- agrandir
- (a-gran-dir) v. a.1° Rendre plus grand. Agrandir une maison, la ville. Le chirurgien fut obligé d'agrandir la plaie. Agrandir ses terres, ses possessions. Rome agrandissait incessamment son domaine.• Puis-je oublier les soins d'agrandir votre empire ?, CORN. Sert. IV, 2.2° Par analogie, rendre plus puissant. Agrandir la puissance de l'État.• Si l'on cherche à élever sa maison et à l'agrandir, qu'on pense que les chrétiens ont une postérité qui ne dépend pas des grandeurs de ce monde, BOSSUET Pensées chrét. 23.• Rome a voulu le perdre, et non pas m'agrandir, CORN. Nicom. IV, 5.• Le roi, occupé de l'établissement de ses bâtards, qu'il agrandissait de jour en jour, avait marié deux de ses filles à deux princes du sang, SAINT-SIMON 11, 40.3° Fig. Agrandir les idées, les vues.• Il y a des passions qui resserrent l'âme, et il y en a qui l'agrandissent, PASC. édit. Cousin..• .... l'aspect du péril agrandit le courage, M. J. CHÉN. Gracq. III, 5.Donner un caractère de grandeur. Agrandir un sujet. Corneille a agrandi la scène française.4° Faire paraître plus grand. Ce vêtement agrandit la taille.5° Exagérer. Cet homme agrandit tout ce qu'il raconte. Méfiez-vous de ses récits : il agrandit toujours. Ce mot est familier en ce sens.S'AGRANDIR, v. réfl.6° Devenir plus grand, au propre et au figuré. Cette ville s'agrandit rapidement. Lorsque la république romaine se fut agrandie. Son courage s'agrandissait avec les dangers.• Il ne suffit pas de s'agrandir dans les choses qu'on dédaignera aussi bien que les autres, quand on sera le maître : il faut chercher quelque chose qui soit digne de satisfaire un grand coeur : la vertu, BOSSUET Pensées chrét. 16.• Déjà, déjà je nage en des flots de lumière ; L'espace devant moi s'agrandit, et la terre Sous mes pieds semble fuir, LAMART. Médit. I, 27.• On sent le feu [de l'amour] s'agrandir, PASC. édit. Cous..• Puisqu'elle [Rome] va combattre, elle va s'agrandir, CORN. Hor. I, 1.• Seigneur, qui des mortels eût jamais osé croire Qu'un nom à qui la guerre a trop fait applaudir, Dans l'ombre de la paix trouvât à s'agrandir ?, CORN. Sertor. III, 1.• Jamais, pour s'agrandir, vit-on dans sa manie Un tigre en factions partager l'Hyrcanie ?, BOILEAU Sat. VIII.• Un ambitieux qui se laisse dominer par la passion de s'agrandir, BOURD. Pensées, t. II, p. 172.• Lorsqu'un juge veut s'agrandir et qu'il change en une souplesse de coeur le rigide ministère de la justice, BOSSUET Letellier..7° Accroître ses propriétés. Il emploie tout son argent à s'agrandir.AGRANDIR, ÉTENDRE. Agrandir c'est rendre plus grand. Étendre, c'est rendre plus étendu. Toutes les fois que l'idée d'étendue, c'est-à-dire de prolongement dans une direction déterminée, soit au physique soit au figuré, prévaudra, c'est étendre qu'on emploiera. On se servira au contraire d'agrandir, s'il est question d'une augmentation qui ne soit pas seulement en étendue. C'est pour cela qu'on dira étendre un empire ou l'agrandir, suivant la circonstance ; mais on ne peut employer qu'agrandir en parlant d'un homme dont on augmente la puissance ou le crédit.XVe s.• S'abandonnoient aucuns jeunes chevaliers et escuyers des François pour eux montrer et agrandir leur renommée, FROISS. II, II, 76.XVIe s.• Il est assez grand pour agrandir une femme, de laquelle les enfans ne porteront point le nom, D'AUB. Faen. III, 19.• Ils demanderent le lendemain, si au lieu de remparer la breche, on vouloit qu'ils l'agrandissent, D'AUB. Hist. III, 296.• Jusques à quand abbreuveront ils leurs enfants d'un mesme laict ? Car s'ils n'agrandissent jamais jusques à porter quelque legere viande, il est certain que jamais ils n'ont esté nourris de bon laict, CALV. Inst. 667.À et grandir ; ital. aggrandire. Ce verbe ne paraît pas avoir été usité dans l'ancien langage ; cependant on y trouve agrandoier : mais le véritable verbe de ces temps était agreger ou engreger, composé de à ou en, et grandior, plus grand.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.