- éreinter
- (é-rin-té) v. a.1° Rompre ou fouler les reins, et, par extension, battre, rosser. On l'a éreinté.2° Familièrement, excéder de fatigue. Il éreinte tous ses employés.3° Fig. Faire perdre le crédit, la réputation, etc.• Montjeu avait la protection de M. Fouquet.... la chute de M. Fouquet l'éreinta, SAINT-SIMON 14, 134.• Le chancelier demeura mal avec Mme de Maintenon, qui peu à peu avec les jésuites l'éreintèrent auprès du roi, SAINT-SIMON 114, 246.Éreinter quelqu'un, le maltraiter excessivement dans une feuille publique, dans un compte rendu.4° Terme de sculpture. Défaire, gâter, détruire une étude en terre faite d'après le modèle.5° S'éreinter, v. réfl. Se donner un tour de rein. Il fit un si grand effort qu'il s'éreinta.Se fatiguer excessivement. Chaque jour je m'éreinte à ce travail.Fig. Se maltraiter l'un l'autre par la critique. Ces journalistes se sont éreintés réciproquement.XVIe s.• Il disoit que c'estoit une eloquence cassée et esrenée, MONT. II, 108.• ....S'ils portent le harnais Une heure sur le dos, ils ont l'eschine arnée, Et en lieu d'un roussin prennent la haquenée, RONS. 857.É- pour es- préfixe, et rein ; bourguig. erenai, errenai ; Berry, ereiner, érener, erner. La forme ancienne erener, qui est aussi celle des patois, est plus conforme à l'étymologie ; rien en effet dans ce mot ne justifie le t moderne.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.