- carnage
- (kar-na-j') s. m.1° Massacre, tuerie.• Remets dans ton esprit, après tant de carnages, De tes proscriptions les sanglantes images, CORN. Cinna, IV, 3.• Sylla fit des carnages effroyables et traita durement le peuple, BOSSUET Hist. III, 7.• Sapor fit un effroyable carnage des chrétiens, BOSSUET Avert. 5.• Il y eut beaucoup de carnage des ennemis, PELLISSON II, 153.• Cieux, éclairerez-vous cet horrible carnage ?, RAC. Esth. I, 3.• Déjà de traits en l'air s'élevait un nuage, Déjà coulait le sang, prémices du carnage, RAC. Iph. V, 6.• Un poignard à la main, l'implacable Athalie Au carnage animait ses barbares soldats, RAC. Athal. I, 2.• Quel carnage de toutes parts ! On égorge à la fois les enfants, les vieillards, Et la soeur et le frère, Et la fille et la mère, RAC. Esth. I, 5.• La gent maudite aussitôt poursuivit Tous les pigeons, en fit ample carnage, LA FONT. Fab. VII, 8.• Il [Moïse] est préservé du carnage général des enfants de sa nation, MASS. Conf. Amb. des clercs..2° Se dit aussi de la façon de se nourrir des bêtes féroces.• Jamais de liberté, ni pour les pâturages, Ni d'autre part [des loups] pour les carnages, LA FONT. Fab. III, 13.3° Terme de chasse. Action des chiens qui dévorent un animal.4° Terme d'équarisseur. Toute espèce de charogne.XIIIe s.• Nus ne puet ne ne doit ouvrer en charnage puis vespres sonans, au dit mestier, ne en quaresme, puis complie sonant, Livre des métiers, 48.• En charnage le vendredi, RUTEB. II, 176.XVe s.• Car karesme vient et commande à charnaige, tant qu'on le mande, Que pour ung temps se tire arriere, CH. D'ORL. Rondeau..XVIe s.• Qui faict le loup sortir du bois ? default de carnaige, RAB. Pant. III, 14.• Retournez au logis, braves de la conqueste, Le muffle ensanglanté, le corps navré de coups, Ou vous serez ce soir le carnage des loups, RONS. 670.Picard, carnage, temps où l'on mange de la viande ; provenç. carnatge ; anc. espagn. carnage ; portug. carnagem ; ital. carnaggio, tas de chair ; du bas-lat. carnaticum, tas de chair, temps où l'on mange de la chair, de caro, carnis, chair (voy. chair) ; de là le sens de boucherie et tuerie.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.