- érailler
- (é-râ-llé, ll mouillées, et non é-râ-yé) v. a.1° Relâcher, séparer, en parlant du tissu des étoffes. Érailler du satin.2° S'érailler, v. réfl. Devenir éraillé. La soie est sujette à s'érailler. Des yeux qui s'étaient éraillés.XVIe s.• Ectropion : oeil eraillé, quand la paupiere inferieure par cicatrice, ou autre occasion, se renverse et ne peut couvrir son blanc, PARÉ XV, 5.Érailler se dit dans le wallon arâï, que l'on tire de râï, arracher ; raï est la forme wallone correspondant à l'ancien français rachier, qui est demeuré dans arracher et qui vient du latin radicare ; mais cette étymologie ne peut convenir à la forme française, parce qu'elle ne rend pas compte de ill et de la disparition de ch. Scheler la tire d'un type latin eradulare, dérivé de eradere ; mais il faut plutôt y voir un composé de es, et du latin rallum, racloir.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREÉRAILLER. - HIST. Ajoutez : XIIIe s. [Le diable] Mautalentis, chaus et boulans, Erraailliez et reboulans, Noirs et cornus, lais et couez [muni d'une queue], GAUTIER DE COINSY, les Miracles de la sainte Vierge, p. 113 (l'abbé Poquet).Ajoutez : M. Boucherie, Rev. des langues romanes, oct. 1873, p. 542, développant la conjecture de M. Scheler, le tire de exradiculare, formé de radere, comme fodiculare, lequel a donné fouiller, est formé de fodere. à cette conjecture, on est en droit d'opposer l'exemple nouvellement trouvé et cité ci-dessus, où érailler est écrit erraailler, en quatre syllabes. C'est le plus ancien texte qu'on ait pour ce mot. Mais peut-être l'autorité de Gautier de Coinsy n'est-elle pas assez grande pour écarter une étymologie qui, rendant compte de ce mot composé, est très plausible. En tout cas, on remarquera que érailler et railler sont un même mot, et que l'étymologie radiculare convient aussi à ce dernier.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.