- buste
- (bu-st') s. m.1° Ouvrage de sculpture qui représente la tête et la partie supérieure du corps d'une personne sans les bras. Un buste de plâtre, de marbre.• ....Et quand il s'aperçoit Que leur fait n'est que bonne mine, Il leur applique un mot qu'un buste de héros Lui fit dire fort à propos, LA FONT. Fabl. IV, 14.• Qu'un ramoneur y vende [à Paris] Mon buste pour six liards, BÉRANG. J. de Paris..En peinture, ouvrage qui représente le haut du corps. Il s'est fait peindre en buste.2° La partie supérieure du corps d'une personne. Cet homme a un très beau buste.3° Poétiquement, armure de fer qui couvre la poitrine.• Ils ne se cachent pas sous ces bustes d'acier, Des anciens chevaliers ornement honorable, VOLT. Henr. X..4° Terme de commerce. Boîte de sapin pour conserver le raisin de Damas.XIe s.• Dessur le buc la teste perdre [il] en deit, Ch. de Rol. CCXXXVIII.XIIe s.• Dex ! tantes testes [ils] sevrerent de leur buz, Ronc. p. 80.• Par mi le piz [il] fu larges, adougiez par le bu, Sax. XXVIII.• Voir ! dist Raous, il te convient fenir, à ceste espée le chief del bu partir, Raoul de C. 118.• Devers senestre est li cols [coup] descendu ; Par grant engien li a cerchié le bu ; Del bras senestre li a le poinz tolu, ib. 112.• À maint [ils] ont en dormant le chef sevré de bru, Rou. ms. p. 45, dans LACURNE.XIVe s.• Et puis après arez le chief du bu sevré, Guesclin, 17007.Rouchi, busch, buste ; provenç. busts ; espagn. et ital. busto. Mot très difficile. Le français moderne vient sans doute de l'italien ; mais l'italien à son tour est-il le même que l'ancien français bu, qui signifie le tronc du corps ? Diez propose, d'après Ferrari, l'italien fusto, et en français fût, de fustis, bâton, par un changement de f en b, dont l'italien offre des exemples ; mais alors il faudrait que le mot fût venu de l'italien dans les autres langues romanes : ce qui fait difficulté. Il faut remarquer que le provençal et le français ont chacun deux formes, celle qui est citée ici, et une forme avec r : en provençal, bruc, brusc, brut ; en français, bru (Qui mameles, brus et costez Lor derompoient à dolor, BENOÎT, Chr. de Norm. t. II, p. 421, XIIe siècle). Pour la forme sans r, Grandgagnage a proposé le scandinave bûkr, tronc d'arbre, appuyé sur le wallon boge, s. m. tronc d'arbre, le namurois buc ; ce qui pour le sens est bon ; Diez, de son côté, propose le bas-latin busta, bustula, coffre, avec changement de genre et par assimilation du tronc du corps à un coffre. Pour la forme avec r, on a mis en avant l'allemand Brust, poitrine ; à quoi Diez objecte que le mot aurait été brust et non bru en français, et brusc en provençal ; et il indique l'ancien haut allemand bruch, bruht, fragment ; ce qui répondrait exactement à tronc (du corps). En examinant attentivement toutes ces formes, on en distingue trois le français bu ; le provençal et l'italien qui ont st ; et enfin bru, bruc, brusc. Dans l'état actuel des recherches étymologiques, il serait scabreux soit d'identifier ces trois formes, soit de les rapporter chacune à un radical séparé. On notera seulement que le provençal a brusc et buc, pour signifier ruche ; ce qui, prouvant qu'une r peut se supprimer, servirait peut-être à établir un rapprochement entre la forme sans r et la forme avec r, et qui, signifiant ruche, coffre, pourrait avoir pris l'acception de tronc du corps. On remarquera aussi que le commerce a gardé buste avec la signification de coffre.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.