- égalité
- (é-ga-li-té) s. f.1° Qualité de ce qui est égal. Égalité de deux lignes, de deux angles. Égalité d'âge, de mérite.• Mon exemple et sa faute ont peu d'égalité, CORN. Oedipe, I, 5.• Car enfin, madame, puisque votre exemple m'autorise, je ne feindrai point de vous dire que l'amour aujourd'hui s'est rendu maître de mon coeur.... je suis ravi, madame, que par cette égalité de défaite nous n'ayons rien à nous reprocher l'un à l'autre, MOL. la Princ. d'Él. IV, 1.• L'égalité des possessions et des richesses.... entraîne une anarchie universelle, LA BRUY. XVI.• Trois cents chevaliers des plus considérables qui servissent d'assesseurs au sénat et qui jugeassent toutes les affaires avec une égalité de suffrages et de pouvoir, VERTOT Révol. rom. IX, p. 334.• Il n'y a dans la nature qu'une égalité de droit, et jamais une égalité de fait, RAYNAL Hist. XVIII, 1.À égalité, si les choses dont on parle sont égales. à égalité de prix, je préfère cette étoffe-ci. à égalité de mérite.2° Absolument. État de conditions égales. L'égalité entre frères n'existait pas quand l'aîné avait toute la fortune. L'amitié demande l'égalité.• L'égalité, mon frère, en est [de l'amitié] le ferme appui, C'en est le fondement, la liaison, le gage, CORN. Rodog. I, 5.• Mon coeur, plus incapable encor de vanité, Ne ferait point de choix que dans l'égalité, CORN. Théod. II, 2.• Et tous ces rois de nom en effet obéissent, Tandis que de leur rang l'inutile fierté S'applaudit d'une vaine et fausse égalité, CORN. Sertor. II, 1.• L'amour sait bien sans sceptre établir sa puissance, Et, soumettant nos coeurs par de secrets appas, Fait les égalités et ne les cherche pas, ROTROU Venceslas, II, 2.• Dans notre égalité nous chérissons nos frères, VOLT. Fanat. I, 2.L'égalité devant la loi, condition d'après laquelle tous les citoyens sont sujets de la loi, sans exception ni privilége.Organisation sociale dans laquelle tous les priviléges de classes sont détruits. Liberté, égalité, fraternité, devise politique.• Mais il parle d'égalité, De mes parchemins il se raille, BÉRANG. Prétint..3° Uniformité. L'égalité du mouvement. L'égalité du pouls, de la respiration.4° Égalité d'humeur, ou, simplement, égalité, modération que ne trouble aucune impatience.• Voyez quelle assurance en cet oeil effronté ! Quel superbe maintien et quelle égalité !, ROTROU Antig. IV, 3.• Or cette égalité dont se forme le sage, Qui jamais moins que l'homme en a connu l'usage ?, BOILEAU Sat. VIII.• L'égalité d'humeur fut toujours mon partage, LACHAUSSÉE Mélanide, I, 4.• Les qualités de son âme, la franchise et l'égalité naturelle de son caractère, CONDORCET Bertin..5° Superficie plane et unie. L'égalité du sol.6° Terme d'algèbre. Synonyme assez peu usité d'équation.• Celui-ci ne saura pas si l'âme est immortelle ; il serait peut-être bien empêché à vous prouver qu'il y a un Dieu, et il vous réduira les égalités de l'algèbre les plus composées avec une facilité surprenante, MALEBR. Entret. métaph. V.Terme d'astronomie. Cercle d'égalité, voy. équant.7° Jeu qui se joue avec trois dés et un tableau divisé en six cases.XIIIe s.• Tous les met [nature] en equalité Quant à l'estat d'umanité, la Rose, 18990.• Droiz est art de bien et de igauté, Livre de Just. 1.XIVe s.• Sans monoie ne pourroit il le monde bonnement estre gouverné, ne faire droite egauté à chacun de ce qui est sien, Ordonn. des rois de France, t. II, p. 340.• Souveraine egauté, BERCHEURE f° 61.XVe s.• Trois chaisnes tendues sur la riviere, la premiere demy pied dedans l'eau, la seconde en l'egalité de l'eau, et la troisieme deux pieds dessus, MONSTREL. t. I, f° 268, dans LACURNE.XVIe s.• L'equalité est la premiere piece de l'equité, MONT. I, 87.• Nous verrions reluire en sa vie une equalité de moeurs, MONT. II, 4.Provenç. engaltat ; catal. igualat ; espagn. igualdad ; ital. ugualità ; du latin aequalitatem, d'aequalis, égal.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREÉGALITÉ. Ajoutez :8° Mettre en égalité, mettre sur le même pied, ne pas faire de différence.• La preuve, madame, que je n'ai point voulu mettre en égalité votre amie et vous, est que...., J. J. ROUSS. Lett. à Mme Latour, éd. Musset-Pathay, t. XIX, p. 291.9° Terme de turf. Un cheval est coté égalité, quand ses adversaires n'osent pas engager contre lui une somme supérieure à celle qui est pariée par ses partisans.Ajoutez : XIIe s.• Li anrme [l'âme] ki doit eissir reconoist alsiment ceaz [ceux] avec lesqueiz por l'engueileteit des culpes u encor por l'engueileteit des lowiers en une manandie [demeure] doit estre astaleie [installée], li Dialoge Gregoire lo pape, 1876, p. 240.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.