- étrangler
- (é-tran-glé) v. a.1° Faire perdre la respiration ou la vie en pressant le gosier avec force ou en l'obstruant. Un os l'a étranglé.• Sinon, il consentait d'être en place publique Guindé, la hart au col, étranglé court et net, LA FONT. Fabl. VI, 19.Par exagération. Étrangler quelqu'un, le maltraiter, le châtier.• Ah ! maraud, il faut que je t'étrangle, HAUTEROCHE le Cocher, sc. 19.• Mercure à Caron : Pour Mycène, Cléone et Troie, j'ai honte de te les montrer ; car je sais qu'à ton retour tu étrangleras Homère d'en avoir parlé si hyperboliquement, D'ABLANCOURT Lucien, Caron ou le Contemplateur.• Je l'étranglerais de mes propres mains, s'il fallait qu'elle forlignât de l'honnêteté de sa mère, MOL. G. Dandin, I, 4.Fig. J'ai un mot qui m'étrangle, c'est-à-dire je ne puis m'empêcher de le dire.2° Familièrement. Causer la ruine.• On a révoqué les édits qui nous étranglaient dans notre province, SÉV. 80.3° Ne pas donner à une chose la largeur nécessaire. Étrangler un corridor.Terme de marine. Se dit en parlant de tours de cordage dont on rapproche les cordons vers le milieu par une bridure.Rétrécir l'orifice d'une cartouche en la serrant avec une ficelle.Terme militaire. Étrangler les bastions, faire une ronde sans visiter réellement les bastions et en passant seulement sur la gorge.4° Terme de littérature. Ne pas donner à un sujet l'étendue et les développements qu'il exige. Il a étranglé son sujet, sa scène.• Je ne fais qu'effleurer ces chapitres, et j'étrangle toutes mes pensées, SÉV. 264.Étrangler une affaire, l'expédier trop promptement et sans l'avoir bien examinée.• On voulait non pas hâter, mais étrangler l'affaire, BOSSUET Lett. quiét. Mém. à Louis XIV.• Novion et M. de Luxembourg crurent pouvoir profiter de l'état, prêt à être jugé, où le procès en était demeuré, et résolurent de l'étrangler à l'improviste, SAINT-SIMON 17, 196.5° V. n. Éprouver ce qu'on éprouve quand quelqu'un nous étrangle. Secourez-moi, j'étrangle.Étrangler de soif, avoir grand'soif.• Je m'appelle Frontin, je suis garçon, je n'ai pas le sou, j'étrangle de soif, je suis las comme un chien, PONT DE VESLE Somnamb. sc. 2.6° S'étrangler, v. réfl. S'ôter la vie par l'étranglement. Il s'étrangla dans la prison.Se prendre réciproquement à la gorge.• Pour un mot quelquefois vous vous étranglez tous ; Ne vous êtes-vous pas l'un à l'autre des loups ?, LA FONT. Fabl. XII, 1.Se faire mal à la gorge. Cette femme s'est étranglée à force de crier.S'étrangler, avaler de travers, c'est-à-dire avaler de manière que la substance avalée vient toucher l'ouverture de la glotte ou même s'y engager.XIIe s.• Li pastre deit.... l'oeille [la brebis] malade sur l'espaule porter ; Ne la deit pas laissier al larrun estrangler, Th. le mart. 29.XIIIe s.• Et après, quant il vit ce, si l'estrangla, et fist dire partout que il estoit mort de sa mort, VILLEH. XCVIII.• Et cil par la gorge l'aert [le saisit], à deus poins l'estraint, si l'estrangle, Si li a tolue la jangle [le babil], la Rose, 12569.XIVe s.• Li lions qui gardoit le sanc nostre Signour, Les estranla tous deus, s'en eurent dou piour [du pire], Baud. de Seb. VI, 241.XVIe s.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.