- échafaud
- (é-cha-fô ; le d ne se lie pas : un écha-fô élevé ; au pluriel, l's se lie : <
s. m. 1° Assemblage de pièces de bois formant un plancher élevé sur lequel travaillent les ouvriers en bâtiment.Fig.• Si chaque jour ajoute à l'immensité des sciences, chaque jour les rend plus faciles, les méthodes se multiplient avec les découvertes, l'échafaud s'élève avec l'édifice, TURGOT 2e Disc. en Sorbonne..• Les pièces justificatives sont l'échafaud avec lequel on bâtit, mais l'échafaud ne doit plus paraître quand on a construit l'édifice, VOLT. Lett. Schouvalof, 14 nov. 1761.2° Estrade de laquelle on voit un cortége, une cérémonie.• Si l'on attend une entrée, il a sa place sur un échafaud, LA BRUY. VII.• Les échafauds étaient déjà dressés tout autour, et déjà les personnes les plus curieuses commençaient à s'y placer, LESAGE Diable boiteux, ch. VIII.Par extension et plaisanterie, l'estrade sur laquelle jouent les comédiens.• Je conclus donc, et je conclus bien qu'il faut faire imprimer sa drogue [une pièce] ; ensuite les comédiens donnent notre orviétan sur leur échafaud, s'ils le veulent ou s'ils peuvent, VOLT. Lett. Chabanon, 22 déc. 1766.3° Plancher élevé pour l'exposition ou l'exécution des criminels. C'est une nature perverse, il finira sur l'échafaud.• Je demande sa mort.... Non pas au lit d'honneur, mais sur un échafaud, CORN. Cid, IV, 5.• Adieu, sur l'échafaud portez le coeur d'un prince, ROTROU Vencesl. V, 4.• Le crime fait la honte et non pas l'échafaud, TH. CORN. Essex, IV, 5.• Dans trois jours nous verrons le phénix des guerriers Laisser sur l'échafaud sa tête et ses lauriers, BOILEAU Sat. XI.• Ces disciples ont abandonné Jésus-Christ pendant sa vie.... et ils le confesseront sur les échafauds après sa mort, MASS. Myst. Résurrect..• Au pied de l'échafaud j'essaie encor ma lyre, A. CHÉNIER 271.• J'ai cru voir dans un songe horrible Un échafaud dressé pour moi, BÉRANG. M. Stuart..4° Terme de marine. Grand treillis de bois sur lequel on fait sécher la morue à Terre-Neuve. Beaucoup de marins disent chafaud.XIIIe s.• Genius, sans plus terme metre, S'est lors, por miex [mieux] lire la letre, Selon les faiz devant contés, Sor un grant eschafaut montés, la Rose, 19794.• Je aloie en la chapelle le roy, et trouvai le roy qui estoit monté en l'eschafaut au reliques, et fesoit aporter la vraie croiz aval, JOINV. 299.• Ou chafaut que l'on ot establi, JOINV. 303.XVe s.• Et avoit, sur l'un des lez des lices, faits grands escharfaulx, pour les seigneurs voir la bataille des deux champions, FROISS. II, III, 49.• Tous les jeunes et nouveaux chevaliers [seoient] dessous [le roi] sur bas eschafauds couverts de draps d'or, FROISS. II, II, 74.XVIe s.• Il monta à un echafaut du cinquieme estage pour voir travailler ses ouvriers, D'AUB. Vie, CXLVI.• À combien de sortes d'esprits doit satisfaire celui qui expose son talent sur un eschaffaut si élevé, où il a pour spectateurs l'univers, autant de juges que de lecteurs, D'AUB. Hist. préf. 3.• [Élisabeth] fut menée de la prison au palais et de l'eschaffaut au throsne, D'AUB. Hist. I, 18.• Les poetes tragiques, du chafault où ils jouoient leurs tragedies, espandirent plusieurs paroles injurieuses contre luy, AMYOT Thésée, 18.• Qui feit monter Neron sur l'echafaud avec une masque sur le visage et des brodequins aux jambes, ne furent-ce pas les louanges des flatteurs ?, AMYOT Comment discerner, etc. 24.• Quand je voy ung François escripre en grec ou en latin, il me semble que je voy ung masson vestu des habits de philosophe ou de roy qui veult reciter une farce sur les chaufaux de la bazoche, THORY Champfleury, dans JAUBERT, Gloss..Saintong. chafaud ; Berry, châfaud, chaufaud ; en certaines parties de la Bourgogne, chafaud, grenier à foin ; provenç. cadafalc ; anc. catal. cadafal ; espagn. cadalso ; portug. cadafalso ; ital. catafalco ; bas-lat. scafaldus, scadafaltum ; angl. scaffot. La série des formes conduit à un radical falt ou fald, conjoint à un préfixe qui, bien que très altéré, laisse voir cada ou cata ; c'est donc le même que catafalque.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREÉCHAFAUD. - HIST. Ajoutez : XIIe s.• En plosors leus ot forteresces, Buens eschaiphals, bones bretesches, BENOIT Roman de Troie, V. 3003.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.