- chauffer
- (chô-fé) v. a.1° Rendre chaud. Chauffer de l'eau. Chauffer le four. Chauffer au rouge, pousser la chaleur au point que l'objet que l'on y expose devienne rouge ; chauffer à blanc, chauffer au point que l'objet devienne blanc, ce qui exige une température bien plus élevée.Terme de marine. Chauffer un bâtiment, brûler de la paille sous la carène.Chauffer les soutes, les sécher.Tirer le soufflet dans une forge quand le fer est au feu.Chauffer les pieds, donner la question par le moyen du feu appliqué aux pieds.2° Terme de guerre. Chauffer un poste, le canonner vivement.Fig. Chauffer quelqu'un, l'attaquer, le presser vivement par des raisonnements ou par des plaisanteries.Chauffer une affaire, la mener vivement.Très familièrement. Chauffer une femme, lui faire vivement la cour.3° V. n. Produire plus ou moins de calorique. Ce bois chauffe plus que tel autre.Être chauffé. Le bain chauffe.Fig. Ce n'est pas pour vous que le four chauffe, votre espérance et vos prétentions sont vaines.C'est un bain qui chauffe, se dit lorsque, par un temps d'ondées successives, le ciel devient très pur et que le soleil a toute sa force, parce que ce moment d'éclaircie est fort souvent suivi d'une forte pluie.En parlant d'un bateau à vapeur, d'une locomotive, allumer son feu, s'apprêter à partir. Dépêchez-vous, le paquebot chauffe.Fig. Cela chauffe, l'affaire chauffe, c'est-à-dire l'affaire est pressante, il faut se hâter.4° Se chauffer, v. réfl. Recevoir l'action de la chaleur. Venez vous chauffer.Fig. et familièrement. Allez lui dire cela et vous chauffer au coin de son feu, c'est-à-dire vous ne seriez pas bien venu à lui tenir ce langage en un lieu où il serait le maître.Fig. S'il m'attaque, je lui ferai voir de quel bois je me chauffe, c'est-à-dire je lui ferai voir à quel homme il aura affaire.• Vous verrez de quel bois nous nous chauffons quand on s'attaque à ceux qui nous peuvent appartenir, MOL. G. Dand. I, 4.(voyez à l'historique un exemple qui fait comprendre cette locution).Nous ne nous chauffons pas du même bois, c'est-à-dire nous ne nous ressemblons pas, nous n'avons rien de commun.XIIIe s.• Cel jor s'est bien chaufée Berte delez le feu, Berte, LI.• L'en puet bien à festes où fours cuisent et estuves chaufent communement, s'uevre apareillier sanz tistre [tisser] et sanz ourdir, Liv. des mét. 390.XVe s.• Pour ce que le suppliant ne se pouvoit mettre à si grant et grosse rançon, lui chaufferent si fort et appreignirent les plantes des piés que les soles d'iceulx lui en sont cheutes, DU CANGE attidere.• Faites de l'eaue chaufer bien tost, la Nativité de N. S. J. C..XVIe s.• Trop chauffer cuit, trop parler nuit, JEAN D'AUTON Annales de Louis XII, ms. f° 119, dans LACURNE.• Que faictesvous ? que dites-vous ? brief de quel bois vous chauffez-vous ?, PASQUIER Lettres, t. I, p. 18, dans LACURNE.• Une partie des femmes s'amusent à chauffer leur bruvage, qui est leur principal office, MONT. I, 237.Picard, caufer ; provenç. calfar ; du latin calefacere, de cal, radical de calor, chaleur (voy. chaleur), et facere (voy. faire), par une formation irrégulière qui a transformé facere en far ou fer, de la 1re conjugaison ; autrement, le verbe serait chauffaire.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRECHAUFFER. Ajoutez :5° Chauffer des plantes, en hâter la végétation par la chaleur artificielle.Fig. Chauffer des élèves, leur appliquer des moyens d'instruction qui hâtent leurs acquisitions aux dépens du développement total.• Dans une classe composée en moyenne de 50 élèves, le professeur en soigne attentivement, en chauffe sept ou huit qui ont chance de réussir dans les compositions solennelles, MAXIME DU CAMP Rev. des Deux-Mondes, 15 fév. 1873, p. 809.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.