- boutique
- (bou-ti-k') s. f.1° Lieu où un marchand vend sa marchandise. Grande et belle boutique. Louer une boutique. Fille de boutique, garçon de boutique, courtaud de boutique. S'établir ou se mettre en boutique. Avoir ou tenir boutique.• Toutes les boutiques sont tendues [à Paris] de filets invisibles où se vont prendre tous les acheteurs, MONTESQ. Lettres pers. 58.• En vain contre ce flot d'aversion publique Vous tiendrez quelque temps ferme sur la boutique ; Vous irez à la fin, honteusement exclus, Trouver au magasin Pyrame et Régulus, BOILEAU A ses vers, Ep. X..• Et Gombaud tant loué garde encor la boutique, BOILEAU Art p. IV.• Les uns y tiennent boutique et ne songent qu'à leur profit, J. J. ROUSS. Ém. IV.Fonds de boutique, les marchandises qui sont depuis longtemps dans une boutique.Ouvrir boutique, commencer un commerce en boutique. Fermer boutique, cesser son commerce ; et fig. quitter une profession.Faire de son corps une boutique d'apothicaire, prendre des remèdes à tout propos, sans raison.2° Lieu où un artisan travaille. Boutique de tailleur, de cordonnier, de menuisier.• J. -C. passe trente ans de sa vie dans la boutique d'un artisan, FÉN. XVIII, 246.3° Ensemble des marchandises qui sont dans une boutique, des outils d'un artisan, et, en général, d'ustensiles servant à quoi que ce soit.• Son chauffe-cire [du garde des sceaux] et sa boutique étaient dans une chambre à part, SAINT-SIMON 513, 38.4° Tout endroit où quelque chose se fait.Fig. Ce pamphlet sort d'une boutique que l'on connaît. C'est un intrigant, il tient boutique de philanthropie.• J'en voudrais.... tenir boutique ouverte, RÉGNIER Ép. II.• Moi qui ne lève point boutique de philosophie, SÉV. 583.• C'en était plus qu'il n'en fallait pour persuader M. de Paris que ce livre était sorti de leur boutique [des Jésuites], SAINT-SIMON 65, 77.• Il [Tonnerre] était fort mal dans cette petite cour par ses bons mots ; il lui avait échappé de dire qu'il ne savait ce qu'il faisait dans cette boutique, SAINT-SIMON 24, 530.5° Bateau de pêcheur pour conserver le poisson.6° Gaîne de bois ou de cuir qui contient les outils du boucher.Boîte des merciers ambulants.7° Populairement, maison où les domestiques sont mal nourris ou mal payés.Par antiphrase, boutique d'honneur, maison de débauche.XIVe s.• Item que toutes filles de vie ou femmes communes diffamées voisent [aillent] tenir, tiennent et facent leurs bouticles ès lieux à ce ordonnés, DU CANGE botigia..XVIe s.• Tigres, lyons, ours, serpens, basilicques Sont plus humains en leurs creux et bouticques Que ces vilains quant entrent en leur rage, J. MAROT V, 70.• Bourgeoys, marchans, et peuples mechaniques Sont tous perplex en leurs bancs et boutiques, J. MAROT V, 75.• Ainsi est Rome la boutique fatale, où se sont forgez les glaives d'occision, qui ont jadis respandu tant de sang, LANOUE 58.• Davantage ce seroyent des boutiques [réserves] d'où se tireroyent les capitaines d'infanterie, LANOUE 266.• Les guerres civiles sont les boutiques de toutes meschancetez, LANOUE 708.• Valets et gens de boutique, CARL. V, 32.• On les peut longuement garder [les murènes] dedans les viviers et boutiques pour s'en servir en temps, PARÉ XXIII, 39.• Qui tient boutique doit parler à chacun, COTGRAVE .• La grande boutique, le palais où l'on plaide ; un de la grande boutique, un avocat, OUDIN .Bourguig. bouticle ; provenç. botiga ; espagn. botica ; ital. bottega ; napolit. potega ; sicilien, putiga ; du latin apotheca ; du grec ; latin ab, et verbe grec signifiant mettre (voy. thèse) : mot à mot mise en réserve. Ce mot est venu d'Italie, comme le porte à croire l'apocope de l'a.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.