- chevaucher
- (che-vô-ché) v. n.1° Aller à cheval.• [Le chevalier] ainsi chevauchant, il mettait à fin toutes ces aventures chantées par nos poëtes, CHATEAUB. Génie, IV, V, 4.2° Terme de manége. Chevaucher court ou long, se servir d'étriers trop courts ou trop longs.Chevaler. Voy. chevaler.Se dit aussi de l'action du cheval faible et incertain dans ses allures, qui se taille des boulets en marchant.3° Terme de fauconnerie. L'oiseau chevauche, lorsqu'il s'élève par secousses au-dessus du vent.4° Par extension, être à califourchon. Cet enfant chevauche sur un bâton.5° Terme de métier. Se croiser, empiéter l'un sur l'autre. Ces ardoises ne chevauchent pas régulièrement.Terme de chirurgie. En parlant des fragments d'un os fracturé, éprouver le chevauchement.On dit de même de dents qui se croisent, qu'elles chevauchent.6° Terme d'imprimerie. Être mal aligné. Ces mots, ces lignes chevauchent.7° V. a.• Michel chevauche un cheval de prise qu'il a choisi entre tous, P. L. COUR. Lett. I, 94.ALLER à CHEVAL, CHEVAUCHER. Ces mots veulent dire tous deux faire, à cheval, du chemin ; ce qui les distingue c'est l'emploi qu'on en fait : aller à cheval est la locution vulgaire et de l'emploi journalier ; chevaucher se trouve réservé pour le style relevé et surtout pour les narrations relatives au moyen âge.XIe s.• Guenes chevalchet souz une olive haute, Ch. de Rol. XXVII.• Tant chevaucherent es veies et chemins, ib. XIII.• Ne mul ne mule que puissez chevalcher, ib. XXXV.• Charles chevauche et les valz et les monz, ib. CCLXIX.XIIe s.• Chevauchez, rois, ne soiez atarjans, Ronc. p. 84.• [Je] ne quesisse jamais en estor chevauchier, Sax. XVI.• Et li baron chevauchent ambleüre et troton, ib. XXII.XIIIe s.• Après, prisrent congié pour retorner en lor païs, et chevauchierent tant par leur journées que...., VILLEH. XX..• Et li quens de Flandres, qui la premiere bataille conduisoit, chevaucha, et les autres batailles chascune emprès, VILLEH. LXXI.• Li marchis Bonifaces de Monferrat chevaucha toute la marine [le long de la mer] droit vers le palais de Bouchede-Lion, VILLEH. CVII.• Par Ardenne [ils] chevauchent sans nul detriement, Berte, IX.• Car ce content nostre voisin, Que une asnesse parla jà, Que un prophete chevaucha, Ren. 210.• Tant se haste et tant s'esploite, Tant chevauche bois et garane, Qu'il est venus à Theroane, Ren. 18215.• Mais li vaillant homme l'assaillent, Et la chevauchent [la richesse] et porsaillent, Et tant as esperons la batent, Qu'il s'en aesent et esbatent, la Rose, 5238.• Et s'il a si le cheval chier, Qu'il le gart pour son chevauchier, ib. 10828.• S'aucuns me preste son ceval por fere mon labor ou por cevaucier, BEAUMANOIR XXXVII, 4.• Ainsi fut li cuens de Poitiers, Qui toz jors fu boens et entiers, Chevaucha cest siecle terrestre, Et mena paradix en destre, RUTEB. 49.• Li messager le roi arriverent au port d'Antioche ; et dès Antioche jusqu'à leur grant roi [des Tartares], trouverent bien un an d'aleure, à chevauchier dix lieues le jour, JOINV. 262.XIVe s.• Art de faire frains est dessoubz art de chevaucher, ORESME Eth. II.• Et Bauduins chevauche, qui fu gais et jolis, Baud. de Seb. VI, 367.• Les deux pans doivent chevaucher l'ung sur l'autre, quant ilz sont liés, près de demy pié, Modus, f° CXXVI, verso.XVe s.• Il monta à cheval et partit par derriere, et chevaucha tous les bois à couvert, FROISS. I, I, 129.• Et toudis chevauchoient les François les grands galops devers le pont...., FROISS. I, I, 139.• Elle chevauchoit ung hobin ardant, COMM. VI, 7.XVIe s.• C'estoit royal honneur de chevaucher un elephant, MONT. I, 366.• Le courtisan dist qu'avant son temps c'estoit reproche à un gentilhomme d'en chevaucher [des mules], MONT. I, 366.• Terre chevauchée [où il faut aller à cheval à cause de l'éloignement] est à demi-mangée, LOYSEL 226.• Les jeunes chevaulx demandent toujours ceulx qui ont accoustumé de les chevaucher, AMYOT Philop. 18.• Ilz ne feirent que courir et chevaucher tout le païs, n'arrestans en pas un lieu, AMYOT Lucull. 25.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.