- chimère
- (chi-mê-r') s. f.1° Terme de mythologie. Monstre qui jetait du feu par la gueule, et avait la tête et le poitrail d'un lion, le ventre d'une chèvre et la queue d'un dragon.Terme d'antiquité. Assemblage bizarre de différentes parties d'animaux divers qu'on voit sur des pierres gravées et sur des bas-reliefs.2° Fig. Vaines imaginations.• Mais que je me figure une étrange chimère, CORN. Poly. III, 1.• Étrange effet d'amour ! incroyable chimère !, CORN. Rodog. I, 7.• Quittez cette chimère, CORN. Poly. IV, 3.• Je me revêtirais de brillantes chimères, CORN. D. San. IV, 3.• Les chimères, le rien, tout est bon ; je soutiens Qu'il faut de tout aux entretiens ; C'est un parterre où Flore épand ses biens, LA FONT. Fabl. X, 1.• Revenons à l'histoire De ce spéculateur [astrologue] qui fut contraint de boire ; Outre la vanité de son art mensonger, C'est l'image de ceux qui bâillent aux chimères, Cependant qu'ils sont en danger Soit pour eux, soit pour leurs affaires, LA FONT. ib. II, 13.• Le vide des plaisirs, la chimère des espérances, MASS. Car. Pâq..• De quelles chimères un coeur corrompu n'est-il pas capable de se repaître ?, MASS. Car. Avenir..• Quelle chimère êtes-vous donc parmi les hommes, MASS. Car. Pécher..• Peut-on se figurer de si folles chimères ?, BOILEAU Épît. XII.• Elle traita l'histoire de chimère, HAMILT. Gramm. 10.• On la console d'avoir perdu la jolie chimère de croire être immortelle, SÉV. 265.• Vous pouvez l'espérer sans chimère, SÉV. 234.• Une ingrate lui paraît une chimère, SÉV. 443.• Quelle chimère est-ce donc que l'homme ?, PASC. dans COUSIN.• Autant de sectes, autant d'imaginations, autant de chimères, VOLT. Memmius, XIII.• Chimère que les nègres même rejettent, J. J. ROUSS. Orig. notes..• L'âge a-t-il éteint vos désirs ? Blâmez-vous les tendres chimères ?, BÉRANG. B. maman..Familièrement. C'est là sa chimère, c'est son idée favorite, son rêve.• Jules César était né de l'illustre famille des Jules, qui, comme toutes les grandes maisons, avait sa chimère, en se vantant de tirer son origine d'Anchise et de Vénus, VERTOT Révol. rom. liv. XIII, p. 221.• Ce rêveur poursuit sa chimère, J. J. ROUSS. Ém. IV.XVIe s.• Ainsi versant de l'oeil des fontaines ameres, Dedans mon cerveau creux je peignois des chimeres, RONS. 693.• Laissez-moi ces desseins qui ne sont que mensonges, Que chimeres en l'air, que fables et que songes, RONS. 707.• Car d'attribuer cela [certaines actions des animaux] seulement à une vivacité du sens de l'ouïe, sans discours et sans consequence, c'est une chimere et ne peult entrer en nostre imagination, MONT. II, 168.Terme grec signifiant animal mythologique, dérivé de chèvre, bouc.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.