- cesser
- (sè-sé)1° V. n. Mettre fin à, ne pas continuer, être dans l'inaction.• Je n'ai ni affaires ni loisir ; je ne fais rien et je ne cesse jamais, BALZ. I, 300.• Romains, souffrirez-vous qu'on vous immole un homme Sans qui Rome aujourd'hui cesserait d'être Rome ?, CORN. Hor. V, 3.• Le bruit cesse, on se retire, LA FONT. Fabl. I, 9.• Cessez donc de tenir un langage si vain, LA FONT. ib. IV, 3.• Il ne cesse de les rappeler à la pénitence, BOSSUET Hist. II, 4.• Cesse, cesse, et m'épargne un importun discours, RAC. Phèdre, IV, 2.• Joas ne cessera jamais de vous aimer, RAC. Ath. IV, 4.• Grand roi, cesse de vaincre, ou je cesse d'écrire, BOILEAU Ép. VIII.• Cesse donc à mes yeux d'étaler ur vain titre, BOILEAU Lutr. II.• Les orages Ont cessé de gronder sur ces heureux rivages, VOLT. Ériph. II, 3.• Le soleil se coucha ce jour-là à onze heures et se leva à deux, sans qu'on cessât de voir aussi clair qu'en plein midi, REGNARD Voy. de Laponie, t. IV, p. 264.• Ces bois ont repris leur verdure nouvelle ; L'orage en est cessé, l'air en est éclairci, MALH. V, 25.Faire cesser, mettre fin à. Faire cesser une querelle, les discordes, le tumulte, une révolte. La nuit fit cesser le combat.• Le même arrêt invita l'archevêque à faire cesser lui-même le scandale, VOLT. Louis XV, 36.2° V. a. Ne pas continuer. Cesser tout effort. Cessons nos plaintes.• Le généreux vainqueur a cessé le carnage, VOLT. Henr. VIII.• La Sorbonne menaçait de cesser ses leçons ; et le parlement, qui avait lui-même cessé ses fonctions plus importantes, ordonnait à la faculté de continuer les siennes, VOLT. Louis XV, 36.• Vous avez cessé vos désordres, mais vous ne les avez pas expiés, MASS. Car. Petit nombre des élus..1. Cesser se conjugue avec l'auxiliaire avoir, quand on veut marquer un fait : les plaintes ont cessé au moment que vous entriez ; avec l'auxiliaire être, quand on veut marquer un état qui persiste : les plaintes sont cessées depuis que vous êtes entré.• Et du Dieu d'Israël les fêtes sont cessées, RAC. Esth. I, 1.2. D'après Chifflet, cesser, v. n. commençait de son temps à être employé activement. On trouvera à l'historique un exemple d'Amyot et un de Marguerite où cesser est verbe actif.XIe s.• Gent paienor ne veulent cesser onque, Ch. de Rol. CLXXXVII.XIVe s.• Mais quant l'amisté est dissolue et cessée vers aucun, ORESME Eth. 265.• En dormant l'ame repose et cesse de toutes les operacions selon lesquelles elle est dite ou bonne ou malvaise, ORESME ib. 30.• Karenlouet l'oÿ, lors a dit sans cesser : Seigneur, or du biau faire ! il nous convient ouvrer, Guesclin. 14970.XVe s.• Et en tua lui et sa compagnie, ains qu'ils cessassent, plus de trois cents, FROISS. I, I. 43.• Et si tost qu'il en savoit en une ville, il ne cessoit jamais tant qu'il l'eust banni ou fait tuer sans deport, FROISS. I, I, 65.• Quand ce cri fut repandu parmi l'ost, tous se cesserent, FROISS. II, II, 215.• Il y eut plus de 600 chevaux qui toute la nuit ne cesserent de trotter par la ville pour trouver logis, car personne ne vouloit les loger, JUVÉNAL DES URSINS Charles VI, 1411.• Je me veulx cesser de parler de faitz d'angleterre, COMM. III, 7.XVIe s.• Cessent les armes, regnent les toges, RAB. Pant. III, 7.• Il convient cesser du labeur et soi repouser, RAB. ib. 15.• Advenant le prince, cesse le magistrat, RAB. ib. 47.• .... Ne que je cesse à louer ton haut nom, MAROT I, 225.• Il arreste la tempeste et la fait tenir coie, et fait cesser les vagues à ceux qui navigent, CALVIN Instit. 140.• Si la charrue cesse, et si la main rustique Oisive par les champs au labeur ne s'applique, DU BELLAY VIII, 46, verso..• Le très fort a commandé à la mer cesser ses ondes, MARG. Lett. 20.• Elle ne cessa de me prescher et faire envers moy l'office de reconfort, MARG. ib..• Le duc envoya deffendre à tous deux qu'ils ne passassent plus outre, ains qu'ils eussent à s'en cesser et deporter, M. DU BELLAY 199.• Il a cessé de vivre, MONT. I, 72.• Ils ne cessent jusques au dernier souspir de les braver et desfier, MONT. I, 244.• Encore seroit-il raisonnable que vous cessissiez le combat pour l'amour de nous, AMYOT Rom. 29.• S'il y avoit aucun qui n'y prist point de plaisir, il falloit seulement qu'il priast l'autre de s'en abstenir, et incontinent il cessoit, AMYOT Lyc. 19.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.