et peut-être aux clameurs d'un peuple irrité, BOSSUET le Tellier..• J'entends de tous côtés les clameurs des soldats, VOLT. Adelaïde, I, 1.• Les clameurs des soldats par la crainte étouffées, DELAV. Paria, I, 1.2° Réclamation à haute voix.• Les dieux plus pitoyables à nos justes clameurs se rendent exorables, CORN. Médée, V, 4.• La forte clameur que vous poussez pour eux vers le trône de votre fils, MASS. Pass. 2.• Les grenouilles, se lassant De l'état démocratique, Par leurs clameurs firent tant Que Jupin les soumit au pouvoir monarchique, LA FONT. Fabl. III, 4.La clameur publique, l'indignation publique.Clameur de haro, terme de pratique, qui se disait autrefois, en Normandie, de la sommation de comparaître sur-le-champ devant le juge. Voy. haro.3° Criaillerie. Braver les clameurs des sots. Il a trop craint les clameurs de la cabale.• Osant braver les clameurs de leur sexe, J. J. ROUSS. Ém. I.• À ces vaines clameurs on ne répondait pas, VOLT. Oedipe, V, 1.CRI, CLAMEUR. Cri est le mot général ; clameur le particularise. Le cri est la voix poussée avec effort, mais sans être nécessairement articulée. Un homme qui souffre beaucoup peut jeter des cris, mais non des clameurs ; la clameur suppose toujours un sens et des paroles ; elle emporte l'idée de plainte, de demande, d'accusation, de réclamation.XIe s.• Cent solz al clamur por la teste, Lois de Guill. 4.XIIe s.• Les meies paroles o tes oreilles receis, sire ; entent la meie clamur, Psautier, dans Missions scientifiques, t. V, p. 146.• Un en doit faire clamour, Couci, III.• Ne jà certes [je] n'en feïsse clamor, Se j'eüsse de moi venger puissance, ib. XVI.XIIIe s.• Grains [attristé] et marriz, [il] fist tant par sa maistrise [adresse], Que à sa dame en un destour A fait sa plainte et sa clamour, AUDEFR. LE BAST. Romancero, p. 6.• Li mestre marischaus a la joustice de tous les forfais apartenans à leur mestiers, et de toutes les clameurs qu'il i font li uns seur l'autre, Liv. des mét. 46.• Je vous ains [aime], dit-il, par amors ; Si en ai fait maintes clamors, Ren. 410.• Comment, par le conseil d'Amours, L'amant vint faire ses clamours à ami, à qui tout compta, la Rose, 3120.• Quant le [la] clameurs est d'aucun cas qui touque à l'eritage de son seigneur, BEAUMANOIR 30.• Et se il est requerant, qu'il die le plus brief qu'il pora ; car en brieve clamor a deus proufiz ; l'un est que la court retient et recorde mieus le court que le lonc, Ass. de Jér. 46.XVIe s.• Petits plaisirs, longues clamours, Or taschons à trouver la chose Que je cherche au temple d'Amours, MAROT I, 191.• Et alors se leva une clameur de joye que le peuple jetta si haulte, qu'elle fut entendue jusques en la mer, AMYOT Flamin. 20.Provenç. et espagn. clamor ; ital. clamore ; du latin clamorem, cri.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRECLAMEUR. Ajoutez : - REM. Clameur est noté par Malherbe comme hors d'usage :• Je vous conseille de ne parler point de clameurs, MALH. Comment. sur Desportes, t. IV, p. 384, édit. Lalanne.Clameur avant et depuis Malherbe a toujours été usité.Ajoutez : Le lat. clamare, d'où clamor, représente un ancien thème clama ou clamo, venant de calare, appeler, par syncope de l'a ; comparez nomenclator (voy. calendes) : cla-mor, de cla-re, comme fa-ma de fa-ri.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.