- cependant
- (se-pan-dan)1° Adv. Pendant cela, pendant ce temps-là, au moment même.• Sur cela il alla chercher ses livres, et je dis cependant à mon ami : y en a-t-il quelque autre qui parle comme lui ?, PASC. Prov. 4.• Allez, et cependant aux pieds de nos autels J'irai rendre pour vous grâces aux immortels, CORN. Hor. I, 4.• Rodrigue, cependant, il faut prendre les armes, CORN. Cid, V, 8.• Je m'en vais voir ce qu'elle me dira, cependant promenez-vous ici, MOL. Princ. d'Élide, III, 2.• Il cache un temps sa passion à l'objet aimé et cependant lui fait plusieurs visites, MOL. Précieuses, 5.• Vous reviendrez bientôt, je fais voeu cependant De dormir en vous attendant, LA FONT. Fabl. VII, 12.• Le premier jour de juin on continua les travaux à la sape, l'artillerie ruinant cependant les défenses des assiégés, RAC. Siége de Namur..• Que faisaient cependant nos braves janissaires ?, RAC. Baj. I, 1.• Vous cependant allez Disposer promptement vos amis assemblés, RAC. ib. IV, 6.• Vous, cependant ici veillez pour mon repos, RAC. Mithr. II, 5.2° Conjonction qui, par une transition à peine sensible, au lieu de pendant ce temps, prend un sens adversatif et est synonyme de néanmoins, pourtant, toutefois.• Quelqu'un aurait-il jamais cru Qu'un lion d'un rat eût affaire ? Cependant il avint...., LA FONT. Fabl. II, 11.• Si vous fussiez tombé, l'on s'en fût pris à moi, Cependant c'était votre faute, LA FONT. ib. V, 11.• Je crains Dieu, cher Abner, et n'ai point d'autre crainte ; Cependant je rends grâce au zèle officieux Qui sur tous mes périls vous fait ouvrir les yeux, RAC. Ath. I, 1.3° Cependant que, conjonct. Pendant que.• Sa lumière [du soleil] pâlit, sa couronne se cache ; Aussi n'en veut-il pas, cependant qu'on attache à celui [Jésus] qui l'a fait des épines au front, MALH. I, 4.• Cependant que Félix donne ordre au sacrifice, CORN. Poly. II, 1.• En sorte que le sien passe ici pour mon frère, Cependant que de l'autre il croit être le père, CORN. Hér. II, 1.• Cependant qu'insensible à ce qu'elle a d'appas, CORN. Sert. I, 1.• Cependant que chacune après cette tempête Songe à cacher aux yeux la honte de sa tête...., MOL. L'Étour. V, 14.• Cependant que mon front au Caucase pareil Brave l'effort de la tempête, LA FONT. Fabl. I, 22.• Cependant qu'ils sont en danger, LA FONT. ib. II, 13.Cependant que ne se dit plus qu'en poésie. En prose on dit pendant que.CEPENDANT, POURTANT, NÉANMOINS, TOUTEFOIS. Étymologiquement, cependant est pendant cela ; pourtant est pour une si grande chose ; néanmoins est nullement moins ; et toutefois est parmi toutes les fois. Il a bon visage, cependant il est malade ; pourtant il est malade ; néanmoins il est malade ; toutefois il est malade. L'interprétation étymologique est : 1° Bien que cela existe, il est malade ; 2° Pour bon que soit le visage, il est malade ; 3° Cela n'empêche pas, il est malade ; 4° En tout cas, vous direz ce que vous voudrez, il est malade. On a ici un exemple de synonymie complète dans le sens, bien que les idées qui entrent dans ces mots soient fort différentes. L'analyse des quatre mots est certaine, et malgré cela on ne voit pas de raison pour employer l'un plutôt que l'autre.XVe s.• Ce pendant que ledit duc mist à venir, COMM. III, 10.• Et, en ce temps pendant, la fille s'accoucha, LOUIS XI Nouv. XIV.XVIe s.• Combien qu'ils ayent tousjours ce mot en la bouche, cependant neantmoins ils monstrent en quelle estime ils en ont l'usage, CALVIN Instit. 186.• En ce pendant arriva le seigneur de Langey vers le Roy, M. DU BELLAY 444.• Cependant [en attendant la mort] s'empescher du pensement de chose si esloingnée, ce seroit folie, MONT. I, 73.• Bebius, ce pendant qu'il...., MONT. I, 74.• Cependant que l'empereur sejournoit à Cologne, le pape recommença de plus belle à...., SLEIDAN 30.Ce et pendant, mot à mot, cependant, cela étant pendant, en suspens.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRECEPENDANT. Ajoutez : - REM. Non-seulement Régnier a séparé ce de pendant, mais encore il a mis entre les deux le mot temps : Jeanne, ce temps pendant, me faisait un sermon, Sat. XI. Cela n'est plus usité.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.