- chaperon
- (cha-pe-ron) s. m.1° Sorte de chape.• Les chaperons étaient autrefois des habits, comme ils le sont encore à présent, servant aux vieilles femmes en de certains pays, THIERS Hist. des perruques, ch. VI.2° Coiffure à bourrelet et à queue que portaient les hommes et les femmes ; s'est dit aussi d'une bande d'étoffe que les femmes attachaient sur leur tête.• Bien que d'un cabinet sortît un petit coeur Avec son chaperon...., RÉGNIER Sat. XI.• Quand autour du roi quelqu'un avalait [abaissait] son chaperon, les plus près du roi lui faisaient place, c'était une marque qu'il voulait parler au roi, SAINT-SIMON 73, 198.• Si tu voulais, Madeleine, Au lieu de la marjolaine Qui pare ton chaperon, Tu porterais la couronne, V. HUGO Ball. 9.• C'était une coiffure de tête qui avait un bourrelet sur le haut et une queue pendante sur l'épaule, que portaient les chevaliers de l'Étoile que le roi Jean institua, CHOISI Hist. du roi Jean, liv. IV, ch. 2, dans RICHELET.• Le chaperon était aussi autrefois une couverture de tête des ecclésiastiques ; mais il y a plus de deux cents ans qu'ils n'en portent plus à l'église, THIERS Hist. des perruques, ch. IV.3° Bourrelet circulaire à pendants d'étoffe garnis d'hermine que portent sur l'épaule gauche les gens de robe, docteurs, etc.L'ornement relevé en broderie, qui est au dos d'une chape.Terme de blason. Ancien habillement de tête en forme de capuchon.4° Fig. Personne âgée ou grave qui accompagne une jeune femme par bienséance, et comme pour répondre de sa conduite ; locution prise de ce que cette personne couvre, protége comme un chaperon. Elle a pour chaperon une vieille tante qui la suit partout.• Monseigneur répondit que lui et une dame d'honneur serviraient bien de chaperons [aux dames], SAINT-SIMON 275, 218.5° Terme de fauconnerie. Cuir dont on coiffe les oiseaux de leurre.Terme de sellier. Pièce de cuir qui recouvre les fourreaux des pistolets pour les garantir de la pluie.Terme d'architecture. Disposition en toit d'un mur de clôture pour prévenir les dégradations causées par la pluie.Terme d'art militaire. Petit toit qu'on place sur la lumière d'un canon.Terme de charpentier. Flache au droit d'une mortaise.6° Boîte de cartier.7° Terme d'agriculture. Fragment qui échappe au fléau et se retrouve lors du vannage.8° Terme d'imprimerie. Feuilles de tirage en surnombre pour remplacer les feuilles gâtées. On dit plutôt aujourd'hui, main de passe.Dans les imprimeries d'estampes, le dessus de la presse.Terme de papeterie. Égratignure au papier.9° Terme de botanique. Chaperon de moine, aconit napel.10° Les chaperons, nom des gens de Paris qui, au milieu du XIVe siècle, tenaient le parti de Marcel, prévôt des marchands, et s'opposaient à la rentrée du Dauphin.XIIe s.• Parlez à moi, sire au chaperon large, Li coronemens Looys, 468.XIIIe s.• Moult li avez mal despecié Son chaperon delez la joe, Ren. 6207.• De quel ordre volez vos estre, Qui rouge chaperon avez ?, ib. 10415.• Et par si grant devocion Faisoient leur confession, Que deux testes avoit ensemble En ung chaperon, ce me semble, la Rose, 12268.• Osteiz vos chaperons, tendeiz les oreilles, regardez mes herbes, RUTEB. 257.• Je voi si l'un vers l'autre tendre Qu'en un chaperon a deux testes, RUTEB. 194.• Dont [donc] fu li chaperons fors de son chief levés, Si a tiré sa barbe, cent poils en a osté, Ch. d'Ant. V, 835.• Et l'autre m'aporta un chaperon, que je mis en ma teste, JOINV. 240.XIVe s.• Se nous veons deux testes metre en un caperon, Nous leur dirons que c'est pour faire traïson, Baud. de Seb. VII, 351.• Quant le juges verra devant lui un bricon, Qui male cote aura et mauvais chaperon, ib. XII, 17.• Le faulcon doit avoir ung chaperon de bon cuir, bien faict et bien enfourné, affin qu'il tienne assez à sa teste, Modus, f° LXXVIII, verso.XVe s.• Et venoient aucunes fois aux murs et aux creneaux et les frottoient et passoient de leurs chaperons par depit, FROISS. I, I, 186.• Quand ils furent là venus, messire Agnos osta son chaperon tout jus, et les salua bellement l'un après l'autre, FROISS. I, I, 242.• Elles ne lui coustoient non plus que s'on les prenoit en la cornette de son chaperon, LOUIS XI Nouv. LXV.• Maintenant a trois ans ou environ, qu'une assez bonne aventure advint à un chaperon fourré du Parlement de Paris, LOUIS XI ib. LXVII.XVIe s.• Le chaperon d'une damoiselle, RAB. Garg. I, 13.• Il faisoit fort bonne chere à une femme de chambre à chaperon, qu'elle avoit, MARG. DE NAV. Nouv. LIX.• Mais pensez que ce ne fut pas sans lui donner dronos et chaperon de mesme [la rosser complétement], DESPER. Contes, LXII.• Il fait bon voir le bec de leurs chapprons antiques, DU BELLAY VI, 35, recto.• Faut qu'autour de la trepane [trépan] y ait un chaperon, à fin qu'elle ne puisse passer et couper l'os plus qu'on ne voudra, PARÉ VIII, 20.Provenç. capairo ; bas-lat. caparo, capero, capiro ; dérivé de capa (voy. chape).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.